Décision du Comité intergouvernemental : 19.COM 7.D.2

Le Comité

  1. Prend note que l’Ukraine a proposé le programme de sauvegarde de la tradition de la kobza et de la vielle à roue (n  02136) en vue de sa sélection et de sa promotion par le Comité en tant que programme, projet ou activité reflétant le mieux les principes et objectifs de la Convention :

La tradition ukrainienne de la kobza et de la vielle à roue est une tradition musicale nomade, à laquelle participent des musiciens malvoyants qui chantent et jouent des instruments à cordes tels que la kobza. Devenir joueur de kobza impliquait traditionnellement des rites d’initiation conditionnés par une connaissance approfondie de la musique et du langage secret des praticiens. Afin de réglementer leurs activités et protéger leurs droits, les interprètes ont créé des guildes, ou tsekhs. Dans les années 1920 et 1930, ils ont dû faire face à de nombreux défis ainsi qu’à des poursuites mais dans les années 1980, les derniers porteurs ont rétabli le système du tsekh afin de sauvegarder la tradition. Leur objectif était de transmettre les connaissances, les compétences et les normes sociales correspondantes par le biais d’un programme d’apprentissage à long terme basé sur des conférences, des cours et des classes pratiques. Conformément à la tradition, les tsekhs actuels travaillent avec des personnes souffrant de déficiences visuelles. Ils mettent en œuvre des programmes avec des praticiens et établissent des partenariats avec des musées et des instituts de recherche. Financés par le financement participatif et les dons, les tsekhs promeuvent la pratique et augmentent la visibilité de la tradition de la kobza et de la vielle à roue en participant à divers événements, notamment des conférences de presse, des festivals, des représentations et des rencontres avec les jeunes.

  1. Considère que, sur la base des informations contenues dans le dossier, le programme répond comme suit aux critères de sélection, en tant que bonne pratique de sauvegarde, tels qu’énoncés au paragraphe 7 des Directives opérationnelles :

P.1 :  L’objectif principal du programme de sauvegarde est de soutenir, de protéger et de maintenir la tradition de la kobza et de la vielle à roue. Il s’agit d’un système d’apprentissage maître-apprenti basé sur des cours et des leçons pratiques. Elle consiste en un ensemble obligatoire de connaissances, de compétences et de normes sociales, en l’apprentissage du jeu et de l’étude des œuvres épiques, ainsi qu’en l’acquisition de connaissances en matière de fabrication d’instruments de musique. La visibilité de la kobza est encouragée par les médias, les représentations et la participation des jeunes. Les tsekhs sont financés par le financement en ligne et les dons.

P.2 :  Le programme est mené au niveau national et n’inclut aucune collaboration régionale ou internationale. Les pratiques de transmission et de sauvegarde sont mises en œuvre en Ukraine dans les communautés de Kiev, Kharkiv et Lviv, entre autres.

P.3 :  Conformément à l’esprit de la Convention, le programme prévoit un processus décisionnel démocratique et inclusif impliquant les détenteurs et une forte participation de la communauté. Le rôle actif de la communauté dans la création, le développement et la sauvegarde de la tradition de la kobza est fondé sur les principes d’une large inclusion et d’une diversité créative.

P.4 :  Les activités de programme menées par les kobzar tsekhs ont renforcé la viabilité de la tradition et accru sa visibilité par le biais de publications, d’enregistrements et de réseaux sociaux, en particulier au plus fort de la pandémie de COVID-19. La restauration récente des ateliers de kobzars de Moschun illustre l’efficacité du programme. Les partenariats et les collaborations entre les kobzar et les musées communautaires afin d’interpréter la tradition dans les festivals et les lieux de mémoire ont contribué à la viabilité et à la visibilité du patrimoine culturel immatériel associé.

P.5 :  La stratégie de sauvegarde de la tradition de la kobza et de la vielle à roue est directement mise en œuvre par les porteurs et les praticiens de la tradition. Les membres des tsekhs et d’autres experts contrôlent la mise en œuvre du programme, y compris le test, l’évaluation et l’adaptation de tous les éléments. Le programme encourage l’échange d’expériences par le biais de séminaires, de tables rondes et de festivités.

P.6 :  Le dossier indique l’existence de traditions et de pratiques similaires dans les pays voisins de la région, ce qui montre que le programme peut servir de modèle utile pour la sauvegarde du patrimoine vivant au niveau régional. Le dossier montre également comment la pratique consistant à créer des réseaux et des associations de guildes guidés par des principes et des règles importants contribue à la résilience du patrimoine culturel immatériel face aux désastres. Des traditions similaires existent en Roumanie, en République de Moldova et en Bulgarie, et le programme peut servir de modèle utile pour la sauvegarde du patrimoine vivant dans la région.

P.7 :  L’État partie confirme la volonté et l’engagement de la communauté à coopérer à la diffusion des bonnes pratiques de sauvegarde. La diffusion et l’échange d’expériences peuvent se faire par le biais de publications et de présentations lors d’expositions, de foires artisanales, de festivals et de consultations bilatérales. Les formulaires de consentement attestent de l’engagement de la communauté à diffuser les bonnes pratiques.

P.8 :  Le dossier de candidature fournit des informations pour l’évaluation des résultats. Entre 1980 et 2022, plus de 80 maîtres et interprètes ont participé au programme, plus de 70 découvertes scientifiques ont été faites et 1 500 enregistrements de photos et de vidéos ont été créés.

  1. Décide de sélectionner le programme de sauvegarde de la tradition de la kobza et de la vielle à roue en tant que programme, projet ou activité reflétant le mieux les principes et objectifs de la Convention.

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