Décision du Comité intergouvernemental : 13.COM 10.b.15

Le Comité

  1. Prend note que la Géorgie a proposé la candidature du Chidaoba, lutte en Géorgie (n  01371) pour inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité :

Le chidaoba (lutte) est une forme ancestrale d’art martial pratiquée par une grande partie de la population masculine de tous les villages, régions et communautés de Géorgie. Les jeunes, les habitants des villes, les clubs de sport, les établissements d’enseignement et les organisations d’amateurs comptent parmi les détenteurs de la tradition. La pratique est un élément complexe qui associe la lutte, la musique, la danse et un vêtement particulier (la « chokha »). Après avoir eu une fonction guerrière jusqu’à la fin du Moyen-Âge, le chidaoba est progressivement devenu un sport spectaculaire. Les tournois, auxquels assistent de nombreux spectateurs réunis autour d’une arène en plein air, se déroulent au son d’un instrument à vent (la « zurna ») et d’un tambour géorgien (le « doli ») qui marquent le début du combat. Les lutteurs tentent de battre leurs adversaires en les faisant tomber avec des prises particulières tandis qu’une musique enlevée renforce la dynamique du combat. Le code de conduite s’apparente à la chevalerie et les lutteurs quittent parfois l’arène au son de danses folkloriques géorgiennes. Le chidaoba utilise environ 200 prises et contre-prises différentes et leur association permet de stimuler la créativité des lutteurs. La pratique encourage un mode de vie sain et joue un rôle important pour le dialogue interculturel. Du début du printemps à l’automne, les jeunes pratiquent la lutte en plein air maitrisant ainsi des savoir-faire préalablement acquis en regardant des combats. Des sections de lutte existent dans presque tous les villages et villes de Géorgie.

  1. Décide que, d’après l’information contenue dans le dossier, la candidature satisfait aux critères d’inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité comme suit :

R.1 :  Le chidaoba, lutte en Géorgie, assure une importante fonction culturelle dans le pays. Au-delà des performances sportives, les expressions du folklore qui l’accompagnent soulignent son rôle traditionnel dans la société. Grâce à sa nature chevaleresque, la lutte encourage l’amitié et le respect entre les peuples, et les Géorgiens la reconnaissent comme un symbole important de leur identité. En tant qu’expression culturelle populaire, la lutte se retrouve dans les traditions orales ainsi que dans l’art, la fiction et la cinématographie.

R.2 :  Du fait de la complexité de l’élément, son inscription susciterait l’intérêt pour l’identification de différents types de patrimoine culturel immatériel. Cette inscription créerait de nouvelles synergies entre les différentes organisations sportives locales et à l’étranger, encouragerait le dialogue interculturel et assurerait la promotion de la recherche internationale multidisciplinaire. L’inscription participerait également à la promotion de la créativité humaine en soulignant l’ingéniosité et la rapidité dont les lutteurs doivent faire preuve lors de la combinaison des différentes prises.

R.3 :  Les mesures de sauvegarde passées sont décrites en détail et complétées par un historique de l’évolution de l’élément au cours de l’histoire de la Géorgie. Un ensemble complexe de mesures de sauvegarde reflétant tous les aspects de la tradition a été élaboré. Celles-ci incluent : l’ajustement du cadre juridique national des sports et jeux ; l’intégration de la lutte dans le système éducatif ; l’organisation de formations et entraînements dans les communautés ; l’amélioration des infrastructures nécessaires à l’organisation des tournois ; la promotion des expressions culturelles associées telles que la musique, la danse ou la réalisation de costumes ; et la création d’un musée spécialement dédié au chidaoba. Les institutions gouvernementales sont essentielles à la mise en place des mesures de sauvegarde et travaillent en étroite collaboration avec les communautés locales.

R.4 :  L’Agence nationale pour la protection du patrimoine culturel a créé un groupe de travail inter-agences responsable du projet de candidature. Ses membres sont des praticiens, des représentants des communautés locales ainsi que des fédérations de lutte et experts du terrain. Une vingtaine de réunions ont été organisées et les opinions des praticiens dûment intégrées au dossier. La nature du consentement libre, préalable et éclairé est bien expliquée dans le dossier et largement attestée par de nombreuses lettres de consentement résultant d’une vaste campagne de sensibilisation.

R.5 :  Depuis 2011, l’élément est inclus dans le Registre national du patrimoine culturel immatériel qui est régulièrement mis à jour. Le chidaoba a été identifié par sa communauté de praticiens représentés par la Fédération nationale de lutte géorgienne, ainsi que par des chercheurs et autres experts. Les informations contenues dans l’inventaire ont été collectées parmi les lutteurs, les autres participants et les spectateurs.

  1. Inscrit le chidaoba, lutte en Géorgie sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité ;
  2. Félicite l’État partie pour sa description précise de la participation de la communauté, y compris la répartition des rôles et responsabilités entre les genres.

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