Le Comité
- Prend note que l’Indonésie a proposé la candidature de la danse Saman en vue de son inscription sur la Liste du patrimoine immatériel nécessitant une sauvegarde urgente, décrite comme suit :
La danse Saman fait partie du patrimoine culturel des Gayo de la province d’Aceh, à Sumatra. Des garçons et des jeunes hommes l’interprètent assis sur leurs talons ou agenouillés en rangs serrés. Chacun porte un costume noir brodé de motifs gayo colorés symbolisant la nature et de nobles valeurs. Leur chef s’assoit au milieu de la rangée et chante des vers, essentiellement dans la langue gayo. Ces vers dispensent des conseils et peuvent être de nature religieuse, romantique ou humoristique. Les danseurs tapent dans leurs mains, se martèlent la poitrine et les cuisses, frappent le sol, claquent des doigts, balancent et tournent leur corps et leur tête en suivant un rythme changeant – soit à l’unisson, soit à contretemps par rapport aux danseurs en face d’eux. Ces mouvements symbolisent la vie quotidienne des Gayo ainsi que leur environnement naturel. Le Saman est exécuté lors de fêtes nationales et religieuses pour cimenter les relations entre les groupes de villageois, qui s’invitent mutuellement pour les spectacles. Sa pratique devient moins fréquente cependant et sa transmission décline. Parmi les chefs maîtrisant le Saman, beaucoup sont aujourd’hui âgés et n’ont pas de successeurs. D’autres formes de divertissement et de nouveaux jeux ont remplacé la transmission informelle de cette danse, et de nombreux jeunes quittent la région pour poursuivre leurs études. Le manque d’argent représente aussi une contrainte, les costumes et l’exécution de la danse impliquant des frais considérables.
- Décide que, d’après l’information fournie dans le dossier de candidature n 00509, la danse Saman satisfait aux critères d’inscription sur la Liste du patrimoine immatériel nécessitant une sauvegarde urgente comme suit :
U.1 : La danse Saman met en scène une communauté non seulement d’artistes et de formateurs, mais aussi des passionnés de cet art, d’éminents leaders religieux, des chefs traditionnels, des enseignants et des fonctionnaires ; elle favorise l’amitié, la fraternité et la bienveillance et renforce le sentiment de continuité de l’histoire du peuple Gayo ;
U.2 : La danse Saman subit un affaiblissement des modes formels et informels de transmission en raison des occasions limitées de représentations et de la disparition des espaces culturels où la transmission prend place, ainsi qu’aux changements sociaux, économiques et politiques, dont la popularisation des médias de masse et l’exode rural des jeunes générations ; la connaissance de l’élément s’amenuise tandis que les activités commerciales augmentent, menaçant la continuité de la signification de la danse Saman pour sa communauté ;
U.3 : Les processus en cours pour la sauvegarde de la danse Saman, encouragés au sein de la communauté et par les autorités, sont complétés par un plan de sauvegarde cohérent et détaillé, présenté avec la participation de la communauté, du gouvernement local et des institutions nationales, avec des objectifs qui répondent clairement aux risques identifiés ;
U.4 : L’État soumissionnaire a prouvé que la candidature a été élaborée avec la participation active des détenteurs et de la communauté à chaque stade et niveau ; les formateurs, les artistes, les passionnés de cet art et des représentants de la communauté et du gouvernement ont clairement et sans ambigüité exprimé leur consentement libre, préalable et éclairé ;
U.5 : Malgré la perte d’importants documents sur la danse Saman lors du tsunami de 2004, le Bureau pour la sauvegarde de l’histoire et des valeurs culturelles, à Banda Aceh, a soumis des données d’inventaire qui avaient été acceptées en 2010 par la Direction générale des valeurs culturelles, des arts et films du Ministère de la culture et du tourisme.
- Inscrit la danse Saman sur la Liste du patrimoine culturel immatériel nécessitant une sauvegarde urgente ;
- Salue les efforts de l’État partie pour assurer une participation large et ouverte aux communautés qui ont subi ces dernières années d’importants dommages causés par une catastrophe naturelle, démontrant le pouvoir de guérison du patrimoine culturel immatériel et incarnant l’esprit de la Convention ;
- Invite l’État partie à renforcer le programme éducatif proposé dans son plan de sauvegarde afin de revitaliser les modes traditionnels de transmission de la danse Saman dans les mersah, dortoirs pour les jeunes hommes ;
- Encourage l’État partie à promouvoir la participation des ONG, du secteur universitaire et/ou des associations culturelles à des activités pertinentes de sauvegarde, tout en établissant des responsabilités claires pour la coordination de l’ensemble des efforts de sauvegarde.