Décision du Comité intergouvernemental : 19.COM 7.B.15

Le Comité

  1. Prend note que les Émirats arabes unis, l’Algérie, Bahreïn, l’Égypte, l’Iraq, la Jordanie, le Koweït, la Mauritanie, le Maroc, Oman, l’État de Palestine, le Qatar, l’Arabie saoudite, le Soudan, la Tunisie et le Yémen ont proposé la candidature du henné : rituels, esthétique et pratiques sociales (n 02116) pour inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité :

Le henné est un arbre à feuilles caduques qui pousse dans les régions chaudes. Considérées comme sacrées par les communautés d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient, ses feuilles sont récoltées deux fois par an, mises à sécher, puis broyées pour être transformées en pâte. Les ingrédients spécifiques et les techniques utilisées pour la préparation de cette pâte varient selon l’utilisation prévue et le pays. La pâte de henné est couramment utilisée par les femmes à des fins esthétiques, notamment pour teindre les cheveux et le bout des doigts ou pour décorer les mains et les pieds. Symbole de joie, il est utilisé dans la vie quotidienne et lors d’occasions festives telles que les naissances et les mariages. Les branches, les feuilles et la pâte de henné sont également utilisées dans l’artisanat et à des fins médicinales, notamment pour le traitement de certaines maladies de la peau. Son utilisation est souvent accompagnée de manifestations orales telles que des chants, des chansons, des proverbes et des poèmes, et est liée à des règles et des traditions sociétales vieilles de plusieurs siècles. Celles-ci comprennent le savoir-faire associé à la culture et à l’entretien de l’arbre à henné, ainsi qu’à la préparation et à l’application de la pâte. Les familles et les communautés transmettent les traditions par l’observation et la pratique. Aujourd’hui, les organisations, les centres de beauté, les universités et les médias contribuent également à leur transmission. Composante essentielle des événements traditionnels, les rituels de henné renforcent les liens sociaux et favorisent la communication.

  1. Considère que, d’après les informations contenues dans le dossier, la candidature satisfait aux critères d’inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité comme suit :

R.1 :  L’élément du henné est présent à travers toute une série d’arts, de rituels, de cérémonies et de pratiques sociales dans tous les États participants. Les détenteurs et praticiens de cet élément incluent des communautés, des groupes et des individus des deux genres 2et de différents groupes d’âge, milieux et classes sociales. Les connaissances et compétences associées à l’élément sont transmises des générations plus âgées aux plus jeunes par l’observation, l’imitation, la simulation et la pratique. Cette transmission se fait également de manière formelle dans les écoles, les centres de beauté, les organisations et les médias. Les rituels du henné ont diverses fonctions sociales et significations culturelles. Ils servent d’outil de communication sociale lors des événements traditionnels, marquent les étapes importantes de la vie et sont intrinsèquement liés aux règles et aux traditions de la société. L’arbre à henné est considéré comme un arbre béni et est associé à la pureté, à la fertilité, à la santé et à la beauté. La pâte de henné est également offerte en cadeau lors de nombreuses occasions spéciales, notamment les mariages, les pèlerinages, les naissances et les visites de lieux de culte.

R.2 :  Le dossier de candidature explique comment le henné contribue à divers aspects du développement durable. Le henné est connu pour ses propriétés thérapeutiques dans de nombreuses sociétés et est utilisé afin de traiter les plaies, les blessures et les affections. Le henné est couramment utilisé pour hydrater le corps et traiter les insolations dans les pays participants où règne un climat chaud. Cet élément contribue à renforcer la cohésion sociale dans les différentes communautés des États soumissionnaires. L’utilisation du henné lors des mariages, des fêtes et d’autres occasions sociales est également un moyen d’interagir avec la famille et les amis dans une atmosphère positive qui favorise la paix et la cohésion sociale. La culture des arbres à henné constitue une source de revenus pour les agriculteurs, les marchands et les personnes intéressées par ses propriétés médicinales. En outre, le henné a contribué à offrir des possibilités d’emploi à de larges segments de la société dans tous les États soumissionnaires. Enfin, les activités liées au henné ont quant à elles contribué à l’utilisation efficace et à la durabilité de nombreuses ressources environnementales locales. La culture des arbres à henné s’appuie sur des ressources environnementales naturelles, et aucun produit chimique n’est utilisé dans la production des cosmétiques au henné, des produits de beauté et de certains traitements alternatifs. Les détenteurs, en particulier les agriculteurs et leurs familles, veillent également à ce que les produits du henné soient conservés dans des récipients traditionnels et respectueux de l’environnement, en particulier ceux fabriqués à partir de feuilles de palmier. La culture des arbres à henné produit un minimum de déchets au sein des États soumissionnaires.

R.3 :  Des communautés, groupes et individus des États soumissionnaires ont contribué à la planification ainsi qu’à la mise en œuvre des mesures de sauvegarde par le biais de diverses réunions et ateliers organisés au cours du processus de candidature. Les praticiens et détenteurs ont organisé des réunions afin de discuter des obstacles à la pratique de l’élément et des moyens de les surmonter. Des discussions ont eu lieu avec des agriculteurs, des marchands d’herbes, des esthéticiennes, des guérisseurs traditionnels, des artisans, des ONG et d’autres détenteurs et praticiens de l’élément. Outre les réunions en face à face, plusieurs organisations de la société civile dans les pays participants ont lancé des discussions ainsi que des dialogues par le biais des réseaux sociaux, qui ont permis une communication efficace entre les différents détenteurs de l’élément. Chaque pays participant a mis en place un groupe de travail composé de représentants des praticiens et détenteurs de l’élément, incluant des personnes d’âges et de genres différents. Les objectifs de ces groupes de travail étaient d’assurer une participation large et efficace des communautés, groupes et individus concernés, et d’assurer la mise en œuvre des mesures de sauvegarde proposées, qui comprennent la transmission, la recherche et la documentation, la préservation et la protection, et la promotion.

R.5 :  Les informations concernant les inventaires dans chacun des États soumissionnaires ont été fournies dans le dossier de candidature. En outre, des informations sur les organisations qui gèrent et mettent à jour les inventaires dans les pays respectifs ont également été fournies. Des informations sur le processus d’inventaire sont également fournies dans les rapports périodiques des États soumissionnaires.

  1. Considère en outre que, d’après les informations contenues dans le dossier et fournies par les États soumissionnaires dans le cadre du processus de dialogue, la candidature satisfait au critère suivant pour une inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité :

R.4 :  Lors du Moussem de Tan-Tan au Maroc qui s’est tenu en juin 2019, plusieurs organisations de la société civile ont exprimé leur souhait d’inscrire l’élément du henné sur la Liste représentative pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel de l’humanité. L’idée a été largement accueillie par les pays participant aux activités du festival. Un coordinateur a été désigné dans chaque pays pour préparer le dossier de candidature. Chaque État a formé une équipe composée d’experts, de chercheurs, de collecteurs de données sur le terrain, de représentants des organisations de la société civile concernées et de praticiens individuels dans chaque pays respectif. L’équipe de travail sur le terrain dans chaque pays a communiqué avec les praticiens locaux de l’élément et s’est chargée de la préparation de la candidature, notamment par des activités d’inventaire et par la collecte de données, de vidéos, de photos et de lettres de consentement. Dans tous les pays participant à la candidature, des consultations et des réunions ont été organisées avec des femmes spécialisées dans les gravures au henné, des guérisseurs traditionnels, des artisans et des patrons de centres de beauté, entre autres. Ils ont identifié les mesures de sauvegarde actuelles et en ont proposé nouvelles. Les États soumissionnaires se sont réunis par l’intermédiaire de leurs représentants en septembre dans l’émirat d’Abou Dhabi afin de compiler les informations recueillies, identifier les pratiques communes et souligner l’importance de mettre en valeur la diversité des pratiques que chaque pays souhaitait mettre en avant. Une coopération a également eu lieu au niveau international entre les pays participant à la préparation du dossier de candidature grâce à l’échange d’expériences et de défis rencontrés par l’équipe de chaque pays et les moyens de surmonter ces obstacles. Le processus de préparation du dossier a abouti à un projet de déclaration publié en septembre 2022. Dans chaque État soumissionnaire, cette déclaration a été présentée aux communautés, groupes et individus concernés par l’intermédiaire de leurs représentants d’organisations de la société civile, dans le but de leur permettre de soumettre des propositions finales. Tous les commentaires ont été pris en compte lors de la publication du projet final. Bien que le processus d’implication des communautés ait été suffisamment expliqué dans le formulaire, certains États soumissionnaires n’ont fourni que quelques lettres de consentement des communautés, et la candidature aurait pu bénéficier d’un ensemble plus représentatif de lettres des communautés concernées.

  1. Décide d’inscrire le henné : rituels, esthétique et pratiques sociales sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité ;
  2. Encourage les États parties à prêter attention au risque potentiel de décontextualisation et de commercialisation excessive de l’élément et à veiller à ce que toute conséquence involontaire soit surveillée et bien gérée après l’inscription de l’élément ;
  3. Rappelle aux États parties l’importance d’assurer une large participation des communautés concernées durant toutes les phases du processus de candidature, y compris dans l’identification et la mise en œuvre les mesures de sauvegarde proposées.

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