Le Comité
- Prend note que l’Indonésie et la Malaisie ont proposé la candidature du pantun (n 01613) pour inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité :
Le pantun est une forme de poésie malaise qui permet d’exprimer des idées et des émotions complexes. C’est la forme d’expression orale la plus répandue en Asie du Sud-Est maritime, employée dans de nombreux secteurs de la région depuis au moins 500 ans. Le pantun suit le rythme a-b-a-b. La forme à quatre vers est la plus populaire. Le pantun peut être transmis en musique, en chanson ou à l’écrit. Plus de soixante-dix pour cent des compositions expriment l’amour pour son/sa partenaire, sa famille, la communauté ou la nature. Les vers peuvent être déclamés à l’occasion de mariages, de rites coutumiers et de cérémonies officielles. Le pantun représente un moyen plus acceptable socialement de s’exprimer de manière indirecte en étant courtois. Il s’agit également d’un instrument de morale car ses vers comprennent souvent des valeurs religieuses et culturelles telles que la retenue, le respect, la bonté et l’humilité. Le pantun joue également un rôle diplomatique pour la résolution des conflits car il permet de parler de sujets importants avec une certaine sensibilité. Il fait également l’éloge de l’harmonie avec la nature et de la souplesse dans les relations humaines. Le pantun est enseigné de façon formelle dans les écoles et les ateliers à vocation artistique et par des moyens informels.
- Estime que, d’après les informations contenues dans le dossier, la candidature répond aux critères d’inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité comme suit :
R.1 : Les États parties ont décrit les fonctions sociales et les significations culturelles que revêt de nos jours le pantun pour les communautés. L’élément met en avant l’équilibre, l’harmonie et la souplesse dans les interactions et les relations humaines ainsi qu’une relation harmonieuse entre les êtres humains et le milieu naturel. Le dossier démontre le caractère de l’élément comme moyen d’exprimer des idées, de se divertir et de communiquer, quelle que soit son origine, sa nationalité ou sa religion. Il se transmet à la fois dans le cadre d’activités quotidiennes et par le biais de canaux plus formels en lien avec les rituels et coutumes. Cette expression poétique est présente dans la vie quotidienne en Indonésie, en Malaisie et dans d’autres pays d’Asie du Sud-Est ; elle occupe une place au sein des familles et des communautés, ainsi qu’à l’occasion de cérémonies officielles ou encore dans les médias.
R.2 : La candidature montre que l’inscription de l’élément permettrait de sensibiliser le public au patrimoine culturel immatériel et à la Convention au niveau national en Malaisie et en Indonésie. Elle expose également comment l’inscription améliorerait la visibilité du pantun ainsi que celle d’autres formes partagées de tradition orale et du patrimoine culturel immatériel en Indonésie et en Malaisie. En outre, il est attendu que l’inscription renforce les liens entre les communautés transnationales qui pratiquent le pantun et attire l’attention à l’échelle internationale sur des exemples de traditions orales qui sont aujourd’hui adaptées au processus de mondialisation.
R.4 : L’initiative et la préparation de la candidature ont été supervisées par les structures administratives des deux pays. Les États ont décrit l’implication des communautés concernées par la tradition ainsi que celle de la plupart des différentes parties prenantes dans le cadre de la planification et de la préparation du dossier de candidature. Cette implication a pris la forme d’ateliers, de réunions et de séances d’information visant à produire les documents nécessaires à la candidature.
- Estime en outre que, sur la base des informations contenues dans le dossier et fournies par les États soumissionnaires dans le cadre du processus de dialogue, le critère d’inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité suivants est satisfait :
R.5 : La candidature indique que le pantun, tel qu’il est pratiqué dans différentes régions d’Indonésie, a été inclus dans l’Inventaire indonésien du patrimoine culturel immatériel, en 2014, 2016 et 2018. L’inventaire est tenu par le Ministère de l’éducation et de la culture. En Malaisie, le pantun a été inclus en 2009 dans le Registre en vertu de la loi de 2005 sur le patrimoine national, qui est tenu par le Département du patrimoine national. L’information de l’inventaire liée au pantun sera mise à jour suivant les dernières informations obtenues de toutes les parties concernées, dont les agences gouvernementales, le secteur du privé, les organisations non gouvernementales, les communautés et individus.
- Décide que, sur la base des informations fournies par les États parties au Comité au cours de sa présente session, le critère d’inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité suivant est satisfait :
R.3 : Bien qu’elles soient plutôt générales et abstraites, les mesures de sauvegarde proposées sont présentées de manière structurée, en mettant l’accent sur les institutions responsables de leur mise en œuvre dans chaque État ainsi que sur les organisations non gouvernementales et la communauté pertinente. Les mesures proposées visent également à promouvoir l’élément permettant la sensibilisation au pantun et traitent de manière adéquate la transmission des connaissances parmi les mesures de sauvegarde. Les informations sur les mesures de sauvegarde visant à atténuer les menaces à l’encontre de l’élément ont été indiquées, notamment : le travail d’inventaire ; la documentation et la recherche ; la sauvegarde dans le cadre d’un instrument juridique ; l’encouragement de l’implication de la communauté dans les mesures de sauvegarde du pantun ; ainsi que le dialogue international et la promotion. En outre, le dossier a clairement démontré comment les communautés, les groupes et les individus concernés ont participé à la préparation des mesures de sauvegarde passées, actuelles et futures, notamment dans plusieurs programmes, tels que le groupe de discussion organisé par les deux États parties.
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Décide d’inscrire le pantun sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité ;
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Rappelle aux États parties l’importance de garantir la participation la plus active possible des communautés concernées dans chaque aspect associé à la mise en œuvre des mesures de sauvegarde ;
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Encourage les États parties, lors de la soumission future de dossiers de candidature, à éviter les lettres de consentement standardisées et à fournir des lettres de consentement actualisées ;
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Rappelle qu’il est important d’utiliser un vocabulaire conforme à l’esprit de la Convention.