Le Comité
- Prend note que la Croatie a proposé la candidature des fêtes de la Saint-Tryphon et le kolo (danse en cercle) de la Saint-Tryphon, traditions des Croates de la baie de Kotor vivant en République de Croatie (n 01472) pour inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité :
Depuis le dix-neuvième siècle, les Croates originaires de la baie de Kotor au Monténégro forment des communautés très soudées dans les villes croates de Rijeka, Zagreb, Pula, Dubrovnik et Split. Aujourd’hui, ce groupe minoritaire est connu sous le nom des Croates de la Boka et leur tradition s’articule autour de deux principaux événements : le jour de la Saint-Tryphon le 3 février et les « nuits de la Boka » en février et en mars. Ces rassemblements constituent un symbole fort de leur identité et visent à les reconnecter avec leur culture maritime. Les hommes revêtent des uniformes traditionnels de marins et d’officiers. Avant l’office religieux du jour de la Saint-Tryphon, le « Jeune amiral, » un rôle qui se transmet souvent de père en fils, mémorise et récite un texte long. Ensuite, une danse en cercle est exécutée par les membres de la marine de la Boka en costume traditionnel. Les douze figures de cette danse symbolisent les caractéristiques de la vie en mer. Les détenteurs de l’élément sont les Croates de la Boka réunis en confréries. Les hommes jouent différents rôles dans le cadre du rituel tandis que les femmes préparent les plats traditionnels. L’élément célèbre un sentiment d’appartenance à la culture de la Boka, ainsi que des valeurs de tolérance et de dialogue. Les rassemblements cherchent souvent à venir en aide à des membres des communautés, des familles et des étudiants.
- Estime que, d’après les informations contenues dans le dossier, la candidature satisfait au critère d’inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité suivant :
R.5 : L’élément a été inscrit sur le Registre des biens culturels de Croatie en 2015. La proposition a été soumise et remplie par les représentants des communautés concernées. L’inventaire est mis à jour au moins une fois tous les cinq ans par la Direction pour la protection du patrimoine culturel du Ministère de la culture de la République de Croatie.
- Estime en outre que les informations contenues dans le dossier ne sont pas suffisantes pour permettre au Comité de déterminer si les critères d’inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité suivants sont satisfaits :
R.1 : Bien que le dossier de candidature présente un groupe d’activités, de pratiques et de rituels, la description n’identifie pas clairement les caractéristiques qui définissent l’élément. Les documents présentés incluent des informations sur la relation passée de l’élément et des communautés concernées avec la Baie de Kotor. Cependant, le dossier ne continent pas suffisamment d’explications sur la nature et les fonctions culturelles et sociales de l’élément dans la situation actuelle en République de Croatie. En outre, le dossier ne montre pas la relation de l’élément avec les communautés concernées ou la relation entre les différentes communautés.
R.2 : Le dossier n’explique pas comment l’inscription de l’élément pourrait contribuer à assurer la visibilité du patrimoine culturel immatériel en général. Les informations se concentrent plutôt sur la visibilité et sur la sensibilisation à l’élément lui-même en soulignant l’importance de l’élément pour l’identité au niveau local. En outre, les informations apportées ne démontrent pas de manière convaincante que l’inscription de l’élément permettrait ou encouragerait le dialogue entre les communautés concernées. Bien que l’accent mis sur les aspects internationaux de l’élément soit expliqué pour le critère R.2, il n’est pas suffisamment reflété dans les autres parties de la candidature, dans lesquelles seule une communauté particulière est mise en avant.
R.3 : Alors que la candidature propose un large éventail de mesures de sauvegarde pour l’élément, lorsqu’il s’agit du soutien de l’État partie à ces mesures, la candidature mentionne uniquement l’inscription de l’élément sur le Registre national des biens culturels. Une description plus concrète et plus détaillée du soutien du gouvernement est nécessaire afin de pouvoir évaluer la faisabilité des mesures de sauvegarde proposées. De plus, le dossier de candidature n’explique pas assez comment les communautés, groupes ou individus concernés ont été impliqués dans la planification et la mise en œuvre des mesures de sauvegarde.
R.4 : Le dossier décrit un processus qui comprend des confréries et leurs dirigeants puis des réunions avec les experts publics. En 2018, des échanges internes ont eu lieu au sujet des lettres de soutien ainsi que la préparation des documents. Toutefois les informations contenues dans le dossier sont insuffisantes pour appréhender les mécanismes et la méthodologie de travail avec les communautés et en quelle façon elles ont participé à l’ensemble du processus de candidature. Bien qu’un grand nombre de lettres de consentement aient été fournies, elles ne démontrent pas l’engagement de toutes les communautés impliquées dans la candidature.
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Décide de renvoyer la candidature des fêtes de la Saint-Tryphon et le kolo (danse en cercle) de la Saint-Tryphon, traditions des Croates de la baie de Kotor vivant en République de Croatie à l’État partie soumissionnaire ;
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Encourage l’État partie, lors de la soumission future de dossiers de candidature, de réfléchir à la manière dont l’inscription de l’élément sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité garantirait que toutes les communautés, groupes et individus concernés soient au cœur des efforts de sauvegarde et comment cela encouragerait le dialogue ;
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Rappelle qu’il est important d’utiliser un vocabulaire conforme à l’esprit de la Convention et d’éviter des termes comme « unique » ou « spécifique ».