Décision du Comité intergouvernemental : 4.COM 14.08

Le Comité,

  1. Prend note du fait que le Mali a proposé le Sanké mon : rite de pêche collective dans le Sanké pour inscription sur la Liste de sauvegarde urgente, décrit comme suit :

Le Sanké mon, rite de pêche collective, a lieu à San, dans la région de Ségou au Mali, tous les deuxièmes jeudis du septième mois lunaire pour commémorer la fondation de la ville. Le rite commence par le sacrifice de coqs et de chèvres et par des offrandes des habitants du village aux esprits de l’eau qui habitent la mare Sanké. Une pêche collective a lieu ensuite pendant quinze heures à l’aide de filets à larges et à petites mailles. Elle est immédiatement suivie d’une danse masquée sur la place publique, dans laquelle se produisent des danseurs Buwa de San et des villages environnants qui portent le costume traditionnel et un chapeau décoré de cauris et de plumes, et qui exécutent une chorégraphie particulière au rythme de divers tambours. Le rite du Sanké mon marque traditionnellement le début de la saison des pluies. C’est aussi une expression de la culture locale à travers l’art et l’artisanat, les connaissances et le savoir-faire attachés à la pêche et aux ressources en eau. Il renforce les valeurs collectives de cohésion sociale, de solidarité et de paix entre les communautés locales. Depuis quelques années, il connaît une chute de popularité qui menace de mettre son existence en péril, les facteurs contribuant à ce phénomène étant notamment l’ignorance de l’histoire et de l’importance de la tradition, une diminution progressive de la participation au rite, des accidents occasionnels pendant son déroulement et la dégradation de la mare Sanké à cause des pluies insuffisantes et des effets du développement urbain.

  1. Décide que, d’après les informations fournies dans le dossier de candidature 00289, le Sanké mon : rite de pêche collective dans le Sanké satisfait aux critères d’inscription sur la Liste de sauvegarde urgente, comme il est indiqué ci-après :

U.1 : Le Sanké mon, reconnu par les habitants de San comme un élément important de leur patrimoine culturel, est une expression majeure d’une vision du monde traditionnelle qui témoigne de la tolérance religieuse qui prévaut dans la région et contribue à la transmission des connaissances et pratiques traditionnelles ; il célèbre l’unité de cette communauté à travers sa diversité ethnique en réunissant différentes tribus de San pour célébrer leur histoire commune ;

U.2 : Malgré les efforts soutenus des chefs traditionnels pour faire participer les jeunes à la préparation de la fête pour pouvoir leur transmettre les connaissances sur l’histoire de la communauté et promouvoir le respect des pratiques culturelles traditionnelles, et malgré les efforts des responsables locaux et nationaux qui ont permis de faire reconnaître la fête comme élément important du patrimoine culturel national, le processus de transmission est menacé par le désintérêt des jeunes générations et leur émigration vers les villes et à l’étranger, ainsi que par les conditions environnementales qui mettent en péril l’écosystème fragile de la mare ;

U.3 : Les mesures de sauvegarde, notamment des activités de documentation et d’éducation des habitants et des autorités, devraient faciliter la transmission aux jeunes de la communauté et encourager de bonnes pratiques qui contribueront à la protection de la qualité future de l’environnement de la mare ;

U.4 : Les autorités nationales ont travaillé en liaison étroite avec les chefs traditionnels, les fonctionnaires locaux et l’ensemble de la communauté pour préparer le projet de candidature qui contient la preuve de leur consentement libre, préalable et éclairé ;

U.5 : Le Sanké mon : rite de pêche collective dans le Sanké est inscrit à l’inventaire du patrimoine naturel et culturel matériel et immatériel du Mali.

  1. Inscrit le Sanké mon : rite de pêche collective dans le Sanké sur la Liste du patrimoine culturel immatériel nécessitant une sauvegarde urgente ;
  2. Prend également note des efforts de l’État partie pour mettre en valeur les principales valeurs traditionnelles autour desquelles s’articule la fête qui favorise la tolérance et célèbre la diversité ethnique de la nation ;
  3. Félicite l’État partie et la communauté de leurs efforts pour documenter leurs propres traditions culturelles et pour améliorer les infrastructures d’accueil des touristes au moment de la fête, ce qui permet de créer des emplois, en particulier pour les jeunes qui peuvent ainsi rester dans la région ;
  4. Encourage l’État partie à prendre toutes les précautions nécessaires pour protéger l’écosystème fragile de la mare et les valeurs culturelles et historiques de la fête contre tout effet nuisible potentiel du tourisme.

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