Décision du Comité intergouvernemental : 15.COM 8.b.35

Le Comité

  1. Prend note que le Japon a proposé la candidature des savoir-faire, des techniques et des connaissances traditionnels liés à la conservation et à la transmission de l’architecture en bois au Japon (n  01618) pour inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité :

La conservation et la transmission de l’architecture en bois au Japon consiste en un ensemble de savoir-faire, techniques et connaissances traditionnels. Près de soixante-dix pour cent du territoire japonais est recouvert de forêts. Par conséquent, le bois est utilisé dans les maisons depuis plusieurs siècles. De fait, la structure en bois la plus ancienne au monde et encore existante est le temple Horyu-ji, construit au début du septième siècle. Parmi les dix-sept savoir-faire décrits dans le dossier de candidature, on peut citer notamment l’enduit sakan, la récolte d’écorce de cyprès japonais, la peinture à la laque de structures traditionnelles et la production de tatamis (revêtement de sol). Jusqu’au dix-neuvième siècle, les maîtres-artisans formaient leurs apprentis et leur transmettaient les connaissances et les savoir-faire traditionnels pour en faire leurs successeurs. Cependant, la modernisation a rendu ce processus plus difficile et cela a entraîné la création d’associations de préservation. Les connaissances incluent les techniques permettant de bâtir de nouvelles structures mais aussi de restaurer les bâtiments existants. En raison du climat chaud et humide du pays, les réparations sont fréquentes. Sur les chantiers, des artisans qui maîtrisent des savoir-faire différents doivent collaborer. Certains travaux de maintenance nécessitent la participation de résidents locaux. Par exemple, le chaume de roseau ou de paille qui recouvre une toiture doit être entièrement remplacé tous les vingt ans environ et cela demande beaucoup de main-d’œuvre. L’élément a donc une fonction sociale car il favorise la coopération et la cohésion sociale, tout en renforçant l’identité culturelle japonaise.

  1. Estime que, d’après les informations contenues dans le dossier, la candidature satisfait aux critères d’inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité comme suit :

R.1 :  L’État partie a fourni une description claire des savoir-faire, techniques et connaissances traditionnels liés à la conservation et à la transmission de l’architecture en bois en tant qu’élément du patrimoine culturel immatériel, en particulier des savoir-faire relatifs à l’artisanat traditionnel et des connaissances et pratiques concernant la nature. Le dossier montre dans quelle mesure l’élément contribue à la coopération et à la cohésion sociale. Il décrit également sa fonction culturelle, en tant que vecteur de renforcement de l’identité culturelle des Japonais. Les détenteurs de l’élément sont principalement les artisans, qui se sont rassemblés en associations. L’égalité des genres est respectée, y compris dans la terminologie utilisée dans le dossier de candidature.

R.2 :  Le dossier montre dans quelle mesure l’inscription contribuerait à la visibilité et à la prise de conscience de l’importance de l’élément lui-même et du patrimoine culturel immatériel en général. Le dossier présente également un argumentaire solide sur le lien indéfectible entre le patrimoine matériel et le patrimoine immatériel, le premier étant décrit comme un aspect inhérent au second. Étant donné que la coopération et la communication sont essentielles aux travaux de restauration, l’inscription facilitera le dialogue entre les artisans et les résidents locaux dans les zones où des chantiers de restauration sont organisés. En outre, le dossier parvient à montrer comment la diversité régionale est stimulée par la créativité qu’implique la conception, la construction et le traitement de l’architecture en bois, ainsi que par les variantes qui dépendent de la disponibilité des matières premières.

R.3 :  Le dossier fait état d’une large gamme de mesures de sauvegarde proposées, dans la continuité de celles mises en œuvre par le passé et actuellement. Elles incluent notamment la formation des successeurs, des mesures favorisant la documentation, la recherche et la promotion avec l’aide de subventions publiques, le soutien à la gestion des réserves forestières historiques et l’allocation de ressources aux activités connexes. Ces mesures ont déjà montré un effet durable à long terme sur la sauvegarde de la pratique au fil des générations, et elles seront à l’avenir renforcées et améliorées par des actions complémentaires. Ce sont les communautés concernées (associations d’artisans) qui sont à l’initiative du développement et de la mise en œuvre de ces mesures de sauvegarde. L’État a un rôle de soutien et d’accompagnement. Il fournit une assistance pour la mise en œuvre d’initiatives spécifiques, portant notamment sur la gestion des réserves forestières et l’organisation d’un salon annuel.

R.4 :  Les associations concernées et le Conseil de promotion sont à l’origine de cette candidature. Le gouvernement a entrepris un dialogue constant avec les communautés concernées, et les a informées des effets potentiels – positifs et négatifs – de l’inscription. Les lettres de consentement des membres des communautés concernées et d’autres parties prenantes attestent de la longue préparation de la candidature (qui a démarré en 2010).

R.5 :  L’élément comporte dix-sept savoir-faire qui ont été progressivement inscrits à l’Inventaire national du patrimoine culturel immatériel au Japon entre 1976 et 2018. Cet inventaire est mis à jour chaque année conformément aux recommandations du Conseil pour les affaires culturelles. Les communautés d’artisans participent activement à l’élaboration de l’inventaire.

  1. Décide d’inscrire les savoir-faire, les techniques et les connaissances traditionnels liés à la conservation et à la transmission de l’architecture en bois au Japon sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité ;

  2. Félicite l’État partie pour ce dossier bien préparé qui peut servir d’exemple de la façon dont l’inscription d’un élément sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité peut contribuer à assurer la visibilité et la sensibilisation à l’importance du patrimoine culturel immatériel en général ;

  3. Félicite en outre l’État partie d’avoir proposé un élément qui met en exergue la relation intrinsèque entre le patrimoine culturel immatériel et le patrimoine matériel bâti, et qui est par ailleurs conforme aux principes du développement durable ;

  4. Félicite également l’État partie d’avoir présenté un dossier de candidature qui met en avant un processus exemplaire d’implication des communautés concernées dans la préparation de la candidature.

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