Le Comité
- Prend note que l’Arabie saoudite et le Koweït ont proposé la candidature du tissage traditionnel Al Sadu (n 01586) pour inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité :
Le tissage traditionnel Al Sadu est un textile tissé traditionnel fabriqué par les Bédouines : en arabe, le mot « Al Sadu » désigne le tissage effectué dans le sens horizontal. Il s’agit d’un tissage uni à effet chaîne réalisé sur un métier placé à même le sol. L’étoffe ainsi obtenue est un textile serré, solide et durable, et les tisserandes utilisent les fibres naturelles qu’elles trouvent dans leur environnement. Les motifs du tissu bédouin reflètent l’environnement désertique sous une forme simple et pure, en associant des formes géométriques qui se succèdent selon une cadence rythmique et symétrique. Les tisserandes utilisent également des couleurs vives, comme des tons de rouge et d’orange, pour égayer leur cadre de vie. La beauté de chaque objet tissé repose sur la qualité du filage et du tissage, ainsi que sur l’expertise de la tisserande : plus le fil est fin, plus la structure et le motif sont marqués et délicats. Les principales détentrices du tissage Al Sadu sont les maîtresses-tisserandes, des Bédouines plus âgées. Elles jouent un rôle essentiel dans la transmission des savoir-faire à d’autres praticiennes de l’élément, le plus souvent au sein du foyer. Par ailleurs, les associations et les organisations éducatives contribuent à la transmission de ces savoir-faire et de ces connaissances à travers des cours ou des ateliers. Aujourd’hui, le tissage est un loisir ou une source de revenus pour les détentrices et les praticiennes. Les objets tissés témoignent de l’importance du rôle des femmes dans la société bédouine. De nos jours, le tissage Al Sadu désigne moins l’objet fonctionnel que l’objet vecteur d’une tradition et d’une culture profondément enracinée.
- Estime que, d’après les informations contenues dans le dossier, la candidature satisfait aux critères d’inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité comme suit :
R.1 : L’Al Sadu est un textile tissé traditionnel fabriqué par les Bédouines. Les principales détentrices du tissage Al Sadu sont les maîtresses-tisserandes, des Bédouines plus âgées. Les praticiennes peuvent être leurs filles, des femmes de leur tribu et d’autres personnes intéressées par la pratique des artisanats traditionnels. Le rôle du genre est bien démontré dans le dossier : les femmes, quel que soit leur âge, jouent un rôle crucial dans la préservation et le développement de l’élément, ce qui leur donne davantage d’autonomie. La transmission de l’élément se fait principalement au sein du foyer, où les grands-mères apprennent le tissage à d’autres femmes. Le tissage Al Sadu symbolise les relations sociales et familiales. De nos jours, le tissage Al Sadu est plus axé sur l’aspect esthétique, en lien avec un contexte historique. C’est un élément respectueux de l’environnement et compatible avec un développement durable. La description de l’élément et l’identification des détenteurs témoignent du dynamisme de la pratique dans le temps, en raison de son lien avec l’environnement social et naturel.
R.4 : Les États parties soumissionnaires ont prouvé la participation des communautés, groupes et individus concernés au processus de candidature, tant dans chaque État que pour la constitution du dossier de candidature multinationale. Ce dossier montre de manière structurée comment les communautés, groupes et individus concernés ont contribué. Il illustre également bien le consentement des personnes et acteurs impliqués, à la fois dans le dossier de candidature lui-même et dans les lettres de consentement fournies par les deux États parties. La plupart de ces lettres de consentement ont été signées par des femmes de tous âges qui jouent un rôle crucial dans l’entretien et le développement de l’élément. Les États parties soumissionnaires ont déclaré qu’il n’existait aucune restriction ni aucune pratique coutumière régissant l’accès à l’élément.
R.5 : En Arabie saoudite, l’élément a été inclus dans l’Inventaire national du patrimoine culturel immatériel en 2018, puis dans l’Inventaire du patrimoine immatériel d’Arabie saoudite en 2019. Dans ces deux inventaires, les contextes fournis et les numéros d’enregistrement correspondent. Au Koweït, l’élément est inscrit sur la Liste de l’inventaire national du patrimoine culturel immatériel depuis 2017.
- Décide que, sur la base des informations fournies par les États parties au Comité au cours de sa présente session, les critères d’inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité suivants sont satisfaits :
R.2 : L’inscription de l’élément sur la Liste représentative devrait stimuler l’intérêt pour cette pratique artisanale et pour la découverte de pratiques connexes grâce au contact avec la tradition, particulièrement chez les jeunes. Cela permettrait aux personnes concernées de mieux comprendre leur patrimoine familial. Les informations fournies démontrent de quelle manière l’inscription contribuerait à assurer la visibilité du patrimoine culturel immatériel aux niveaux local, national et international. En outre, le dossier met l’accent sur la promotion de la créativité humaine, grâce à l’utilisation du tissage Al Sadu par des créateurs et des artistes dans divers produits contemporains. Le dossier indique des exemples qui montrent le rôle des artisans dans ce processus, mais aussi l’impact potentiel de ces usages commerciaux et artistiques sur l’élément.
R.3 : La viabilité de l’élément étant satisfaisante, des mesures de sauvegarde détaillées ne sont pas nécessaires. Les rapports annuels des sociétés locales mentionnées montrent qu’un nombre croissant de femmes ont suivi des ateliers de tissage Al Sadu et en ont bénéficié financièrement. De plus, pour alléger certaines des contraintes financières, des partenariats publics et privés ont été mis en place avec succès pour sponsoriser des événements et des ateliers. En outre, les informations démontrent comment les détentrices – c’est-à-dire les tisserandes elles-mêmes – ont participé à la préparation des mesures de sauvegarde proposées.
- Décide d’inscrire le tissage traditionnel Al Sadu sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité.