La Direction nationale du patrimoine culturel (DNPC) est l’organe national en charge de l’élaboration et de la coordination des politiques du patrimoine culturel, à savoir l’identification, la sauvegarde et la promotion du patrimoine culturel national. Ses capacités de sauvegarde ont été renforcées par la création de Directions régionales de la culture (DRC) dans chacune des régions et de Missions culturelles (MC) dédiées à tous les éléments inscrits et/ou classés. Au niveau local, dans chaque commune, une commission du patrimoine culturel a été créée, elle est composée des autorités administratives, communautaires et coutumières ainsi que des responsables locaux. Elle conseille sur tous les sujets relatifs à la sauvegarde et la mise en avant du patrimoine local et organise la participation de la communauté à la restauration, l’entretien et la gestion des infrastructures culturelles.
La DNPC a entrepris de former les groupes et associations communautaires engagés dans la sauvegarde du patrimoine et les instituteurs à la sauvegarde et la promotion du patrimoine culturel immatériel, à son inventaire et à la photographie documentaire. Outre la DNPC, l’Institut universitaire de développement territorial (IUDT) participe également à la formation à la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel.
La DNPC est également la principale institution active en matière de documentation du patrimoine culturel immatériel aux cotés d’autres institutions telles que la Direction nationale des bibliothèques et de la documentation (DNBD), l’Institut des sciences humaines (ISH) et le Musée national du Mali dont les activités sont, entre autres, la recherche et la documentation du patrimoine culturel immatériel (recueil d’informations sur les contes, la divination et les sociétés secrètes). Les rituels, cérémonies et fêtes organisés par les communautés que le Ministère de la Culture et ses antennes régionales aident à financer sont également une source d’informations qui constitue le socle de l’inventaire et qui est soumise à la DNPC pour évaluation. La documentation finale est ensuite validée par des représentants des communautés. Il existe également un Centre de recherche et de documentation pour l’espace culturel du yaarall et du degal qui dépend de la Direction régionale de la culture de Mopti. Chacune de ces institutions dispose d’un bureau d’accueil et d’orientation destiné à rendre plus aisé l’accès au service des usagers, il délivre des informations et des conseils, facilite l’accès aux connaissances sur le patrimoine culturel, l’éducation des jeunes et met en avant la recherche.
La DNPC est en charge de l’identification et de l’inventaire du patrimoine culturel malien, ce qu’elle fait en coopération avec les Directions régionales de la culture et les Missions culturelles. Ce travail a connu plusieurs étapes. Les grandes lignes d’un inventaire du patrimoine culturel national ont été définies en 2003. Un inventaire pilote du patrimoine culturel immatériel a été dressé en 2007 dans les régions de Koulikoro, Sikassou, Segou et Gao, et de 2007 à 2010 des inventaires du patrimoine matériel et immatériel ont été réalisés dans plusieurs communes tandis que d’autres inventaires se sont concentrés sur des éléments particuliers. Un Inventaire général du patrimoine culturel national est actuellement en cours. Des sessions destinées à former des formateurs et des enquêteurs se sont déroulées et les entretiens ont débuté en 2011, les premiers résultats sont en train d’être rassemblés.
Les informations sont recueillies dans les communautés et auprès des producteurs et détenteurs, et elles sont transmises par les DRC et les MC à la DNPC. Les critères d’inclusion d’éléments du patrimoine culturel immatériel dans l’inventaire sont les suivants : les éléments sont caractéristiques de la culture locale ; ils sont reconnus par les communautés comme une marque de leur identité culturelle et des facteurs de diversité culturelle ; ils sont vivants et sont des représentations traditionnelles du patrimoine culturel immatériel qui procurent aux populations locales un sentiment d’identité et de continuité. La viabilité du patrimoine culturel immatériel est prise en considération dans les fiches d’inventaire. Le formulaire d’inventaire utilisé est basé sur celui fourni par l’UNESCO avec quelques modifications. La méthodologie consiste en une recherche documentaire sur la localité et les groupes ethniques concernés, puis une révision ou une adaptation du formulaire d’inventaire. Afin de minimiser les difficultés, des missions d’information et de sensibilisation sont menées avec les autorités administratives, communautaires et coutumières locales. Ces missions de terrain permettent d’identifier des lieux d’étude selon les critères retenus et les enquêteurs locaux, qui sont alors formés à l’utilisation du formulaire d’inventaire.
Parmi les mesures destinées à assurer la reconnaissance, le respect et la mise en valeur du patrimoine culturel immatériel, le Ministère de la Culture accorde un financement (par l’intermédiaire des ses organes régionaux et locaux) à des rituels, cérémonies et fêtes organisés par les communautés. La Semaine du patrimoine culturel national permet également de renforcer et de promouvoir le patrimoine culturel immatériel en organisant un forum d’échange d’expériences entre les institutions, les professionnels de la culture, les groupements décentralisés, les communautés et la société civile ; les problèmes actuels liés à la sauvegarde et la promotion du patrimoine culturel immatériel national y sont abordés. Des débats et des jeux sur le patrimoine culturel immatériel sont également organisés pour les écoliers. Outre la mise à disposition de produits et de matériel promotionnels à l’intention des acteurs locaux (conseils municipaux, directeurs d’écoles, conseils de villages, etc.), la DNPC produit des émissions de radio et de télévision sur des aspects du patrimoine culturel immatériel, notamment sa transmission. Le gouvernement met également en avant le statut du patrimoine culturel immatériel et de ses praticiens en proclamant ses plus éminents représentants « Trésors humains vivants », comme il l’a fait à sept reprises en 2008.
L’éducation au patrimoine culturel est dispensée par la DNPC aux jeunes écoliers dans le cadre de visites guidées sur des sites et dans des espaces culturels ; les activités socioculturelles consacrées à ces sites et monuments sont l’un des principaux moyens pour que ces élèves acquièrent des connaissances et une compréhension du passé en sauvegardant le patrimoine culturel immatériel et en renforçant leur identité culturelle. Suite à un atelier organisé par l’École du patrimoine africain (EPA), un réseau national a été créé au Mali pour plaider en faveur de l’intégration d’éléments du patrimoine culturel immatériel dans les programmes d’enseignement et la formation des enseignants ainsi que de la rédaction d’un guide éducatif à cette fin. Ces efforts déployés dans le domaine de l’éducation formelle revêtent une importance toute particulière face aux obstacles rencontrés par la transmission traditionnelle et l’apprentissage non formel.
S’agissant de la coopération bilatérale, sous-régionale, régionale et internationale, le Mali, le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire ont organisé de nombreux échanges d’expériences et réunions sur les pratiques culturelles et traditions liées au balafon et sur l’espace culturel des Sénoufo. Les documents produits à ces occasions sont partagés par les institutions et mis à disposition des communautés, praticiens et producteurs de patrimoine culturel immatériel. De tels échanges d’informations et de documentation ont également lieu entre les Directions du Mali et du Burkina Faso en charge de l’inventaire du patrimoine culturel immatériel, en particulier à propos de la méthodologie à suivre pour améliorer les formulaires d’inventaire. La DNPC a également participé à différents séminaires sous-régionaux tels que ceux consacrés au renforcement du patrimoine culturel immatériel par les industries culturelles (Sénégal) ; au rôle du patrimoine culturel immatériel dans le renforcement du dialogue interculturel et civilisationnel (Tchad), aux patrimoines partagés d’Afrique du Nord et du Sahel (Maroc) et à la mémoire et la politique (Kenya).
La Mali fait ici rapport sur trois éléments inscrits sur la Liste représentative : l’espace culturel du yaaral et du degal (incorporé en 2008, après avoir été proclamé chef d’œuvre du patrimoine oral et immatériel de l’humanité en 2005) ; la Charte du Mandén, proclamée à Kouroukan Fouga (2009) ; et la réfection septennale du toit du Kamablon, case sacrée de Kangaba (2009). La Semaine du patrimoine national (2010) a été consacrée aux éléments du patrimoine culturel immatériel malien inscrits sur la Liste représentative et a proposé, entre autres activités, des sessions d’informations et de sensibilisation, des émissions de radio et de télévision, des débats, etc. à Bamako et dans les centres régionaux. L’inscription de la Charte du Mandén a encouragé les populations locales et la diaspora, les chercheurs, les professionnels de la culture, les associations culturelles, etc. à en savoir plus sur l’élément et à le mettre en avant. L’inscription de la cérémonie de réfection du toit du Kamablon a facilité les contacts entre la population locale et les autorités et a permis de créer un groupe de contact communautaire destiné à échanger avec ses partenaires, mettre à disposition de la documentation, sensibiliser le public, etc. Dans l’éducation formelle, des efforts sont entrepris afin d’intensifier les activités déjà en cours, en particulier, en renforçant les capacités au sein des communautés, la première étape étant d’intégrer les éléments du patrimoine vivant en lien avec le yaaral et le degal dans les programmes éducatifs des régions concernées. La participation des communautés aux processus de prise de décision sur la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel est réelle au Mali et celles-ci ont des rôles traditionnels à jouer, conformément à la coutume. En conséquence, les autorités locales (intervenant en tant qu’ « agents » de la DNPC) consultent et travaillent directement avec ces structures traditionnelles pour les activités de sauvegarde.