Le Comité
- Prend note que l’Italie et la France ont proposé la candidature de l’art de la perle de verre (n 01591) pour inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité :
L’art de la perle de verre est étroitement lié à la richesse des connaissances et à la maîtrise d’une matière, le verre, et d’un élément, le feu. Cet art recouvre des connaissances spécifiques et des savoir-faire partagés, renvoie à des procédés et des outils artisanaux particuliers et inclut différentes étapes. En Italie, les savoir-faire techniques liés à la fabrication revêtent deux formes : 1) les perles a lume (au chalumeau) et 2) les perles da canna, réalisées en sectionnant, adoucissant et polissant une canne creuse. En France les perles en verre plein sont réalisées au chalumeau et, par rotation et par gravité du verre chaud, prennent une forme ronde. Quant aux perles creuses, elles sont élaborées soit sur un mandrin, soit en soufflant dans une canne creuse. L’élaboration plus complexe des murrines, qu’on retrouve dans les deux États, consiste à assembler autour d’un noyau des cannes de verre multicolores. Les perles sont ensuite décorées et utilisées de diverses manières. Dans les deux États parties, la pratique se transmet surtout de manière informelle dans des ateliers où les apprentis acquièrent les savoirs principalement par l’observation, l’expérimentation et la répétition des gestes, sous le regard vigilant des artisans experts. La transmission peut également se faire dans le cadre d’enseignements formels dispensés par des établissements techniques. Les cadeaux faits de perles de verre marquent certains événements et certaines occasions sociales. Vecteur de promotion de la cohésion sociale, la pratique valorise également la dextérité manuelle et l’artisanat. Les détenteurs et les praticiens se reconnaissent dans une identité collective faite de souvenirs et d’espaces partagés.
- Estime que, d’après les informations contenues dans le dossier, la candidature satisfait aux critères d’inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité comme suit :
R.1 : Le dossier de candidature explique les caractéristiques de l’élément, ainsi que certaines différences entre sa pratique en France et en Italie. Toutefois, il met en avant les aspects communs du travail des détenteurs, le partage de savoir-faire et le dynamisme créatif qui résulte de ce partage. Les détenteurs français et italiens tirent un sentiment d’appartenance des valeurs culturelles partagées, des innovations (par exemple les mandrins en cuivre et en inox), des techniques empruntées à d’autres zones géographiques et d’un vocabulaire particulier qui s’inspire d’autres activités (comme la cuisine ou la couture). Cette pratique artisanale favorise également la professionnalisation et l’émancipation des femmes. Le dossier de candidature souligne aussi l’attention portée au recyclage des matériaux, moyen de stimuler la créativité et de contribuer au développement durable.
R.2 : Le processus de candidature lui-même a établi un nouveau dialogue entre les communautés des deux États soumissionnaires. L’inscription de l’élément contribuerait à sensibiliser le public à l’importance du patrimoine culturel immatériel dans les deux États au niveau local, à partir de l’exemple d’une pratique qui allie savoirs, compétences manuelles et sensibilité environnementale. Au niveau international, grâce aux échanges et aux réseaux existants, l’inscription permettrait de consolider, d’intensifier et d’élargir à d’autres secteurs artisanaux les ateliers didactiques déjà mis en place, et de favoriser ainsi la visibilité des savoir-faire associés à d’autres pratiques immatérielles.
R.3 : La viabilité de l’élément est assurée par les communautés, groupes et individus concernés, par sa pratique et par l’organisation de stages informels proposés aux détenteurs individuels. Les États parties soumissionnaires ont contribué à la viabilité de l’élément en promulguant des lois régionales qui soutiennent l’artisanat et permettent à de nombreux détenteurs de créer leurs entreprises. La viabilité de l’élément a également été assurée par l’organisation de stages, de travaux de recherche de documentation et d’expositions. La candidature décrit en particulier les initiatives conjointes menées par les communautés en Italie et en France, dont la création d’un site Internet multilingue et d’un festival international. Les communautés, groupes et individus concernés ont activement participé à l’élaboration des mesures de sauvegarde.
R.4 : Le dossier de candidature montre que les communautés, groupes et individus concernés ont participé au processus de candidature depuis 2013 par le biais de réunions et de rencontres. Par ailleurs, un comité de pilotage de cette candidature multinationale a été créé en 2018. Tout au long du processus de candidature conjointe, les parties prenantes ont organisé à plusieurs occasions des réunions du comité visant à prendre en compte les informations issues des différentes rencontres et des réunions des groupes de travail organisées pour élaborer la candidature. Les lettres de consentement attestent l’adhésion des communautés et institutions concernées.
R.5 : En France, l’élément figure à l’Inventaire national du patrimoine culturel immatériel depuis 2018. Cet inventaire est mis à jour dès que nécessaire par le Ministère de la culture, à la demande de la communauté. En Italie, l’élément a été inscrit à l’Inventaire national des éléments du patrimoine culturel immatériel en 2019. Cet inventaire, fondé sur les principes d’inclusivité et d’accessibilité, est tenu et mis à jour sur demande par le service ad hoc du Ministère pour des biens et activités culturels. Le dossier explique clairement les différentes étapes du processus d’élaboration des inventaires : identification, définition, collecte et traitement des informations avec la participation active de la communauté des détenteurs.
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Décide d’inscrire l’art de la perle de verre sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité ;
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Félicite les États parties pour ce dossier bien préparé qui montre bien dans quelle mesure l’inscription d’un élément sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité peut contribuer à la visibilité du patrimoine culturel immatériel en général et favoriser une prise de conscience de son importance, et qui souligne que les communautés concernées peuvent jouer un rôle actif dans la sauvegarde d’un élément et tout au long du processus de candidature ;
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Rappelle aux États parties que la mise à jour est un aspect important du processus d’élaboration des inventaires et les invite à inclure, dans leurs prochains rapports périodiques sur la mise en œuvre de la Convention au niveau national, des informations détaillées sur la périodicité et les modalités de la mise à jour de l’Inventaire national du patrimoine culturel immatériel (France) et de l’Inventaire national des éléments du patrimoine culturel immatériel (Italie), conformément à l’article 12.1 de la Convention.