Le Comité
- Prend note que le Botswana a proposé la candidature de la musique populaire traditionnelle des Bakgatla ba Kgafela (n 00752) pour inscription sur la Liste du patrimoine culturel immatériel nécessitant une sauvegarde urgente :
Le dikopelo, musique traditionnelle des Bakgatla ba Kgafela, est une forme de compétition de chant choral et de danse exécutés sans accompagnement instrumental. Le dikopelo est couramment pratiqué pendant la période des fêtes et lors des événements festifs. Un chœur lance un défi à un autre, après quoi les deux chœurs se mesurent en déployant chacun des styles et des figures de danse qui leur sont propres. Si les chants célèbrent l’histoire et la culture des Bakgatla ba Kgafela, ils font également passer des messages sur les problèmes contemporains, notamment les pratiques culturelles et les croyances, l’évolution socioéconomique et politique, la violence, la pauvreté, le VIH et le SIDA, la corruption politique. Le dikopelo est une pratique communautaire qui réunit les membres de la communauté, parents proches et voisins, lesquels s’entraident dans les moments difficiles. Tout le monde — femmes, hommes et enfants — peut participer, mais des praticiens plus âgés et chevronnés dirigent la pratique et transmettent leur savoir-faire par l’enseignement et l’observation. Depuis quelques années, le dikopelo est de moins en moins pratiqué à cause de l’exode rural. Il est en outre remplacé par la musique populaire lors d’événements festifs tels que les mariages, les soirées et les célébrations. Pour ces raisons, de nombreuses personnes considèrent que cette pratique culturelle n’est plus économiquement viable, avec pour résultat un désintérêt de la part des jeunes.
- Décide que, d’après l’information contenue dans le dossier, la candidature satisfait aux critères d’inscription sur la Liste de sauvegarde urgente suivants :
U.1 : Vecteur de valeurs sociales et culturelles de la société ainsi que de messages sur des sujets d’actualité, le dikopelo est une pratique qui réunit des hommes, des femmes et des enfants de la communauté Bakgatla ba Kgafela et leur procure un sentiment d’identité partagée et de continuité culturelle ;
U.2 : La viabilité de la pratique est actuellement exposée à de sérieuses menaces, notamment le manque d’espaces de répétition et de représentation, l’appropriation abusive des traditions de la communauté par des compositeurs-interprètes, l’adoption de normes de valorisation exogènes, le manque d’intérêt des jeunes qui émigrent vers les villes et la dévalorisation sociale des praticiens ;
U.5 : En 2010, la communauté des Bakgatla ba Kgafela a participé à l’inventaire du patrimoine culturel immatériel de la communauté, avec pour résultat la documentation et l’inclusion de la musique populaire traditionnelle des Bakgatla ba Kgafela dans l’inventaire du patrimoine culturel immatériel du district de Kgatleng, géré par le musée Phuthadikobo et le Département des arts et de la culture ;
- Décide en outre que, d’après l’information contenue dans le dossier, la candidature ne satisfait pas aux critères d’inscription sur la Liste de sauvegarde urgente suivants :
U.3: Bien qu’un certain nombre de mesures de sauvegarde prévoient une reconnaissance juridique des groupes traditionnels et des praticiens afin de favoriser leur accès aux espaces de répétition et de représentation et accroître leurs connaissances relatives à la protection de la propriété intellectuelle, les mesures proposées sont majoritairement descendantes et certaines sont identiques à celles proposées dans une autre candidature de l’État partie, de sorte qu’il est difficile de déterminer exactement la participation de la communauté à leur élaboration ; on observe des incohérences entre les activités proposées et le budget, et la candidature ne précise pas les ressources qui permettront de les mettre en œuvre ; le calendrier est trop général ;
U.4: La candidature ne décrit pas clairement comment la communauté a participé à la préparation de la candidature ; des doutes surgissent quant à l’ampleur réelle de sa participation, compte tenu des similitudes frappantes entre la présente candidature et une autre candidature soumise par l’État partie ;
- Décide de ne pas inscrire la musique populaire traditionnelle des Bakgatla ba Kgafela sur la Liste du patrimoine culturel immatériel nécessitant une sauvegarde urgente ;
- Félicite l’État partie pour la soumission d’une candidature qui démontre l’importance de la musique populaire traditionnelle pour promouvoir une identité commune et une continuité culturelle au sein de la communauté Bakgatla ba Kgafela, et en particulier son utilisation pour diffuser des messages d’actualité concernant le VIH et le SIDA et d’autres questions d’intérêt pour la société ;
- Note avec intérêt le désir de l’État partie de renforcer les capacités de la communauté et des praticiens concernés et de les aider à assurer la transmission de l’élément dans le cadre du système éducatif ;
- Rappelle à l’État partie que la sauvegarde doit s’appuyer sur des mesures spécifiques prévoyant la participation pleine et entière de la communauté, et que tout plan de sauvegarde élaboré pour un élément donné ne répond pas nécessairement aux besoins d’un autre élément, même si ces éléments sont de nature similaire ;
- Recommande à l’État partie de prévoir des mesures de sauvegarde spécifiques avec des activités détaillées et concrètes, un calendrier cohérent, un budget détaillé et une identification claire des parties prenantes au projet, ainsi que de leur mission et des ressources disponibles, y compris en nature ;
- Invite l’État partie, au cas où il soumettrait de nouveau la candidature, à envisager d’utiliser un terme vernaculaire dans le titre de l’élément.