Le théâtre de marionnettes Ningyo Johruri Bunraku
Inscrit en 2008 (3.COM) sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité (originellement proclamé en 2003)
Considéré au Japon comme un genre dramatique traditionnel majeur, à l’instar du Nô et du Kabuki, le théâtre de marionnettes Ningyo Johruri Bunraku est un mélange de récit chanté, d’accompagnement instrumental et de théâtre de marionnettes. Cette forme dramatique a vu le jour au début de la période Edo (vers 1600) quand le théâtre de marionnettes a été associé au Johruri, un genre narratif très en vogue au quinzième siècle. Les intrigues racontées dans cette nouvelle forme de théâtre de marionnettes sont issues de deux sources principales : des drames historiques dont l’intrigue se déroule au Moyen Âge (Jidaimono) et des pièces contemporaines explorant le conflit entre affaires de cœurs et obligations sociales (Sewamono).
Le Ningyo Johruri a adopté son jeu scénique caractéristique au milieu du dix-huitième siècle. Trois marionnettistes, masqués jusqu’à la taille par un écran, manipulent de grandes marionnettes articulées. Depuis une plate-forme surélevée (yuka), le narrateur (tayu) raconte l’histoire tandis qu’un musicien joue du shamisen, un luth à trois cordes. Le tayu interprète tous les personnages, hommes et femmes, adaptant sa voix et ses intonations aux rôles et aux situations. Si le tayu « lit » un texte écrit, il jouit d’une grande liberté d’improvisation. Les trois marionnettistes doivent parfaitement coordonner leurs mouvements pour donner plus de réalisme aux gestes et attitudes des marionnettes. Celles-ci, dotées de riches costumes et d’expressions du visage propres à chacune, sont confectionnées par des maîtres artisans. Le genre a pris son nom actuel, Ningyo Johruri Bunraku à la fin du dix-neuvième siècle, le Bunrakuza étant un théâtre célèbre de l’époque.
Aujourd’hui, il est principalement joué au Théâtre national Bunraku d’Osaka, mais sa troupe de grand renom se produit également à Tokyo et sur d’autres scènes régionales. Des 700 pièces écrites à l’époque Edo, à peine 160 figurent encore au répertoire. Les représentations, qui duraient autrefois toute la journée, ont été réduites de six à deux ou trois actes. Le Ningyo Johruri Bunraku a été proclamé « Bien culturel immatériel important » en 1955. Il attire aujourd’hui de nombreux jeunes artistes, et les qualités esthétiques ainsi que le contenu dramatique des pièces continuent de séduire le public contemporain.