Le Comité

1. Prend note que le Mexique a proposé la candidature du pèlerinage à Wirikuta (n  00862) pour inscription sur la Liste du patrimoine culturel immatériel nécessitant une sauvegarde urgente :

Le pèlerinage à Wirikuta est un rituel cérémonial annuel entrepris entre le mois d’octobre et le mois de mars par les pèlerins de la communauté huichol ou wixárika à l’ouest du Mexique. Depuis la côte pacifique, les pèlerins se rendent à l’est par le désert San Luis Potosí. Les sites qu’ils visitent représentent les quatre points cardinaux, auxquels ils laissent des offrandes. Le voyage symbolise et recrée le mythe fondateur de la communauté wixárika, croyance selon laquelle le peuple aurait émergé des eaux de la mer et aurait rejoint Wirikuta, où le soleil est apparu pour la première fois. Le pèlerinage sert de mécanisme social qui reproduit une vision du monde ancestrale et un système de production agricole fondé sur le maïs et les cycles des saisons. Sur le chemin du retour, les pèlerins ramènent la pluie, marquant ainsi le début de la saison agricole. Le pèlerinage, qui inclut la consommation de peyotl, des cactus qui poussent dans le désert, les danses cérémonielles et les dessins rituels, constitue une étape importante du processus d’initiation des futurs guérisseurs. Depuis quelques décennies, le pèlerinage est menacé à cause de projets d’exploitation minière. Les Huichols craignent que l’exploitation des ressources minières et les déchets très toxiques du processus minier nuisent aux ressources naturelles et aux sites sacrés et, avec eux, aux pratiques cérémonielles en général.

2. Décide que, d’après l’information contenue dans le dossier, la candidature satisfait aux critères d’inscription sur la Liste de sauvegarde urgente suivants :

U.1 :  Le pèlerinage annuel à Wirikuta relie la communauté huichol à ses mythes fondateurs qui lui confèrent de ce fait un sentiment d’appartenance et de continuité ; les procédures rituelles et la vision du monde qui y sont associées sont transmises de génération en génération par la pratique et l’initiation et permettent d’orienter le travail agricole de la communauté ;

U.2 :  Bien que la communauté huichol effectue le pèlerinage à Wirikuta chaque année, le développement de projets miniers et agricoles ainsi que leurs effets sur les aquifères menacent la viabilité des pratiques cérémonielles, en particulier en raison du risque qu’ils représentent pour les sites sacrés eux-mêmes ;

U.5 :  Le pèlerinage à Wirikuta a été inclus en 2008 dans l’inventaire du patrimoine culturel immatériel, élaboré et géré par le Conseil national pour les arts et la culture.

3. Décide en outre que, d’après l’information contenue dans le dossier, la candidature ne satisfait pas aux critères d’inscription sur la Liste de sauvegarde urgente suivants :

U.3:   Les mesures de sauvegarde proposées ne répondent pas directement aux risques identifiés – en particulier les concessions minières contraires aux réglementations en vigueur – pas plus qu’elles ne reflètent les aspirations de toutes les communautés concernées ou qu’elles ne démontrent leur participation la plus large possible dans leur formulation ; ces mesures n’accordent que peu d’attention à la transmission des pratiques cérémonielles associées au pèlerinage à Wirikuta, leur calendrier et leur budget ne sont pas précis et les sources de financement ne sont pas identifiées ;

U.4:   Si de nombreux membres des communautés huichol ont participé à des ateliers régionaux avant l’élaboration du dossier de candidature, il manque des informations sur leur implication active et efficace dans le processus de candidature ; le consentement libre, préalable et éclairé d’une seule organisation est fourni ; la correspondance au sujet de la candidature indique que la communauté est divisée à son égard ;

4. Décide de ne pas inscrire le pèlerinage à Wirikuta sur la Liste du patrimoine culturel immatériel nécessitant une sauvegarde urgente ;
5. Note avec préoccupation que l’industrie minière et d’autres projets de développement menacent les sites sacrés essentiels à la continuité du pèlerinage à Wirikuta ;
6. Note en outre que l’inscription du pèlerinage sur la Liste du patrimoine culturel immatériel nécessitant une sauvegarde urgente ne peut pas se substituer à l’application plus généralisée des mesures existantes visant à protéger les sites eux-mêmes ;
7. Encourage l’État partie à mobiliser toutes les instances gouvernementales ainsi que les organisations non gouvernementales compétentes et la communauté huichol afin de mettre en place un plan de sauvegarde ciblant les menaces qui pèsent sur la viabilité du pèlerinage à Wirikuta, tout en proposant un calendrier précis, une estimation des coûts et une identification claire de leurs sources ;
8. Rappelle à l’État partie que les communautés doivent participer de la manière la plus large possible au processus d’élaboration des dossiers de candidature qui doivent refléter la diversité de leurs attentes et de leurs demandes.