Le Comité
- Prend note que les Émirats arabes unis ont proposé la candidature d’Al aflaj, système traditionnel d’irrigation aux ÉAU, traditions orales, connaissances et savoir-faire liés à sa construction, à son entretien et à la distribution équitable de l’eau (n 01577) pour inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité :
Les al aflaj et les traditions orales, connaissances et savoir-faire liés à leur construction, à leur entretien et à la distribution équitable de l’eau constituent une source de fierté pour les communautés concernées. Ce système traditionnel d’irrigation repose sur un tunnel souterrain conduisant l’eau sur de longues distances, depuis une source souterraine jusqu’à un bassin accessible aux communautés. L’eau suit une pente progressive des hauts plateaux jusqu’aux plaines, les tunnels souterrains limitant l’évaporation. Les al aflaj se composent également d’un réseau de canaux superficiels qui servent à distribuer l’eau aux exploitations agricoles locales. Le système des al aflaj est fondé sur des connaissances et pratiques ancestrales en lien avec la nature et l’univers. Il s’appuie également sur une expertise ancienne permettant de trouver des sources d’eau en étudiant le type de végétation et d’autres indications, sur des savoir-faire traditionnels en matière de forage et d’entretien du système d’irrigation et sur la distribution équitable de l’eau. Les membres des communautés contribuent à l’entretien des al aflaj et aident à enlever la boue des tunnels. Ces connaissances et expériences sont transmises de génération en génération depuis 3 000 ans. Les connaissances liées à l’élément sont transmises à travers l’instruction et le partage d’expérience, mais aussi par d’autres moyens tels que des excursions proposées aux écoliers. Depuis des siècles, les al aflaj fournissent de l’eau potable aux habitants et aux animaux et servent à irriguer les terres agricoles de cette région aride. Ils reflètent l’esprit créatif dont la communauté fait preuve pour faire face au manque d’eau et au milieu désertique.
- Estime que, d’après les informations contenues dans le dossier, la candidature satisfait aux critères d’inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité comme suit :
R.1 : L’utilisation par les communautés des ressources en eau et son système de distribution équitable sont axés sur l’utilisation durable des ressources naturelles. La pratique repose sur des efforts collectifs, l’entente, la coopération et le respect mutuel. Elle favorise la cohésion au sein des communautés locales. Les communautés concernées rassemblent les habitants de l’oasis, en particulier ceux chargés de l’entretien et de la gestion des al aflaj qui ont chacun des rôles bien établis, ainsi qu’un comité d’experts des al aflaj composé d’anciens. En ce qui concerne la distribution des rôles, les praticiens sont les agriculteurs mais aussi les femmes et les enfants qui, en tant que membres des communautés, contribuent à l’entretien des al aflaj et aident à enlever la boue des tunnels. Le dossier montre bien les liens existant entre le patrimoine matériel, le patrimoine bâti et l’environnement. Les al aflaj ont fait l’objet de plusieurs œuvres littéraires et poétiques.
R.2 : L’inscription des al aflaj et des connaissances, savoir-faire et pratiques associés contribuera à stimuler l’intérêt du public pour les pratiques du patrimoine culturel immatériel, ainsi que pour les savoir-faire et connaissances relatives à l’utilisation durable des ressources naturelles. Au niveau international, les al aflaj offrent un exemple de la créativité des êtres humains, capables de s’adapter à leur environnement grâce à une méthode d’irrigation traditionnelle qui, à l’instar d’autres méthodes créatives utilisées dans de nombreuses régions du monde, enrichit le paysage culturel.
R.3 : Par le passé, les communautés, groupes et individus concernés se sont efforcés de préserver les al aflaj. Une loi relative à la protection des oasis et des al aflaj a été rédigée afin d’empêcher toute modification de l’utilisation de l’eau du système. Les futures mesures de sauvegarde seront mises en place dans le cadre d’un projet complet visant à protéger les oasis de palmiers et les al aflaj en tant qu’éléments importants du patrimoine des Émirats arabes unis. Ce projet est élaboré depuis 2013 avec le large concours des communautés concernées, parmi lesquelles des agriculteurs, des propriétaires d’exploitations agricoles, des experts et d’autres acteurs du patrimoine.
R.4 : L’initiative de la candidature des al aflaj pour inscription sur la Liste représentative découle d’une recommandation des communautés. Elles ont participé à l’ensemble du processus de candidature ; des réunions consultatives ont été organisées avec des représentants des habitants des zones où l’élément est présent. C’est ainsi que l’équipe chargée de la préparation du dossier a obtenu les informations nécessaires.
- Estime en outre que, sur la base des informations contenues dans le dossier et fournies par l’État soumissionnaire dans le cadre du processus de dialogue, le critère d’inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité suivant est satisfait :
R.5 : « Al aflaj, système traditionnel d’irrigation aux ÉAU, traditions orales, connaissances et savoir-faire liés à sa construction, à son entretien et à la distribution équitable de l’eau » a été inscrit au Registre du patrimoine culturel immatériel de l’émirat d’Abou Dhabi en décembre 2015. Le processus d’identification et de définition de l’élément Al aflaj a commencé par les préparations nécessaires à la création du Registre du patrimoine, qui ont mobilisé les communautés, groupes et individus dans le cadre de recherches sur le terrain menées par les équipes de recherche du Département de la culture et du tourisme d’Abou Dhabi. La modalité et périodicité de la mise à jour du registre sont suffisamment expliquées.
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Décide d’inscrire Al aflaj, système traditionnel d’irrigation aux ÉAU, traditions orales, connaissances et savoir-faire liés à sa construction, à son entretien et à la distribution équitable de l’eau, sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité ;
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Félicite l’État partie pour la soumission d’un dossier amélioré suite à la décision du Comité de ne pas inscrire l’élément en 2018 ;
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Recommande à l’État partie de renforcer ses efforts visant à soutenir la transmission de l’élément par les communautés, en tant que pratique relevant du patrimoine culturel immatériel tel que défini dans la Convention, plutôt que de se concentrer sur le maintien et la préservation des aspects matériels et physiques du patrimoine culturel immatériel.