Conformément à l’article 13 (b) de la Convention de 2003 pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel et à la Décision No 934 du Conseil des Ministres du 12 décembre 2005, le Ministère de la culture (MdlC) est défini comme étant l’autorité compétente pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel présent sur le territoire de la République de Bulgarie. Avec la contribution d’institutions scientifiques et du Musée national, la Direction de la politique culturelle du Ministère de la Culture a élaboré la politique de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel du pays. La Direction organise et coordonne les événements nationaux et régionaux organisés autour du patrimoine culturel immatériel tels que les foires, les revues et festivals d’art amateur. En outre, la Direction coordonne le travail du Centre régional pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel en Europe du Sud-Est, sous les auspices de l’UNESCO, et elle coordonne et soutient le travail du Conseil national des Centres culturels communautaires et du Conseil national du patrimoine culturel immatériel. En 2009, en vertu de l’article 43 (1) de la Loi du patrimoine culturel, le Conseil national du patrimoine culturel immatériel a été établi en tant qu’organe permanent (sous l’autorité du MdlC) assurant des fonctions consultatives et d’expertise. Il est composé de 16 membres, dont des experts scientifiques dans les six domaines du patrimoine culturel immatériel tels que définis par le Registre national bulgare du patrimoine culturel immatériel, des représentants des communautés (détenteurs), un représentant des Centres culturels communautaires, un représentant du réseau régional des musées du patrimoine culturel immatériel et d’autres membres. Les Centres culturels communautaires, des entités à but non lucratif, sont des associations culturelles et éducatives traditionnelles et autogérées, présentes dans les communautés qui accomplissent des missions éducatives et culturelles publiques.
La formation universitaire en ethnologie, folklore et études culturelles est dispensée par divers instituts et universités tant au niveau des premier et deuxième cycles que du troisième cycle. En 2009, le MdlC et le Conseil national du patrimoine culturel immatériel ont organisé conjointement un séminaire national du patrimoine culturel immatériel afin de former des professionnels du patrimoine culturel. Le MdlC a par ailleurs coopéré avec l’Institut d’ethnologie et d’études folkloriques/Musée ethnographique de l’Académie bulgare des sciences afin de renforcer les capacités des experts au moyen d’une série de séminaires destinés à mettre en œuvre la Convention de 2003. Des universités et d’autres institutions universitaires qui comptent en leur sein des unités consacrées à la culture traditionnelle forment également du personnel à la sauvegarde du patrimoine culturel, y compris à la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel. Le centre de catégorie 2 à Sofia est en charge de soutenir le renforcement des capacités dans la région du Sud-Est de l’Europe. En juin 2013, le centre a organisé un atelier de formation de deux jours destiné aux experts originaires du Sud-Ouest de la Bulgarie et consacré à « l’application de la Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel au niveau national ».
Le Centre national du patrimoine culturel immatériel (au sein de l’Institut d’ethnologie et des études folkloriques/Musée ethnographique) joue un rôle prépondérant dans la collecte et la conservation de la documentation sur le patrimoine culturel immatériel. Il collecte, stocke, systématise et analyse la documentation consacrée au patrimoine culturel immatériel, accorde un soutien scientifique et méthodologique au réseau des centres locaux du patrimoine culturel immatériel, conserve la documentation du Système national de Trésors humains vivants et assure la promotion du patrimoine populaire bulgare. En outre, les archives des travaux de recherche conservent le matériel documentaire consacré au patrimoine culturel immatériel de différentes communautés bulgares et collecté sur le terrain, tel que les Archives folkloriques de l’Institut d’ethnologie et d’études folkloriques/Musée ethnographique. L’Institut des études artistiques de l’Académie bulgare des sciences conserve des Archives musicales et orales (qui contiennent les originaux des chansons avec leurs paroles et transcriptions musicales et des mélodies instrumentales avec leurs transcriptions musicales). La documentation consacrée au patrimoine culturel immatériel est également conservée dans la plupart des musées de Bulgarie et dans 27 musées historiques et ethnographiques régionaux ainsi que dans d’autres musées locaux ; les archives de la radiotélévision d’État et les archives cinématographiques conservent également des documents pertinents. Dans tout le pays, les bibliothèques jouent également un rôle important dans la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, comme d’ailleurs les Centre culturels communautaires qui conservent des collections d’archives dans lesquelles est stockée une documentation associée au patrimoine culturel immatériel.
La procédure d’inventaire du patrimoine culturel immatériel a débuté en 2001 en partenariat avec l’Institut d’ethnologie et du folklore/Musée ethnographique (à l’époque : l’Institut du folklore). L’inventaire est désormais réglementé par le Loi sur le patrimoine culturel (2009) et l’Ordonnance sur la procédure de conservation du Registre du patrimoine culturel immatériel. En vertu de cette loi, le MdlC est responsable de l’inventaire et désigne les fonctionnaires en charge de conserver le Registre du patrimoine culturel immatériel de la République de Bulgarie. Le Registre est constitué d’ (1) une liste nationale et (2) de listes régionales pour chacun des 28 districts administratifs du pays. La liste nationale est constituée des activités et connaissances qui sont considérées comme représentatives, c.-à-d. les domaines du patrimoine culturel immatériel qui sont représentatifs de la Bulgarie dans son ensemble. Cette liste n’est pas exhaustive. Les éléments inscrits sur le Registre doivent satisfaire aux critères suivants : « authenticité » (les activités doivent être pratiquées dans leur environnement et conditions naturels et ne doivent pas être une discipline artistique professionnelle et spécialisée) ; « représentativité » (caractère, aspect artistique, caractère unique et valeur en tant que faits culturels représentatifs de la communauté) ; « vitalité » (pratiques vivantes transmises de génération en génération) ; et « ancienneté (l’origine doit être suffisamment lointaine dans le temps et remonter à plus de 50 ans).
La participation des communautés peut être observée à toutes les étapes de la procédure d’inscription au Registre, et les Centres culturels communautaires jouent un rôle essentiel dans cette participation en permettant aux communautés de remplir les formulaires d’inventaire. Toute proposition d’inclusion doit présenter des informations sur la vitalité et la répartition territoriale des éléments ainsi que sur les menaces d’extinction. Lorsqu’une absence de vitalité et de continuité est identifiée dans la pratique d’un élément inscrit, les institutions concernées (bibliothèques, musées, centre du patrimoine culturel immatériel local et le Centre national du patrimoine culturel immatériel) peuvent proposer que l’élément soit supprimé du Registre. Le gouvernement a pris des mesures afin de définir des critères pour l’établissement d’une liste nationale des éléments nécessitant une sauvegarde urgente.
Par ailleurs, le MdlC administre la Liste nationale représentative du patrimoine culturel immatériel de la République de Bulgarie. Cette liste est associée au Système des Trésors humains vivants et ne s’attache pas aux éléments en eux-mêmes mais aux détenteurs et praticiens du patrimoine culturel immatériel. Cette liste est composée au terme d’une compétition entre des demandes d’inscription soumises par les communautés locales. Pour chaque cycle, jusqu’à cinq demandes sont choisies et inscrites. Sont inscrits : soit (a) un individu, c.-à-d. une personne avec un haut niveau de connaissances des traditions et des compétences dans certains domaines du patrimoine culturel immatériel ; ou (b) un collectif, c.-à-d. un groupe d’individus disposant en commun de connaissances et de compétences traditionnelles (p. ex. des rituels, des arts du spectacle ou de l’artisanat traditionnel). Les individus ou groupes proposés doivent : posséder un haut niveau de maîtrise des connaissances, compétences et activités traditionnelles ; être impliqués dans le patrimoine culturel immatériel ; avoir la capacité d’améliorer les connaissances et compétences possédées ; et être désireux et capables de transmettre ces connaissances et compétences aux jeunes. Comme pour le Registre, les Centres culturels communautaires jouent un rôle important dans la procédure de proposition des lauréats.
S’agissant de la promotion du patrimoine culturel immatériel, les Centres culturels communautaires présents dans les 28 régions administratives du pays participent à la sensibilisation et l’information du public et aux mesures éducatives et de promotion. En outre, ils administrent le programme des Trésors humains vivants, en particulier grâce à leurs bibliothèques. Ils constituent également un réseau national pour ces activités. Par l’entremise des Centres culturels communautaires, des financements du MdlC sont accordés pour acquérir des instruments de musique, réaliser des costumes traditionnels, entretenir les collections des musées, publier des livres, numériser le patrimoine culturel immatériel et organiser des festivals, des foires et des activités éducatives informelles ou autres afin d’attirer les enfants et les jeunes vers les activités communautaires en lien avec le patrimoine culturel immatériel.
Les enfants reçoivent un enseignement officiel sur leur patrimoine local et national dans le cadre de cours et de matières optionnels dispensés dans des écoles spécialisées. La culture des jeunes et des programmes éducatifs sont également développés par le MdlC alors que ces sujets ne font pas partie du système d’éducation formelle. Ces programmes proposent de la formation, des matières optionnelles et des activités extrascolaires non prévues par le programme scolaire. Ces formations et activités sont en général organisées dans les Centres culturels communautaires. En ce qui concerne la formation non formelle, les musées développent de plus en plus des programmes spécifiques, à l’intention des jeunes, qui visent à présenter le patrimoine de façon compréhensible et accessible.
S’agissant de la coopération bilatérale, sous-régionale, régionale et internationale, la Bulgarie accueille, depuis 2012, un centre de catégorie 2, le Centre régional pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel en Europe du Sud-Est. Hormis l’accueil de la Deuxième session extraordinaire du Comité intergouvernemental pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel en 2008, la Bulgarie a accueilli la 8e Conférence interministérielle de l’Europe du Sud-Est sur le patrimoine culturel immatériel et le développement durable, et la 7e Réunion régionale d’experts sur le patrimoine culturel immatériel dans le Sud Est européen (2013). La Bulgarie a également joué un rôle actif dans des projets de recherche communs au sein du Cadre BAS (Académie bulgare des sciences) et du 7e Programme-cadre « Culture 2007 – 2013 ». Les experts du MdlC ont également pris part à des séminaires régionaux et ateliers sur le patrimoine culturel immatériel ainsi qu’à un séminaire, en 2010, sur le rôle des organisations non gouvernementales dans la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel.
La Bulgarie fait ici rapport sur deux éléments de la Liste représentative : Les Babi de Bistritsa, polyphonie, danses et pratiques rituelles archaïques de la région de Shoplouk (incorporé en 2008 après avoir été proclamé chef d’œuvre du patrimoine oral et immatériel de l’humanité en 2005) ; et Le Nestinarstvo, messages du passé : le panagyr des saints Constantin et Hélène dans le village de Bulgari (2009). L’inscription des Babi de Bistritsa a contribué à la fois à la visibilité de l’élément et à la popularisation de la Convention de 2003 ainsi qu’à la réalisation de ses objectifs. L’inscription du Nestinarstvo sur la Liste représentative a été interprétée comme un événement exceptionnellement important qui s’est produit avec la participation active de la communauté locale et a eu pour conséquence un intérêt et une attention renforcés pour la culture traditionnelle de la région. La promotion des Babi de Bistritsa s’est concrétisée par de nombreux concerts, festivals et rencontres (au niveau local, national et international) et par une participation à de nombreux forums prestigieux organisés par l’État bulgare. Les autorités régionales et locales voient dans le Nestinarstvo une ressource pour le développement local, p. ex. le développement touristique.
Le rapport sur les Babi de Bistritsa a été préparé par le MdlC en coopération avec le Centre culturel communautaire « Saint Tsar Boris 1er – 1909 », sous la forme de contacts directs. En outre, les praticiens ont participé à la rédaction du rapport en partageant des histoires relatives à l’élément, des bribes de l’histoire du groupe et des expériences personnelles en ce qui concerne les contacts avec les « personnes extérieures à la communauté », etc. Le rapport sur Nestinarstvo a été préparé par le MdlC en coopération avec le bureau de l’Adjoint au maire du village de Bulgari, la Municipalité de Tsarevo, le Musée municipal d’histoire de Tsarevo et le Musée régional d’histoire de Burgas ainsi qu’avec deux représentants de la communauté locale.