L’inventaire des proverbes de la communauté Lala du district de Luano, en Zambie

Dates de mise en œuvre
22/09/2016 - 29/09/2017
Pays
Zambie
Contact
Department of Arts and Culture of the Ministry of Tourism and Arts, Zambia
Page principale du projet

Objectifs

  • Identifier les dépositaires et les praticiens des proverbes de la communauté Lala du district de Luano, en Zambie
  • Entreprendre la réalisation d’un inventaire avec la participation communautaire
  • Encourager l’usage des proverbes dans les clubs scolaires et dans le système de l’éducation informelle

Description

Contexte

Au XVIIIè siècle, le peuple Lala du district de Luano a quitté ce qui est aujourd’hui la République démocratique du Congo pour s’établir dans les villages qu’il occupe actuellement en Zambie. Les expressions orales du peuple Lala, en particulier les proverbes utilisés pour l’éducation informelle des membres de la communauté et le règlement des différends, sont de plus en plus menacés par le système de l’éducation formelle, qui n’a pas intégré le patrimoine culturel immatériel (PCI) local dans ses programmes. Il résulte de cela que les élèves sont susceptibles de ne pas être exposés à ces proverbes ou de ne pas apprendre les systèmes de valeurs autochtones que cette tradition contribue à transmettre. En outre, le manque de ressources et le paysage social et politique compliqué ont empêché l’État de dresser un inventaire des expressions orales autochtones à travers le pays. Avec la participation communautaire, ce projet a soutenu la réalisation d’un inventaire des proverbes Lala afin de les intégrer dans le système éducatif, et plus largement, de contribuer à un inventaire du PCI au niveau national.

Activités d’inventaire

Le projet a démarré par une réunion préparatoire au cours de laquelle 13 personnes ont été choisies pour faire partie d’un comité de pilotage multisectoriel représentant les organismes publics, les ONG et les communautés traditionnelles. Vingt praticiens de la culture ont été identifiés par trois dépositaires originaires de différentes communautés. Le groupe de praticiens comptait autant d’hommes que de femmes, l’âge de ses membres allait de 26 à 73 ans et le groupe incluait diverses spécialités relatives aux contextes dans lesquels les proverbes sont utilisés (par exemple des guérisseurs, des conseillers matrimoniaux, des artistes, des interprètes et des chefs). Les praticiens ont participé à une formation grâce à laquelle ils ont découvert la Convention de 2003 pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel et ont acquis une expérience pratique de la manière de réaliser l’inventaire des proverbes, y compris des moyens d’utiliser du matériel d’enregistrement numérique, d’obtenir un consentement et d’interpréter, de traduire et de transcrire le questionnaire.

Les praticiens de la culture ont dressé leur inventaire en cinq jours, immédiatement suivis de cinq autres journées dédiées au travail de transcription et de traduction. Trente et un proverbes ont été identifiés et documentés, suite à quoi les dossiers d’inventaire ont été soumis au ministère en vue d’être publiés. Le livret qui en a résulté, « Les proverbes des Lala », tient lieu de référence aux membres de la communauté.

Activités éducatives et de sensibilisation

L’équipe projet a sensibilisé dix clubs de culture scolaires existants et en ont créé cinq nouveaux pour encourager la participation à des activités éducatives et de sauvegarde (par exemple des jeux traditionnels et des quiz). Le travail avec des clubs de culture scolaires a également contribué à intégrer les proverbes et d’autres éléments du PCI des Lala dans le système de l’éducation formelle, en fournissant un cadre important à la transmission tout en validant le PCI en tant que source majeure de connaissances.

Une réunion rassemblant quatre chefs traditionnels pour discuter des menaces qui pèsent sur leur PCI puis une rencontre communautaire plus large réunissant quarante-quatre participants ont réaffirmé la nécessité d’une transmission informelle des proverbes. Le rassemblement de la communauté a déclenché l’enthousiasme et les passions, ses membres exprimant leur désir de créer un Insaka communautaire (case servant de lieu de rencontre traditionnel) pour en faire le lieu de transmission des compétences et des savoirs du PCI de la communauté aux jeunes générations.

Au terme du projet, la communauté a constitué un comité sur le PCI pour assurer un suivi des efforts de sauvegarde. Des groupes supplémentaires ont été créés parmi les praticiens locaux dans des domaines de spécialité comme la guérison, le conseil matrimonial, l’art et la musique pour faciliter la communication et le suivi des fonctionnaires de la culture.

Réalisations

  • Vingt dépositaires et praticiens de la culture des proverbes Lala ont été identifiés et formés aux méthodes d’inventaire
  • Un inventaire communautaire a regroupé trente et un proverbes originaires de cinq lieux différents
  • Cinq nouveaux clubs de culture scolaires ont été créés et dix clubs de culture scolaires existants ont été incités à participer à des activités éducatives et de sauvegarde du PCI
  • Une réunion communautaire a eu lieu pour encourager l’éducation informelle et la transmission des expressions orales le soir autour du feu

Témoignage sur le projet

Wilmur Simatimbe, responsable de la culture, Département des Arts et de la Culture

Réussites des projets dans les écoles de district
« Constatant la réussite du projet, certaines écoles ont repensé leurs activités culturelles. Le district a mis en place différentes activités, avec notamment des débats, des quiz, des poèmes, des concours de lecture et de narration. Outre les réunions habituelles des clubs, des concours interscolaires ont été organisés certains jours, tels que la Journée internationale de la langue maternelle et la Journée mondiale de la diversité culturelle. »

« Dans le cadre de ce projet, certaines activités culturelles ont été intégrées à l’Association nationale des arts dans les écoles de Zambie lors de festivals de district, tels que des débats en langues locales. Un bon nombre d’écoles ont également consacré davantage de temps aux arts du spectacle. La plupart des écoles ont formé des groupes de danse à la fois pour se divertir et pour perpétuer leur patrimoine. »

Engagement de la communauté pendant le projet

« Pendant le projet, une réunion a été organisée à Ching’ombe pour les membres de la communauté afin de promouvoir l’utilisation de proverbes. Avant cela, l’équipe a rencontré trois chefs traditionnels de la région pour discuter de l’importance de la sauvegarde de leur PCI. La communauté a manifesté son intérêt pour la sauvegarde du PCI, comme les proverbes, et a convenu de renforcer l’utilisation de huttes traditionnelles communément appelées « Insaka ». Ces lieux sont importants pour l’éducation non formelle, comme les conseils matrimoniaux traditionnels et pour l’éducation informelle qui prend place autour des feux du soir et pendant les activités de travail. »

La réunion a souligné l’importance du PCI pour les membres de la communauté :

  • Le PCI est vecteur d’identité - c’est l’un des moyens que les populations utilisent pour s’identifier.
  • Le PCI améliore leur statut économique et social au sein de la communauté.
  • Sur le plan social, le PCI est utile pour modeler et réguler le comportement des enfants et de la communauté. Les différentes normes et règles de la communauté sont transmises de génération en génération, oralement, lors des histoires du soir autour du feu, et dans les Insaka pendant les périodes de travail.

« La communauté a proposé plusieurs façons de sauvegarder son PCI, notamment via l’écriture, les cérémonies traditionnelles, la création de groupes culturels communautaires et la tenue de réunions dans les Insaka. Elle a décidé que le conseil traditionnel qui se déroule dans les Insaka entre hommes allait être repensé car il représente une plate-forme d’échange d’idées. L’un des chefs traditionnels a rappelé à la communauté que l’équipe était présente pour leur rappeler leur devoir et que la sauvegarde du patrimoine culturel dépendait de leur engagement. Il a également encouragé la communauté à perpétuer le rituel des histoires du soir dans la région, où la population accorde trop de temps à ses activités quotidiennes et moins à la transmission des traditions. Les femmes ont également été encouragées à prendre part au conseil. »

Pour le témoignage complet de M. Wilmur Simatimbe, veuillez lire le document suivant:



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