Le Ministère de la Culture est responsable de la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel et de la définition de la politique nationale. Au sein du Ministère, le Centre de la culture populaire lituanienne (CCPL) est le principal organe en charge de la mise en œuvre des programmes et de la coordination de l’exécution des mesures de sauvegarde et de promotion des éléments inscrits sur la Liste représentative. Le Ministère de la Culture et le Ministère de l’Éducation et de la Science, ainsi que le CCPL et le « Centre pour les enfants doués » au sein de l’École nationale d’art M.K. Ciurlionis, sont responsables de la sauvegarde de la tradition des célébrations de chants et danses au niveau national. Au niveau régional, les organes responsables sont les municipalités et les organisations culturelles et éducatives locales. La Commission nationale des célébrations de chants et danses supervise la procédure.
Il n’existe pas d’institution éducative dédiée à la formation à la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel. Toutefois, les universités lituaniennes suivantes proposent des programmes d’études consacrées au patrimoine culturel immatériel : l’Université Vytautas Magnus, l’Université de Klapeida et l’Académie lituanienne de musique et de théâtre. Le CCPL organise également des cours de formation à l’importance du patrimoine culturel immatériel et à la réalisation de l’inventaire du patrimoine culturel immatériel.
Plusieurs institutions recueillent et conservent la documentation sur le patrimoine culturel immatériel : le CCPL (documentation écrite, archives filmées et photographiques) ; l’Institut de littérature lituanienne et l’Institut de culture populaire (études sur la culture populaire, les coutumes, travaux de recherche complets sur la vie et l’environnement des communautés), et la Division d’ethnologie de l’Institut d’histoire lituanienne (expressions de la culture spirituelle et matérielle du XXIe siècle). En outre, une base de données de l’artisanat et des artisans traditionnels a été créée par le Ministère de l’Agriculture dans le cadre de la procédure de certification des produits, services, plantes et races animales traditionnels. Toutes ces archives sont accessibles au public et la libre utilisation des matériels d’archives à des fins scientifiques et de promotion est protégée par la loi. La numérisation des archives s’accélère afin de rendre les documents plus accessibles au public. Par ailleurs, les institutions de documentation publient des matériels d’archives tels que livres, CD et autres publications.
L’inventaire du patrimoine culturel immatériel lituanien n’a pas encore été dressé en raison de contraintes financières et légales ; le Ministère de la culture en sera responsable. Le CCPL élabore actuellement la méthodologie en définissant les tâches à accomplir et en organisant des programmes de formation pour les administrateurs locaux, etc. Les critères ont déjà été définis, à savoir : (1) caractère unique, singularité, pérennité ; (2) valeurs historiques, culturelles, sociales, ethnologiques, etc. ; (3) valeur artistique, maîtrise des compétences et performances ; (4) viabilité, sauvegarde des contextes culturels, économiques et sociaux ainsi que de la fonction d’origine ; (5) inhérence, particularités locales et régionales, symboles de la tradition historique et culturelle ; (6) portée de la tradition, expression concrète (nombre de pièces interprétées, produites, créées, zone géographique couverte), complexité du phénomène ou de l’élément (nombre d’aspects intégraux et syncrétiques sauvegardés) ; (7) moyens de transmission, de succession, de diffusion ; et (8) risque d’extinction. L’inventaire sera constitué comme suit : une liste des formes, genres, compétences et techniques ; une liste des événements (fêtes, célébrations, rites, foires, festivals, etc.) ; une liste des espaces de culture traditionnelle ; une liste des interprètes, maîtres et détenteurs (personnes) ; une liste des interprètes et détenteurs (groupes, communautés) ; et un recueil des archives, dépôts, collections, objets et publications. Les communautés et organisations non gouvernementales concernées ont pris part à l’élaboration de la méthodologie pour choisir les éléments du patrimoine culturel immatériel et remplir les dossiers des éléments concernés. Ils soumettront également des propositions d’inscription d’éléments du patrimoine culturel immatériel à l’inventaire, environ 30 dossiers ont déjà été complétés.
La reconnaissance, le respect et la mise en valeur du patrimoine culturel immatériel se concrétisent par différentes mesures. Tous les principaux événements nationaux intègrent notamment le patrimoine culturel immatériel dans leurs programmes et celui-ci a fait l’objet d’une large publicité dans des articles de journaux et sur des sites Internet. La radio et la télévision nationales ont diffusé des informations et des débats sur le patrimoine culturel immatériel et ont retransmis en direct les célébrations de chants et danses.
Auparavant, hormis certains éléments du folklore oral, de musique et d’artisanat, le système éducatif formel ne laissait au patrimoine culturel immatériel qu’une place limitée aux confins du programme scolaire. En outre, de nombreux professeurs formés à un enseignement des arts « académiques » formels éprouvaient des difficultés à valoriser le patrimoine culturel immatériel en tant que matière à enseigner. De nos jours, les programmes scolaires des écoles maternelles et primaires intègrent musique et chants populaires ainsi que les fondamentaux de l’artisanat traditionnel. Il existe également des activités extrascolaires, des ateliers et des groupes artistiques dans le cadre desquels les compétences et connaissances liées au patrimoine culturel immatériel sont transmises et renforcées. Les élèves du secondaire reçoivent un enseignement sur le patrimoine culturel immatériel dans le cadre de programmes d’éducation non formelle et presque 10% des élèves lituaniens y prennent part. Un nouveau programme de « Culture ethnique dans les institutions éducatives » est en cours d’élaboration afin que le patrimoine culturel immatériel soit intégré dans toutes les disciplines. Les institutions culturelles - centres culturels, musées, etc. - organisent des sessions de formation destinées à transmettre les connaissances et compétences des détenteurs de traditions aux jeunes générations. Plus de 2 500 initiatives éducatives et 200 camps se déroulent chaque année afin de présenter la musique et les chants traditionnels aux jeunes. Des écoles de danse traditionnelle ont été créées à Vilnius, Siauliai, Panevezys et Kaunas. Un centre d’artisanat traditionnel a été ouvert à Prienai. Les détenteurs de traditions participent aux programmes éducatifs des musées, d’autres institutions culturelles, des camps de formation à l’art populaire et des rencontres avec les communautés.
La coopération internationale se concentre sur la coopération sous-régionale entre la Lituanie, la Lettonie et l’Estonie autour des célébrations de chants et danses baltes. Les trois États parties organisent régulièrement des réunions afin de partager leurs expériences, et ainsi de mieux contribuer à l’organisation réussie des célébrations, et d’échanger sur les problèmes et réussites en matière d’organisation. Une série de conférences conjointes a été organisée sur différents aspects de l’élément avec la participation de spécialistes, de créateurs, d’organisateurs et d’administrateurs. Une autre activité régionale est l’initiative conjointe du festival international de folklore « Baltica » avec des échanges de groupes folkloriques, d’interprètes, d’artisans et de spécialistes.
La Lituanie fait ici rapport sur trois éléments inscrits sur la Liste représentative : la création et le symbolisme des croix (élément incorporé en 2008 après avoir été précédemment proclamé chef d’œuvre du patrimoine oral et immatériel de l’humanité en 2001) ; les célébrations des chants et danses baltes (également incorporées en 2008, avec l’Estonie et la Lettonie, après avoir été proclamées chef d’œuvre en 2003) ; et les Sutartinés, chants lituaniens à plusieurs voix (2010). La création de croix est protégée par une loi de sauvegarde du patrimoine matériel des croix et les responsabilités en matière de sauvegarde sont confiées aux détenteurs de croix, c.-à-d. les propriétaires terriens, les paroisses et les communautés. Néanmoins, la pérennité des rituels de création de croix est incertaine en raison de l’évolution démographique des zones rurales. Ces changements sont dus à une laïcisation accrue de la société et au fait que le rôle des détenteurs a été transféré de la communauté dans son ensemble aux seuls créateurs de croix. Environ 50 groupes d’interprètes maintiennent la tradition des Sutartinés vivante et la transmission aux jeunes générations semble bien se dérouler dans le contexte de festivités annuelles, familiales et communautaires. L’éducation musicale formelle dans les écoles se concentre principalement sur l’harmonie et les styles de musique homophoniques, ne préparant pas ainsi les élèves à comprendre ou apprécier cette forme musicale polyphonique. Toutefois, des centres de formation aux Sutartinés sont en cours de création avec les Municipalités de Svencionys, Kupiskis et Birzai. Les principales menaces perçues pour les célébrations sont : des changements dans la conscience des individus, une évolution vers le consumérisme et la prédominance de la culture moderne, une conséquence de la mondialisation.