Décision du Comité intergouvernemental : 15.COM 8.d.2

Le Comité,

  1. Rappelant l’article 23 de la Convention ainsi que le chapitre I.4 des Directives opérationnelles relatifs à l’admissibilité et aux critères des demandes d’assistance internationale,
  2. Ayant examiné le document LHE/20/15.COM/8.d ainsi que la demande d’assistance internationale n  01498 soumise par le Malawi,

  3. Prend note que le Malawi a demandé une assistance internationale pour le projet intitulé La sauvegarde de la ludodiversité du Malawi par l’éducation non formelle et la transmission par les communautés:

L’objectif général de ce projet, qui sera mis en œuvre par la Commission nationale du Malawi pour l’UNESCO, est de contribuer à la sauvegarde de la ludodiversité du Malawi par l’éducation non formelle et la transmission par les communautés. En 2013, un inventaire sur la ludodiversité du Malawi a été réalisé par des praticiens avec l’aide d’experts du patrimoine vivant. Il a permis d’inventorier trente-deux jeux traditionnels et de développer un plan de sauvegarde. Ce projet d’une durée de trente-six mois vise à sauvegarder la ludodiversité à travers l’apprentissage non formel de neuf de ces jeux traditionnels et leur transmission informelle par les praticiens et au sein de leurs communautés. Plus précisément, le projet s’articule autour des objectifs suivants : consultations auprès des communautés pratiquant les mêmes types de jeux, des experts du développement des sports tenant le rôle d’observateurs afin de parvenir à un consensus sur les règles et règlements généraux des jeux ; la publication d’un manuel présentant ces règles et règlements et la distribution de 2 000 exemplaires dans les établissements de formation des enseignants, les bibliothèques des communautés et les écoles ; la formation d’enseignants et d’élèves des écoles primaires locales par le biais d’un apprentissage auprès de praticiens des communautés ; et l’organisation du premier festival annuel régional consacré aux jeux traditionnels par les communautés de praticiens. Reposant sur une participation active des communautés concernées, le projet devrait renforcer les capacités en matière de documentation, de gestion et de promotion du patrimoine vivant mais aussi les capacités du Comité national du patrimoine culturel immatériel en matière de coordination de la participation des communautés, groupes et individus concernés.

  1. Prend note en outre que cette assistance concerne l’appui à un projet mis en œuvre au niveau national, conformément à l’article 20 (c) de la Convention, et qu’elle prend la forme de l’octroi d’un don, conformément à l’article 21 (g) de la Convention ;
  2. Prend également note que le Malawi a demandé une allocation d’un montant de 347 164 dollars des États-Unis du Fonds du patrimoine culturel immatériel pour la mise en œuvre de ce projet ;

  3. Estime que, d’après les informations contenues dans le dossier, la demande satisfait aux critères d’octroi de l’assistance internationale énoncés aux paragraphes 10 et 12 des Directives opérationnelles comme suit :

Critère A.1 : Les activités du projet s’articulent autour des communautés concernées. La demande décrit précisément la manière dont les chefs traditionnels, les jeunes, les enseignants, les techniciens de l’audiovisuel, les chercheurs et les praticiens des jeux traditionnels participeront activement à toutes les étapes du projet. Elle fournit également des informations sur l’implication d’organisations des communautés telles que la Fondation Nsikwa, qui vise à populariser le jeu nsikwa, et l’Association Mbalika, qui vise à populariser le jeu mbalika. Ces organisations se sont appuyées sur leurs réseaux pour atteindre des zones où certains jeux traditionnels étaient encore pratiqués.

Critère A.2 : L’État partie a détaillé la plupart des dépenses liées aux activités mentionnées dans la demande. Toutefois, la répartition du budget suscite quelques interrogations. En effet, elle prévoit que la majeure partie des fonds soit dédiée à l’organisation du festival consacré aux jeux traditionnels. En outre, le dossier n’explique pas assez clairement comment seraient couverts les frais engagés par les communautés pour la mise en œuvre du projet. Il y a par ailleurs quelques incohérences entre le calendrier joint au dossier et la description des activités.

Critère A.3 : Le projet a pour objectif de sauvegarder neuf jeux traditionnels en mettant en place des études, des travaux documentaires, des sessions d’apprentissage, des groupes de praticiens et des activités de sensibilisation. Les activités proposées pour atteindre les objectifs du projet semblent bien conçues et réalisables. Cela s’explique peut-être par le fait que ce projet découle d’activités actuellement menées dans le domaine de la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel avec le soutien de l’UNESCO et la participation de diverses parties prenantes.

Critère A.4 : La demande indique que les documents produits dans le cadre du projet seront mis à la disposition des communautés par les chefs traditionnels, les bibliothèques des communautés et les écoles. L’expérience acquise par les jeunes sur le terrain pourra être utilisée pour mener un travail documentaire plus approfondi sur le patrimoine culturel immatériel, si nécessaire. Néanmoins, aucun argument convaincant ne démontre que les résultats du projet, comme l’organisation du festival, pourront durer au-delà de la période de financement.

Critère A.5 : L’État partie prévoit de fournir quatre pour cent du montant total du projet pour lequel une assistance internationale est demandée au Fonds du patrimoine culturel immatériel.

Critère A.6 : Pendant la mise en œuvre du projet, différentes méthodes seront adoptées pour renforcer les capacités des communautés (chefs traditionnels, praticiens, enseignants et jeunes). Il s’agit notamment de leur capacité à documenter, transmettre et faire connaître leur patrimoine culturel immatériel, mais aussi de leur capacité à gérer des programmes de sauvegarde. Les capacités des chercheurs, techniciens de l’audiovisuel, médias, fonctionnaires en matière de documentation, de gestion et de promotion du patrimoine vivant, entre autres, seront également améliorées. Enfin, le projet permettra de développer les capacités des parties prenantes concernées – y compris les organisations non gouvernementales – pour la coordination des efforts de sauvegarde au moyen d’une approche participative.

Critère A.7 : Le Malawi a bénéficié d’une assistance internationale du Fonds du patrimoine culturel immatériel à trois reprises, pour les projets intitulés « La sauvegarde des proverbes et contes populaires des Nkhonde, Tumbuka et Chewa » (dossier n  01060, 2015-2017, 90 533 dollars des États-Unis) et « Élaboration d’un inventaire du patrimoine immatériel du Malawi » (dossier n  00609, 2012-2013, 24 947 dollars des États-Unis) ; ainsi que pour le projet en cours intitulé « Sauvegarder le PCI au Malawi par la transmission et l’apprentissage non formel » (dossier n  01530, 2019-2021, 91 860 dollars des États-Unis). Le travail décrit dans les contrats relatifs à ces projets a jusqu’à présent été effectué conformément aux réglementations de l’UNESCO.

Paragraphe 10(a) : Le projet est de portée nationale, la Commission nationale du Malawi jouant un rôle crucial pour la gestion de ses aspects financiers et administratifs. La demande décrit les rôles assignés aux différents acteurs/partenaires. Toutefois, au regard du budget demandé, elle ne donne pas suffisamment de détails sur chacun d’eux. Le Département de l’éducation est très peu mentionné, alors même que la participation des écoles sera essentielle à la réussite de l’initiative. Des associations sont citées, mais le dossier ne contient pas assez d’informations relatives à leur organisation, leur gouvernance et leur pérennité.

Paragraphe 10(b) : La demande indique que les universités et les communautés concernées seront encouragées à exploiter les résultats du projet pour mobiliser davantage de fonds afin de continuer la pratique des jeux traditionnels et de mettre en place d’autres mesures de sauvegarde concernant d’autres jeux et éléments. La demande exprime également l’espoir que les documents publiés dans le cadre du projet devraient inciter le Ministère de l’éducation à se concentrer sur et investir dans le développement de supports pédagogiques s’appuyant sur les traditions culturelles locales et en particulier sur les jeux traditionnels. Toutefois, ces traditions doivent être davantage intégrées aux programmes scolaires. Plusieurs effets multiplicateurs potentiels sont mentionnés dans différentes sections du dossier. Toutefois, rien ne démontre qu’ils verront le jour et qu’ils se poursuivront au terme du projet et de la période de financement.

  1. Décide de renvoyer à l’État partie demandeur la demande d’assistance internationale pour le projet intitulé La sauvegarde de la ludodiversité du Malawi par l’éducation non formelle et la transmission par les communautés et l’invite à soumettre une demande révisée au Comité pour examen au cours d’un cycle ultérieur.

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