Le Comité
- Prend note que l’Arménie a proposé la candidature de Vardavar, fête arménienne de l’eau en vue de son inscription sur la Liste du patrimoine immatériel nécessitant une sauvegarde urgente, décrit comme suit :
Le Vardavar est une fête estivale célébrée en Arménie, durant laquelle les participants s’aspergent d’eau, et où la rose (vard) joue un rôle de premier plan. D’origine préchrétienne, elle intègre à présent des traditions culturelles locales provenant de différentes régions, y compris des rites de guérison et de purification ainsi que des pèlerinages sur des lieux sacrés dédiés au saint chrétien Jean le Baptiste (St Karapet, en arménien). Les rituels débutent par des processions de jeunes filles portant une cruche remplie d’eau, des pierres et des roses. La génération des anciens prépare des produits laitiers faits maison et des gâteaux spéciaux pour l’occasion, puis tout le monde s’asperge d’eau en signe de bonne volonté et, dans certains cas, d’amour « caché ». Les traditions du Vardavar incluent aussi des chants, des danses, de la divination, des spectacles de marionnettes et de la lutte. Avant de s’asperger d’eau, on décore l’arbre « Khndoum » de roses et de pommes, et on le porte en procession jusqu’à une source ou un cours d’eau voisin. Là, une femme danse et prononce des formules rituelles, après quoi l’arbre est brûlé en sacrifice. Tous ces rituels et sacrifices étaient à l’origine des formes de culte de l’eau destinées à faire tomber la pluie en été et à permettre ainsi aux gens de survivre à la sécheresse. La fête est célébrée activement dans tout le pays par les Arméniens et les gens issus des minorités, quel que soit leur âge.
- Décide que, d’après l’information fournie dans le dossier de candidature n 00528, Vardavar, fête arménienne de l’eau satisfait aux critères d’inscription sur la Liste du patrimoine immatériel nécessitant une sauvegarde urgente comme suit :
U.5 : L’élément a été inclus dans l’inventaire national du patrimoine culturel immatériel de la République de l’Arménie, administré par le Ministère de la culture.
- Décide en outre que, d’après l’information fournie dans le dossier de candidature n 00528, Vardavar, fête arménienne de l’eau ne satisfait pas aux critères d’inscription sur la Liste du patrimoine immatériel nécessitant une sauvegarde urgente comme suit :
U.1 : Malgré la popularité dont jouit le festival auprès du peuple arménien, l’État soumissionnaire n’a ni démontré les caractéristiques les plus importantes de la célébration, ni expliqué comment elles inspirent un sens d’identité et de continuité dans la communauté ; il n’a pas non plus décrit les caractéristiques des porteurs et praticiens, ni les actuels modes de transmission des connaissances et du savoir-faire ;
U.2 : L’État n’a pas fourni suffisamment d’informations sur la fréquence et la portée de la pratique de la célébration, la vigueur des modes traditionnels de transmission, le profil des praticiens et de l’audience ou sa durabilité ; en outre, il n’a pas clairement distingué les pratiques nécessitant une sauvegarde urgente de celles qui sont vivantes et actives ;
U.3 : Bien que l’engagement de l’État et des communautés concernés soit évident, l’État n’a pas fourni un plan de sauvegarde cohérent et réalisable et les mesures de sauvegarde proposées portent essentiellement sur la recherche et la documentation et elles ne s’adressent pas aux modes de transmission, comme elles ne reflètent pas suffisamment les aspirations de la communauté ;
U.4 : Bien que de nombreuses lettres d’individus soutenant l’inclusion de cet élément à l’inventaire de la République d’Arménie soient jointes à la candidature, cette dernière ne contient pas de preuve de leur consentement libre, préalable et éclairé à la candidature pour inscription sur la Liste de sauvegarde urgente, et ne paraît pas refléter la participation la plus large possible de la communauté, notamment à la conception et la mise en œuvre du plan de sauvegarde.
- Décide de ne pas inscrire Vardavar, fête arménienne de l’eau sur la Liste du patrimoine culturel immatériel nécessitant une sauvegarde urgente pour le moment et invite l’État partie à soumettre une candidature révisée qui réponde de manière plus complète aux critères pour évaluation par le Comité à un cycle ultérieur ;
- Invite également l’État partie à mieux définir les menaces qui pèsent sur l’élément et à concentrer son plan de sauvegarde sur les pratiques qui sont en danger, le cas échéant ;
- Encourage l’État partie à aborder le processus de candidature d’une manière plus attentive, en particulier concernant la participation de la communauté au plan de sauvegarde et l’élaboration de mesures visant à répondre au besoin de sauvegarde urgente ;
- Encourage en outre l’État partie à accorder une attention particulière à la qualité linguistique de la candidature, ce qui améliorerait la compréhension de l’élément et des dangers qui le menacent.