Le Comité
- Prend note que le Cambodge a proposé la candidature du chant épique accompagné du luth chapey au Cambodge en vue de son inscription sur la Liste du patrimoine immatériel nécessitant une sauvegarde urgente, décrit comme suit :
Le chapey dang veng est un luth cambodgien à manche long qui donne son nom à une tradition de chant épique. Le luth offre non seulement au chanteur la possibilité de trouver le son de référence qui lui permet de rester dans le ton, mais il crée aussi des espaces entre les chants qui lui permettent de respirer et de penser à ce qu’il va chanter par la suite. Les chanteurs, hommes ou femmes, jeunes ou vieux, doivent tous parfaitement maîtriser la mémorisation, l’improvisation, le chant, la versification et la pratique du luth à manche long. La tradition est étroitement liée à la vie, aux coutumes et aux croyances traditionnelles des Khmers, et un bon chanteur épique puise dans un ensemble de connaissances englobant la littérature bouddhiste, les contes populaires, les légendes, la poésie et l’actualité. Les chants épiques sont en général interprétés lors de cérémonies religieuses et de célébrations traditionnelles, notamment dans les temples villageois des zones rurales du Cambodge. Les histoires et thèmes sont choisis par le chanteur en fonction de l’occasion. La transmission des techniques se fait au sein des familles et des villages et les jeunes apprentis se forment en observant et en participant peu à peu aux répétitions et aux spectacles. Le chapey dang veng se remet difficilement de la perte de presque tous les chanteurs épiques due aux Khmers rouges. Des tentatives pour faire revivre la tradition sont en cours, mais les lieux de formation et de spectacle font défaut, de même que les soutiens financiers et techniques.
- Décide que, d’après l’information fournie dans le dossier de candidature n 00519, le chant épique accompagné du luth chapey au Cambodge satisfait aux critères d’inscription sur la Liste du patrimoine immatériel nécessitant une sauvegarde urgente comme suit :
U.1 : Le chant et la pratique du luth chapey sont étroitement liés aux traditions sociales et culturelles, aux croyances et coutumes du peuple cambodgien ; leur pratique persiste en dépit d’une interruption pendant la période des Khmers rouges bien que le contexte de leur interprétation ait changé et qu’ils soient principalement transmis par le biais académique ;
U.2 : La pratique actuelle du chant, et en particulier son mode traditionnel de transmission, est menacée en raison non seulement du nombre limité de praticiens âgés et du manque d’occasions de représentation et de transmission, mais aussi des ressources financières limitées allouées à sa sauvegarde ;
U.5 : Le chant accompagné du luth chapey a été inclus dans l’inventaire du patrimoine culturel immatériel du Cambodge, publié en 2004 par le Ministère de la culture et des beaux-arts.
- Décide en outre que, d’après l’information fournie dans le dossier de candidature n 00519, le chant épique accompagné du luth chapey au Cambodge ne satisfait pas aux critères d’inscription sur la Liste du patrimoine immatériel nécessitant une sauvegarde urgente comme suit :
U.3 : L’État soumissionnaire n’a pas défini une stratégie de sauvegarde claire avec des rôles , responsabilités et résultats définis reflétant la plus large participation possible des communautés et répondant efficacement aux menaces identifiées ;
U.4 : La participation de la communauté au processus de candidature et dans la mise en œuvre des mesures de sauvegarde semble être très limitée et la candidature ne fournit pas de preuves convaincantes du consentement libre, préalable et éclairé des praticiens pour son inscription sur la Liste de sauvegarde urgente.
- Décide de ne pas inscrire le chant épique accompagné du luth chapey au Cambodge sur la Liste du patrimoine culturel immatériel nécessitant une sauvegarde urgente pour le moment et invite l’État partie à soumettre une candidature révisée qui réponde de manière plus complète aux critères pour évaluation par le Comité à un cycle ultérieur ;
- Invite en outre l’État partie à fournir une description plus claire et plus complète de l’élément, en donnant suffisamment de détails pour tous ses divers aspects ;
- Appelle l’État partie à assurer la plus large participation possible des praticiens au processus de candidature, ainsi qu’à l’élaboration de mesures de sauvegarde efficaces et durables ;
- Encourage l’État partie à élaborer un plan de sauvegarde concret et pertinent, en accordant une attention particulière au renforcement des capacités pour la transmission de la pratique au sein de la communauté et en prenant en considération l’improvisation comme aspect clé de la transmission orale ;
- Tout en accueillant avec satisfaction le soutien d’institutions clés, telle que le Département des arts du spectacle et l’Université royale des beaux-arts, met en garde contre des processus de folklorisation et d’académisation.