Décision du Comité intergouvernemental : 11.COM 10.a.1

Le Comité

  1. Prend note que le Botswana a proposé la candidature du rituel du Moropa wa Bojale ba Bakgatla ba Kgafela et les pratiques qui lui sont associées (no 01183) pour inscription sur la Liste du patrimoine culturel immatériel nécessitant une sauvegarde urgente :

Le Bojale est une cérémonie d’initiation des jeunes filles des communautés Bakgatlaba Kgafela au Botswana, qui est également pratiquée en Afrique du Sud. Le Moropawa Bojaleba Bakgatlaba Kgafela et les pratiques qui lui sont associées, occupe une place centrale dans le rituel. Le Moropawa Bojale est un tambour utilisé exclusivement à l’occasion du Bojale, pour transmettre aux jeunes filles leur culture et leurs responsabilités d’adulte à travers des chants et des danses portant sur la cuisine, la poterie, l’agriculture, la puériculture et, plus récemment, le mariage et la prévention des maladies sexuellement transmissibles. La reine de la famille royale de la communauté, gardienne de la tradition, les autres membres féminins de la famille royale, la Rakgadi (sœur du chef suprême) et le Conseil des anciennes sont les détenteurs de la pratique. Considéré comme sacré, le tambour ne peut être utilisé qu’en présence de la reine. Symbolisant les devoirs de la femme à la maison et possédant des vertus curatives, le tambour aurait un rôle protecteur pour les jeunes filles. Un mois après leur initiation, les jeunes filles exécutent le même rituel qu’elles ont appris à l’occasion d’une cérémonie de passage des initiées pour être accueillies au sein de la communauté avec un nouveau nom spécifique à leur groupe. Promouvant la solidarité entre les femmes et les jeunes filles des communautés, cette tradition transmet une identité culturelle et des savoir-faire importants. Elle est toutefois fragilisée par le système d’éducation moderne et les migrations.

  1. Décide que, d’après les informations contenues dans le dossier, la candidature satisfait aux critères suivants :

U.4 :  L’État soumissionnaire a prouvé de manière satisfaisante la participation de la communauté au processus de candidature ;

U.5 :  La pratique a été inscrite, en 2010, à l’inventaire du district, avec la participation des communautés concernées. La base de données de l’inventaire est gérée par un musée local et le Ministère de la jeunesse, des sports et de la culture. Le musée contribue actuellement à la mise à jour de l’inventaire.

  1. Décide en outre que les informations contenues dans le dossier ne sont pas suffisantes pour permettre au Comité de déterminer si les critères suivants sont satisfaits :

U.1 :  Si le dossier décrit le rite d’initiation des jeunes filles de la communauté Bakgatla ba Kgafela comme constitutif du patrimoine culturel immatériel, en indiquant que la pratique se trouve au cœur de l’identité de la communauté, des informations complémentaires doivent être apportées sur (i) le rôle précis des détenteurs de l’élément ; (ii) la définition exacte de l’élément en indiquant en particulier si le Moropa est l’élément proposé ou s’il fait partie d’un élément plus large, le Bojale. Des informations complémentaires sont également nécessaires sur les implications de la pratique pour les droits de l’homme (en particulier pour les jeunes femmes et filles concernées) et pour le développement durable ;

U.2 :  Les menaces spécifiques pesant sur la durabilité de l’élément (et non les menaces générales telles que l’urbanisation, le vieillissement des praticiens et l’influence religieuse) ne sont pas suffisamment étayées. La nécessité d’une inscription urgente n’est donc pas démontrée de manière appropriée. Le film accompagnant le dossier suggère plutôt que l’élément n’est pas menacé ;

U.3 :  L’imprécision des informations fournies pour le critère U.2 se traduit par une imprécision des mesures de sauvegarde proposées. L’implication des communautés dans les mesures proposées n’est pas suffisamment explicitée.

  1. Décide de renvoyer la candidature du rituel du Moropa wa Bojale ba Bakgatla ba Kgafela et les pratiques qui lui sont associées à l’État soumissionnaire et l’invite à resoumettre la candidature au Comité pour examen au cours d’un cycle suivant ;
  2. Invite en outre l’État soumissionnaire à prendre en considération les implications de l’inscription par rapport aux restrictions régissant l’accès à l’élément.

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