Le Comité
- Prend note que la Zambie a proposé la candidature de la danse budima (n 01567) pour inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité :
La danse budima est une danse de guerriers exécutée tout au long de l’année par le peuple wé lors de manifestations solennelles et spirituelles, en particulier à l’occasion de cérémonies traditionnelles, de processions funéraires, de mariages, de cérémonies d’initiation, de cérémonies d’investiture des chefs, de cérémonies de remerciements, de célébrations des récoltes et d’activités rituelles. Les danseurs se dotent de divers accessoires : lances, sifflets, cannes, knobkerries, flûtes, haches cérémonielles, boucliers, cors/trompettes, tambours et crécelles. Hommes, femmes et enfants participent à cette danse. Les hommes incarnent des guerriers ou des soldats qui manient avec adresse de longues lances tout en effectuant des sauts. Ils avancent et reculent dans le cercle de danseurs, en brandissant leurs lances dans des gestes qui évoquent la guerre. D’autres jouent de la trompette ou de la flûte, instruments à une note fabriqués en corne d’antilope, et chantent. D’autres encore battent des tambours, petits ou grands. Les femmes portent des colliers et des bracelets de perles, ainsi que des crécelles aux pieds. Elles chantent en chœur et dansent vigoureusement. Les jeunes acquièrent les connaissances et les savoir-faire liés à l’élément par l’observation et la pratique. Au cours de cérémonies d’initiation, ils apprennent également ce qui fait l’importance de cette danse, comment l’exécuter et comment fabriquer certains instruments. La danse budima est un facteur d’unité pour les membres des communautés concernées, qui en sont très fiers et qui sont libres de se joindre aux danseurs à tout moment.
- Estime que, d’après les informations contenues dans le dossier, la candidature satisfait aux critères d’inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité comme suit :
R.1 : Les différents aspects de l’élément sont clairement définis, notamment sa relation avec les communautés concernées (principalement les Wés, branche du groupe ethnique des Tonga), son étendue géographique, son évolution, sa transmission par l’observation et la participation (libre) et ses fonctions, qui ont évolué au fil du temps et selon le contexte. Des informations concernant les fonctions sociales et les significations culturelles de l’élément sont incluses dans le dossier : la danse est pratiquée tout au long de l’année à des fins de divertissement mais aussi pendant des manifestations sociales et spirituelles ou encore à l’occasion de cérémonies traditionnelles et d’activités rituelles. L’élément est un facteur d’unité pour les membres des différentes communautés. Les connaissances et savoir-faire associés à la danse budima sont principalement transmis aux jeunes par l’observation et la pratique de la danse lorsque celle-ci se produit, puisque tout le monde peut participer, sans restriction.
R.2 : Le dossier porte tant sur la visibilité de l’élément aux différents niveaux et sur son évolution dans le temps que sur la mesure dans laquelle son inscription contribuerait à assurer la visibilité du patrimoine culturel immatériel en général. Par exemple, cet objectif pourrait être atteint en améliorant l’élaboration des inventaires par les communautés et en renforçant l’appréciation des autres éléments du patrimoine vivant. Le dossier souligne que cette danse est un facteur d’unité qui renforce la fierté et l’identité culturelle des communautés tout en favorisant le dialogue.
R.3 : Le dossier décrit en détail la mise en œuvre générale de la Convention au niveau national (renforcement des capacités, formation universitaire sur le patrimoine culturel immatériel, élaboration d’inventaires). L’État partie a démontré que les communautés locales comme l’État lui-même avaient soutenu la pratique de la danse et préservé sa viabilité. Les mesures de sauvegarde incluent la formation des groupes de danseurs, l’organisation d’ateliers de renforcement des capacités, le déploiement de programmes de sensibilisation, l’élaboration d’inventaires par les communautés, la production de documents, le renforcement de la structure des groupes de danse existants et la création de groupes de danse dans les écoles. Le dossier de candidature montre que le gouvernement soutient les mesures proposées et leur mise en œuvre. Il décrit également l’implication des détenteurs locaux dans le développement et le déploiement de mesures de sauvegarde.
R.4 : Les communautés concernées ont activement participé à la préparation de la candidature de la danse budima. Avant que leur consentement soit recueilli, les trois chefs et leurs communautés ont reçu des visites visant à leur expliquer leur rôle dans la mise en œuvre de la Convention en lien avec la sauvegarde de leurs pratiques culturelles, ainsi que l’importance des candidatures pour inscription sur la Liste représentative. La participation et l’obtention du consentement des communautés concernées ont été bien préparées et adaptées au contexte. En témoignent le dossier lui-même, ainsi que le film et les documents joints pour faire état du consentement des communautés. Les règles limitant partiellement l’accès à l’élément sont également clairement expliquées.
R.5 : L’élément a été inclus dans l’Inventaire national et dans les inventaires respectifs de plusieurs provinces et districts entre 2015 et 2018. La candidature indique que les communautés concernées, soutenue par ses chefs traditionnels, a identifié la danse budima en tant qu’élément du patrimoine culturel immatériel de la Zambie méritant d’être sauvegardé. Elle a travaillé pour cela en collaboration avec le responsable des affaires culturelles du district de Choma. Le Département des arts et de la culture, qui dépend du Ministère du tourisme des arts, prépare avec le Comité du patrimoine culturel immatériel national, des examens trimestriels des inventaires et des mises à jour annuelles de l’Inventaire national.
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Décide d’inscrire la danse budima sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité ;
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Invite l’État partie à se concentrer sur des mesures plus ciblées visant à sauvegarder l’élément lui-même, et non pas le patrimoine culturel immatériel en général ;
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Encourage l’État partie à éviter, dans ses prochains dossiers de candidature, d’utiliser des questionnaires afin de recueillir le consentement libre, préalable et éclairé des communautés, groupes et individus concernés.