Décision du Comité intergouvernemental : 19.COM 7.B.32

Le Comité

  1. Prend note que Cuba, la République dominicaine, Haïti, le Honduras et la République bolivarienne du Venezuela ont proposé la candidature du savoir-faire et les pratiques traditionnels liés à la fabrication et à la consommation de la cassave (n 02118) pour inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité :

La cassave est un pain rond fabriqué grâce au tubercule de manioc. Le pain est généralement fabriqué à partir de la variété amère du manioc afin de pouvoir être conservé plus longtemps, bien que le manioc doux soit parfois utilisé. La cassave est généralement intégrée aux repas, mais elle peut aussi être consommée seule. À Cuba, en République dominicaine, en Haïti, au Honduras et au Venezuela (République bolivarienne du), la cassave varie en termes de saveur (salée ou sucrée), de texture (molle ou dure), de taille et d’épaisseur. Sa production commence toujours par l’épluchage, le lavage et le râpage du tubercule. La pulpe est ensuite séchée et la farine obtenue est tamisée à l’aide d’un tamis artisanal. Une pâte est préparée avec la farine et est ensuite cuite, généralement au feu de bois, sur des plaques en céramique ou en fer, selon les pays. Les connaissances et les compétences liées à la fabrication de la cassave sont généralement transmises de manière informelle, au sein des foyers et des communautés. Elles sont également transmises par les médias et les instituts culinaires. Dans la plupart des pays, la cassave est un élément essentiel de l’alimentation quotidienne et constitue un lien avec l’héritage autochtone et africain des communautés. Elle favorise la tolérance et l’unité, chaque communauté valorisant sa propre fabrication de cassave tout en reconnaissant les pratiques des autres communautés et groupes.

  1. Considère que, d’après les informations contenues dans le dossier, la candidature satisfait aux critères d’inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité comme suit :

R.1 :  La cassave est un pain rond fabriqué à partir de la variété amère du tubercule de manioc. Les détenteurs et les praticiens dans tous les États parties soumissionnaires comprennent les consommateurs, les familles, les producteurs, les associations professionnelles, les enseignants et les étudiants de l’art culinaire. La transmission des connaissances et des compétences liées à la fabrication de la cassave se fait de manière informelle au sein des foyers et des communautés. Elles sont également transmises de manière formelle par l’éducation dans les écoles et la diffusion d’informations par les médias et les livres. La cassave est un élément clé de la cuisine quotidienne et constitue un lien avec l’héritage autochtone et africain des communautés. Cet élément est utilisé pour célébrer des événements, promouvoir la tolérance, le respect mutuel, la cohésion sociale et l’unité.

R.2 :  Le dossier de candidature explique les liens de l’élément avec divers aspects du développement durable, notamment : la sécurité alimentaire, la santé, l’égalité des genres, les moyens de subsistance durables/le développement économique, la paix ainsi que la cohésion sociale. Concernant les moyens de subsistance durable, le dossier explique que la production de la cassave fait vivre des milliers de personnes et améliore la qualité de vie des détenteurs et de leurs communautés. En outre, l’élément sert de référence identitaire et contribue au maintien de la paix et du respect au sein des familles et des communautés locales. La vidéo complémentaire montre que les praticiens connaissent leurs liens ancestraux dans la région des Caraïbes. La question de la visibilité et du dialogue est démontrée par la nature multinationale de l’élément et de sa candidature.

R.3 :  Le dossier de candidature reprend les mesures de sauvegarde actuellement mises en œuvre et celles proposées après l’inscription de l’élément. Ces efforts comprennent le renforcement des capacités, la recherche et la documentation, la sensibilisation, la création d’ateliers de production artisanale et de fours, et l’inventaire. Les activités de transmission comprennent la création d’écoles de formation pour les jeunes, des efforts de promotion, des foires culinaires et la publication de magazines et de livres. Les mesures de sauvegarde des États soumissionnaires ont été élaborées en collaboration avec des hommes et des femmes, à l’aide de ressources et de stratégies méthodologiques et techniques spécifiques aux différents contextes nationaux. Le dossier explique également que les autorités gouvernementales à leurs différents niveaux, conformément aux lois nationales pertinentes, ont un rôle important à jouer dans la mise en œuvre des mesures de sauvegarde proposées pour l’élément. Bien que les États soumissionnaires aient fourni des informations sur les mesures de sauvegarde prises dans leurs pays respectifs, il aurait été souhaitable que les États parties soumissionnaires élaborent des mesures de sauvegarde conjointes conformes à l’esprit de la Convention.

R.4 :  La candidature de la tradition liée à la fabrication et la consommation de la cassave a débuté en 2019 sous la forme d’un projet des communautés de fabricants de cassave de la République dominicaine. L’invitation à participer a été envoyée à plusieurs pays d’Amérique latine et des Caraïbes qui partagent cet héritage culturel. Des dialogues ont eu lieu entre les détenteurs de chaque pays afin de communiquer sur l’idée et d’obtenir le consentement libre, préalable et éclairé des communautés pour la candidature. Les détenteurs ont rejoint des équipes de travail pour participer à des ateliers communautaires qui ont permis de sensibiliser un plus grand nombre de personnes. Si certains États parties ont soumis des séries de lettres différentes, d’autres ont soumis des lettres standardisées.

R.5 :  L’élément est répertorié dans les inventaires respectifs des États parties soumissionnaires. Le formulaire de candidature fournit des informations sur les agences responsables de la mise à jour et de la maintenance de ces inventaires et avec l’implication des communautés de détenteurs dans le processus d’inventaire. La fréquence de la mise à jour des inventaires varie en fonction de l’État, de deux fois par an à une fois tous les six ans. Les États parties ont déjà soumis des rapports périodiques sur la Convention de 2003.

  1. Décide d’inscrire le savoir-faire et les pratiques traditionnels liés à la fabrication et à la consommation de la cassave sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité ;
  2. Rappelle aux États parties, lorsqu’ils soumettront à l’avenir des dossiers de candidature, d’éviter les lettres de consentement standardisées.

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