Décision du Comité intergouvernemental : 11.COM 10.c.7

Le Comité

  1. Prend note que la Norvège a proposé le bateau Oselvar, adaptation du processus d’enseignement traditionnel de sa construction et de son utilisation dans un contexte moderne (no 01156) pour sélection et promotion par le Comité en tant que programme, projet ou activité reflétant le mieux les principes et les objectifs de la Convention :

Autrefois le principal mode de transport dans l’ouest de la Norvège, aussi utilisé pour les loisirs, le bateau en bois Oselvar est devenu obsolète avec l’arrivée de bateaux modernes dans les années 1940. Les restrictions sur les prix imposées par le gouvernement, qui ont forcé de nombreux constructeurs à changer de métier, ainsi que le développement du transport routier dans les années 1960, lui ont également été néfastes. Afin de sauvegarder cette pratique traditionnelle, la guilde des constructeurs de bateaux Os Båtbyggjarlag, la municipalité d’Os et le comté du Hordaland, soutenus par le Conseil des arts de la Norvège, ont créé la fondation à but non lucratif Oselvarverkstaden, dédiée à la construction de bateaux. En place depuis 1997, elle vise à recruter de jeunes apprentis constructeurs de bateaux, à faciliter la transmission des savoir-faire et techniques de construction (qui se faisait normalement de père en fils), à attirer les constructeurs en activité en leur fournissant une infrastructure et à soutenir le marché des bateaux Oselvar. À ce jour, plus de 85 bateaux ont été construits et 40 réparés. Cinq des six apprentis initiaux de la fondation sont encore en activité et quatre constructeurs y travaillent. Ils ont accès à un atelier où ils peuvent partager leur savoir-faire, en plus des matériaux et des outils. La construction de ces bateaux de 5 m à 10 m de long, destinés à la course, au transport de marchandises ou à la pêche, exige de 500 à 600 heures de travail, de la négociation avec les fournisseurs de matériaux au gréement, en passant par l’essai du produit final. Les constructeurs effectuent également des études sur le terrain, font des démonstrations et participent à des séminaires et à des expositions, d’envergure locale et internationale.

  1. Décide que, d’après les informations contenues dans le dossier, le programme répond comme suit aux critères énoncés au paragraphe 7 des Directives opérationnelles concernant la sélection au titre de meilleure pratique de sauvegarde :

P.1 :  Le dossier décrit la situation qui a mené à la création de l’Oselvarverkstaden, dont les efforts visent à sauvegarder des traditions de construction navale qui remontent à des milliers d’années et à les adapter au contexte actuel, avec le soutien financier des autorités locales. Il a fallu pour cela adapter les processus traditionnels de construction et d’utilisation des bateaux en recrutant de jeunes apprentis constructeurs, en les regroupant avec des artisans plus expérimentés, en créant une infrastructure de construction, en favorisant les perspectives commerciales pour les constructeurs de bateaux organisés et en menant différentes activités de promotion. Les aspects qui sont mis en avant sont le partage des compétences, l’adoption d’une approche globale, de la forêt au fjord et des matières premières au produit final, ainsi que le renforcement des capacités de la communauté.

P.2 :  Selon le dossier, la coordination à différents niveaux a constitué une dimension importante des mesures de sauvegarde. Elle a permis d’organiser des activités de construction de bateaux à différents endroits, des conférences, des séminaires ainsi que des démonstrations artisanales lors de festivals. Au niveau régional, deux conférences internationales sur la construction de bateaux traditionnels ont eu lieu, avec la participation de plusieurs pays européens, ce qui a donné lieu à des échanges très productifs. Les organisations d’utilisateurs de bateaux Oselvar ont organisé un championnat du monde de navigation auquel ont participé des concurrents venus de trois continents.

P.3 :  Les activités des constructeurs de bateaux Oselvar reflètent les principes de la Convention, étant donné qu’elles s’attachent à respecter et sauvegarder les techniques de construction et l’utilisation du bateau Oselvar, considéré comme un élément important du patrimoine local. Leur sauvegarde englobe également les connaissances et les pratiques liées à la tradition orale et à l’artisanat traditionnel. Les activités éducatives destinées aux jeunes contribuent à la viabilité de ce patrimoine, tout en le plaçant à la base de nouvelles créations. Le programme reflète également la volonté de la Convention d’encourager la plus large participation possible des communautés à la sauvegarde de leur patrimoine culturel immatériel. La coopération entre l’Oselvarverkstaden et le Musée des Bateaux Vikings de Roskilde, au Danemark, offre un exemple de convergence vers les objectifs de la Convention en matière de coopération et d’assistance internationales.

P.4 :  Le dossier démontre l’efficacité du projet en donnant des informations, entre autres, sur la plus grande sensibilisation de la communauté, le recrutement de jeunes constructeurs de bateaux et le système de commercialisation (nombre croissant de bateaux construits et réparés). La viabilité du mode traditionnel de construction de bateaux est désormais assurée, du fait que les artisans actuels sont les nouveaux détenteurs de ce patrimoine culturel immatériel et qu’ils transmettent efficacement leurs connaissances aux jeunes générations.

P.5 :  Différents groupes, communautés et individus ont participé pleinement au programme, à toutes les étapes de sa planification et de sa mise en œuvre, de l’élaboration du cadre conceptuel aux activités de sauvegarde, en passant par la préparation de la présente proposition. La communauté concernée a ainsi déployé des efforts continus pour préserver l’élément et a travaillé de façon systématique sur différents aspects de sa sauvegarde. Les représentants d’une guilde de spécialistes de la construction du bateau, d’une fédération de navigateurs participant à des régates à bord de bateaux Oselvar, d’une fédération régionale d’associations de protection du patrimoine côtier et d’autres organisations non gouvernementales ont donné leur consentement libre, préalable et éclairé à cette proposition.

P.6 :  Il ressort du dossier que ce projet peut servir d’exemple pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, notamment de par ses infrastructures physiques et organisationnelles, qui reposent sur la collaboration de plusieurs parties prenantes, la diffusion active de l’élément, une méthodologie assurant le transfert des compétences et du savoir-faire et la mise en avant du renouveau culturel (conciliant respect de la tradition et volonté d’innovation). Il pourrait cependant mieux décrire la manière dont le projet pourrait servir de modèle, en présentant clairement un ensemble d’activités interconnectées à visée de sauvegarde qui soient transférables à différents contextes culturels ou géographiques. Des informations sur le financement sont également nécessaires (concernant le financement initial du projet ainsi que la structure de prix des bateaux, afin de garantir la durabilité de l’initiative).

P.7 :  L’État soumissionnaire, les organismes de mise en œuvre ainsi que les communautés, groupes et individus concernés sont d’accord pour coopérer à la diffusion des meilleures pratiques si leur projet est sélectionné. La communauté concernée par l’Oselvar partage déjà son expérience au niveau national et international. Une série d’initiatives de diffusion est prévue pour l’avenir, avec notamment des ambassadeurs de l’Oselvar, des visites guidées, des conférences, des expositions, un échange de compétences et des démonstrations artisanales à l’étranger, des publications et l’établissement de réseaux formels avec d’autres organisations.

P.8 :  Le programme comprend des expériences dont les résultats sont susceptibles d’être évalués et qui pourraient être mesurés du point de vue du court terme et du long terme (sur le court terme, couverture médiatique, publications, études sur le terrain, rapports annuels de suivi et d’évaluation, nombre de bateaux réparés et produits ; sur le long terme, capacité à former de nouveaux détenteurs de la tradition de construction et d’utilisation de l’Oselvar, et nouvelles connaissances et significations culturelles). L’Oselvarverkstaden possède également un organe consultatif et de contrôle ainsi qu’un conseil d’administration qui rend annuellement des comptes aux bailleurs de fonds du projet.

P.9 :  Bien que ce projet n’ait pas initialement vocation à répondre aux besoins des pays en développement, certaines de ses caractéristiques peuvent potentiellement constituer des modèles de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, notamment dans les pays où l’artisanat traditionnel et les pratiques sociales sont menacés de dégradation et de disparition. Le dossier en résume les principales composantes : renforcement de la relation entre les producteurs et les utilisateurs, création d’un espace de travail centralisé et d’une plate-forme dédiée à l’artisanat traditionnel et à sa transmission, collaboration avec les institutions éducatives, stimulation des pratiques sociales et création de centres de ressources de la communauté (organisations d’utilisateurs du bateau). Il aurait été utile de fournir des informations financières sur le projet afin d’étayer les éléments présentés.

  1. Sélectionne le bateau Oselvar, adaptation du processus d’enseignement traditionnel de sa construction et de son utilisation dans un contexte moderne comme programme, projet ou activité reflétant le mieux les principes et les objectifs de la Convention.

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