Décision du Comité intergouvernemental : 12.COM 11.B.8

Le Comité

  1. Prend note que la Côte d’Ivoire a proposé la candidature du Zaouli, musique et danse populaires des communautés gouro de Côte d’Ivoire (n  01255) pour inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité :

Le Zaouli désigne une danse et une musique populaires pratiquées par les communautés gouro, dans les départements de Bouaflé et de Zuénoula, en Côte d’Ivoire. Hommage à la beauté féminine, le Zaouli s’inspire de deux masques : le Blou et le Djela. Son autre nom, « Djela lou Zaouli », signifie « Zaouli, la fille de Djela ». Le Zaouli associe, dans un même spectacle, la sculpture (le masque), le tissage (le costume), la musique (l’orchestre, la chanson) et la danse. Le masque Zaouli se décline en sept masques faciaux traduisant chacun une légende spécifique. Les détenteurs et les praticiens sont les sculpteurs, les artisans, les instrumentistes, les chanteurs, les danseurs et les notables (garants des coutumes et des traditions de la communauté). Le Zaouli possède une fonction éducative, ludique et esthétique. Porteur de l’identité culturelle de ses détenteurs, il contribue également à la préservation de l’environnement, et favorise l’intégration et la cohésion sociale. La transmission de l’élément s’opère à l’occasion des représentations musicales et des séances d’apprentissage. Les amateurs en apprennent la pratique sous la supervision de praticiens expérimentés. La viabilité du Zaouli est assurée grâce aux représentations populaires, organisées deux à trois fois par semaine par les communautés. La chefferie traditionnelle, garante des traditions, joue également un rôle clé dans le processus de transmission. Les festivals et les concours de danse inter-villages constituent également d’autres opportunités de revitalisation. Des activités de recherche et de documentation sont également en cours.

  1. Décide que, d’après l’information contenue dans le dossier, la candidature satisfait aux critères d’inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité comme suit :

R.1 :  L’élément est un art du spectacle traditionnel. Si à l’origine, le Zaouli était pratiqué uniquement à l’occasion des événements festifs, il est aujourd’hui également pratiqué lors des funérailles. Les détenteurs et les praticiens sont clairement identifiés et la responsabilité des autorités traditionnelles vis-à-vis de l’élément est indiquée. La transmission de l’élément s’effectue au cours des séances d’apprentissage, ainsi que par l’observation et l’imitation pendant les représentations. Le dossier démontre que l’élément joue un rôle important dans l’éducation, véhicule un sentiment de beauté, renforce les relations entre les genres, favorise l’intégration sociale, constitue une forme de divertissement et remplit une fonction environnementale.

R.2 :  L’inscription de l’élément favoriserait toutes les pratiques et expressions culturelles relatives à l’élément et contribuerait à favoriser le dialogue et la communication sociale entre les communautés de la région gouro, aux niveaux national et international. Son inscription contribuerait également à sensibiliser, au niveau international, à l’importance de la diversité culturelle et du dialogue interculturel, et instaurerait un environnement propice à l’éclosion de talents et à la créativité humaine.

R.3 :  La viabilité du Zaouli est renforcée par l’identification d’interprètes talentueux à l’occasion des représentations populaires, et par leur apprentissage continu, sous la supervision de praticiens expérimentés. En dépit des ressources limitées de l’État pour la mise en œuvre d’une politique de sauvegarde, des festivals et des concours de danse inter-villages sont organisés, et le Zaouli fait également partie de festivités au niveau national. Les communautés gouro ont été au centre de toutes les initiatives et s’impliqueront dans la sauvegarde de l’élément par l’intermédiaire des chefferies, et des organisations ou associations communautaires ou villageoises. Les mesures de sauvegarde proposées prévoient un plan axé sur les activités d’inventaire et de sensibilisation, la diffusion de documents, les efforts de numérisation, les rencontres scientifiques et les activités dédiées à la revitalisation de l’artisanat. Pour soutenir la mise en œuvre des mesures de sauvegarde, la Côte d’Ivoire prévoit de créer une fédération des praticiens du Zaouli et un comité local de gestion.

R.4 :  Les communautés gouro, qui constituent les détenteurs et les praticiens du Zaouli, ont participé à toutes les étapes de la préparation du dossier de candidature par l’intermédiaire de leurs porte-parole et de leurs représentants. Les communautés ont donné leur consentement libre, préalable et éclairé, comme en attestent les signatures officielles dans un document joint au dossier de candidature. Leur participation volontaire est démontrée, notamment dans les propositions de mesures de sauvegarde. Le consentement à la candidature a été concrétisé par une cérémonie de libation dédiée aux ancêtres. Les autorités officielles et traditionnelles sont représentées dans le processus.

  1. Décide en outre que, sur la base de l’information fournie par l’État soumissionnaire au Comité au cours de sa présente session concernant l’extrait de l’inventaire, le critère d’inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité suivant est satisfait :

R.5 :  L’élément est inclus dans l’Inventaire national du patrimoine culturel depuis 2016. L’inventaire est géré et régulièrement mis à jour par le Ministère de la culture et de la francophonie. La mise à jour est réalisée en collaboration avec les communautés, les associations et les groupes locaux. La description de l’élément, ainsi que des informations sur les lieux et communautés concernés, et la viabilité de l’élément sont fournies.

  1. Inscrit le Zaouli, musique et danse populaires des communautés gouro de Côte d’Ivoire sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité;
  2. Invite l’État partie à s’assurer que les efforts de coopération avec les communautés, groupes et individus concernés par l’élément sont déployés en consultation étroite et en collaboration avec eux, et lui rappelle que les approches verticales susceptibles d’avoir une influence excessive sur l’organisation traditionnelle et spontanée de la pratique ne respectent pas l’esprit de la Convention ;
  3. Rappelle à l’État partie que l’inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité n’implique pas automatiquement une assistance financière du Fonds du patrimoine culturel immatériel, et que toute demande d’assistance financière pour la mise en œuvre des mesures de sauvegarde doit suivre les procédures associées décrites dans les Directives opérationnelles.

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