Décision du Comité intergouvernemental : 19.COM 7.B.37

Le Comité

  1. Prend note que la France a proposé la candidature des savoir-faire des couvreurs-zingueurs parisiens et des ornemanistes (n 02105) pour inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité :

La zinguerie parisienne englobe les connaissances et les compétences nécessaires à la restauration des toitures des immeubles haussmanniens construits à Paris au cours du XIXème siècle. Ces toits sont caractérisés par la forme des combles et l’utilisation du zinc comme matériau pour la toiture. Le zinc est un métal léger qui réduit la taille de la charpente et augmente le volume habitable de la surface. La restauration d’une toiture consiste à enlever les anciennes pièces de zinc, à mesurer et à découper de nouvelles pièces sur mesure à l’aide d’une plieuse parisienne, puis à assembler et à fixer les pièces sur la toiture. Les ornemanistes travaillent le zinc dans leurs ateliers pour fabriquer des fenêtres, reproduire ou créer des ornements qui rehaussent la beauté de la toiture. Avec près de 80 % des toits de Paris recouverts de zinc, la ville est une archive vivante de ce savoir-faire qui façonne l’identité unique de son paysage urbain. La pratique est transmise par le biais d’un programme d’alternance, dans lequel les apprentis alternent théorie, cours pratiques et expérience pratique sur les chantiers de construction. La fierté de préserver la beauté du paysage parisien favorise les liens sociaux entre couvreurs et ornemanistes. Ce sentiment d’appartenance se manifeste par une coutume qui consiste à laisser un objet sous un morceau de toiture à la fin d’un travail, objet que les couvreurs de zinc retrouveront des décennies plus tard lorsqu’ils referont la toiture du bâtiment.

  1. Considère que, d’après les informations contenues dans le dossier, la candidature satisfait aux critères d’inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité comme suit :

R.1 :  L’élément englobe les connaissances et les compétences requises pour restaurer les toits en zinc des immeubles haussmanniens construits à Paris au cours du XIXème siècle. Près de 80 % des toits de Paris sont recouverts de zinc et l’élément démontre un lien entre le patrimoine immatériel et matériel. Les détenteurs et les praticiens sont les couvreurs-zingueurs et les ornemanistes, qui possèdent et transmettent les savoir-faire pour restaurer et décorer les toits en zinc de Paris. Les femmes et les hommes sont tous impliqués dans les réparations et les rôles, et les tâches et responsabilités sont réparties en fonction du niveau de compétence et de l’expérience. Les connaissances et les compétences liées à la pratique sont transmises par le biais d’un programme d’alternance dans lequel les apprentis alternent entre théorie, cours pratiques et expérience pratique sur les chantiers. Cet élément est une source de fierté pour la préservation de la beauté du paysage parisien et cultive un sentiment d’appartenance. Il favorise également le lien social entre couvreurs et ornemanistes.

R.2 :  Le dossier indique que l’élément contribue au développement économique inclusif en soutenant le travail décent, en créant des emplois productifs et en soutenant l’économie locale. L’élément garantit une éducation de qualité en facilitant la transmission des valeurs et des compétences essentielles. La formation des apprentis est continuellement améliorée de sorte à intégrer les dernières innovations et de se conformer aux réglementations en matière de construction. L’élément contribue également à la durabilité environnementale en utilisant principalement du zinc recyclé, qui est fondu et transformé en poudre pour être utilisé dans d’autres produits. Au cours des trente dernières années, le savoir-faire des couvreurs s’est enrichi d’une nouvelle compétence : la pose obligatoire d’une isolation thermique dans les combles. Ces compétences contribuent à réduire la consommation d’énergie et à atténuer les effets du changement climatique.

R.3 :  Les mesures de sauvegarde comprennent celles qui contribuent à la formation et à la transmission grâce à l’Eco-Campus, qui intègre la réalité virtuelle et une réplique grandeur nature d’un grenier Mansard utilisé par des praticiens expérimentés pour enseigner aux apprentis. Le Ministre de la culture a décerné le titre de « maître d’art » à un ornemaniste en 1996 et, lors de la fête annuelle du printemps, des distinctions sont remises à de jeunes couvreurs-zingueurs en reconnaissance de leur dévouement et de la qualité de leur travail. Dans le cadre des actions de promotion et de sensibilisation, le Syndicat des entreprises de génie climatique et couverture plomberie (GCCP) a publié en 2011 « Toits de Paris ou l’art des couvreurs », ainsi qu’un ouvrage présentant l’élément sous l’angle du patrimoine vivant est en cours de réalisation. En plus de financer la production de vidéos en ligne et de faciliter la formation et la transmission, le GCCP gère également un centre de documentation contenant des ressources historiques et techniques liées à l’élément, comme le « Traité de couverture », qui est mis à la disposition du public. La communauté concernée participe à des expositions qui sensibilisent les visiteurs à la beauté des toits et aux personnes impliquées dans leur restauration. Elle soutient également des initiatives telles que des projets de recherche entrepris en rapport avec l’élément.

R.4 :  Dans le cadre des préparatifs de la candidature, la communauté a désigné deux coordinateurs chargés d’assurer la liaison avec le Ministère de la culture. Les coordinateurs ont organisé des réunions avec certains représentants de la communauté et se sont engagés auprès d’elle, notamment par le biais des médias sociaux et des foires de la communauté. Ils ont rencontré des membres de la communauté sur de nombreux chantiers de construction, dans des ateliers d’ornementation et des centres de formation afin de les sensibiliser au patrimoine culturel immatériel et aux concepts de sauvegarde. Lors du festival de printemps, les coordinateurs ont tenu un stand consacré à la candidature afin d’informer la communauté des progrès accomplis et de recueillir un soutien supplémentaire en faveur de la candidature. La communauté a participé activement à la promotion de la candidature en accueillant des journalistes français et étrangers sur leurs chantiers et dans leurs écoles.

R.5 :  En 2017, l’élément a été inscrit à l’Inventaire national du patrimoine culturel immatériel en France. L’inventaire est géré par le Département de la recherche, de la promotion et du patrimoine culturel immatériel, la Délégation à l’inspection, à la recherche et l’innovation (DIRI) et la Direction générale des patrimoines et de l’architecture du Ministère de la culture. Les informations concernant la mise à jour et la périodicité de l’inventaire sont incluses dans le rapport périodique de la France, qui a été soumis en 2021.

  1. Décide d’inscrire les savoir-faire des couvreurs-zingueurs parisiens et des ornemanistes sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité ;
  2. Félicite l’État partie d’avoir proposé un élément qui s'est adapté et contribue à atténuer les effets du changement climatique et qui intègre la formation professionnelle dans les établissements d’enseignement ;
  3. Félicite en outre l’État partie pour sa vidéo bien préparée, qui met en évidence les liens entre le patrimoine vivant et le patrimoine bâti.

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