Décision du Comité intergouvernemental : 4.COM 15B

Le Comité,

  1. Ayant examiné le document ITH/09/4.COM/CONF.209/15, ses annexes et son addendum ;
  2. Rappelant l’article 18 de la Convention ;
  3. Rappelant également le chapitre 1.4 des Directives opérationnelles relatives aux programmes, projets et activités reflétant le mieux les principes et objectifs de la Convention ;
  4. Remercie le groupe de travail pour son examen, ses avis et ses résumés de recommandations ;
  5. Félicite les cinq États parties qui ont soumis des propositions de programmes, projets et activités de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel ;
  6. Adopte les résumés de recommandations du Groupe de travail, telles qu’annexées à la présente décision ;
  7. Sélectionne les programmes, projets et activités suivants comme reflétant le mieux les principes et les objectifs de la Convention :

Bolivie, Chili, Pérou : « La sauvegarde du patrimoine culturel immatériel des communautés Aymara de la Bolivie, du Chili et du Pérou » ;

Espagne : « Centre pour la culture traditionnelle – musée-école du projet pédagogique de Pusol » ;

Indonésie : « Éducation et formation au patrimoine culturel du batik indonésien à destination des étudiants des écoles élémentaires, secondaires, supérieures, professionnelles et polytechniques en collaboration avec le Musée du Batik de Pekalongan ».

  1. Demande au Secrétariat de faire la promotion des programmes, projets et activités sélectionnés ;
  2. Invite les États parties à soumettre des propositions de programmes, projets et activités conformément au chapitre 1.4 des Directives opérationnelles.

ANNEXE

Bolivie (État plurinational de), Chili, Pérou
La sauvegarde du patrimoine culturel immatériel des communautés Aymara
de la Bolivie, du Chili et du Pérou

Résumé

Le projet sous-régional proposé vise à développer des mesures de sauvegarde pour assurer la viabilité des expressions orales, de la musique et des connaissances traditionnelles (art textile et pratiques agricoles) des communautés Aymara de la Bolivie (La Paz-Oruro-Potosí), du Chili (Tarapacá-Arica-Parinacota-Antofagasta) et du Pérou (Tacna-Puno-Moquegua). Les activités, planifiées pour une mise en œuvre dans le cadre d’un projet quinquennal, sont : (a) identification et inventaire des connaissances traditionnelles et des traditions orales des communautés Aymara dans les régions choisies, (b) renforcement de la langue comme vecteur de transmission du patrimoine culturel immatériel par l’éducation formelle et non-formelle, (c) promotion et diffusion des expressions orales et musicales Aymara et (d) renforcement des connaissances traditionnelles liées à la production artistique de textile et des techniques agricoles traditionnelles. Ces quatre lignes d’action du projet planifié ont été établies comme prioritaires par les communautés Aymara lors des différentes phases de consultation et de préparation du projet et elles seront mises en œuvre avec la pleine participation des communautés, tout en étant guidées par les principes de la Convention 2003. Le projet prévoit d’adopter comme stratégie de travail la création d’un réseau sous-régional et international comprenant des individus, des communautés, des groupes, des gestionnaires culturels, des spécialistes, des organisations autochtones, des centres de recherche, des ONG et des gouvernements, de promouvoir l’échange d’expériences, l’information et la formation pour renforcer des capacités dans la région.

Avis sur les mérites de la proposition

Ayant examiné la proposition de la Bolivie, Chili et Pérou, (numéro de référence du dossier : 00299), le Groupe de travail est d’avis que le projet présenté porte bien sur la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel sous la forme de (a) l’identification, la recherche et la documentation, (b) le renforcement de la transmission du patrimoine culturel immatériel à travers l’éducation formelle et non-formelle, (c) la promotion et diffusion des expressions orales et musicales et (d) le renforcement des connaissances traditionnelles liées à des techniques agricoles. Le projet encourage la coordination des efforts pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel au niveau sous-régional avec la participation des communautés locales Aymara dans trois pays voisins : la Bolivie, le Chili et le Pérou. Il reflète les principes et les objectifs de la Convention par la mise en œuvre des mesures de sauvegarde telle que définies dans la Convention, notamment la sensibilisation et la coopération internationale. L’effectivité de ce programme est démontrée par le caractère logique et systématique du plan d’action, le consentement documenté des participants des communautés respectives ainsi que par l’appui gouvernemental et international reçu par le projet.

La participation de la communauté est avérée au regard du Plan d’action et des documents soumis ; leur consentement libre, préalable et éclairé a été démontré par les déclarations des ONG exprimant leur souhait d’y prendre part. Le projet est un exemple intéressant de coopération sous-régionale entre les communautés locales, les entités gouvernementales et les ONG et il peut servir de modèle pour des projets similaires au niveau sous-régional. Les communautés locales, les États et les organismes chargés de la mise en œuvre ont la volonté de partager leurs expériences de diffusion des meilleures pratiques, tel que montré dans la proposition. Le projet contient des plans d’action clairement définis et susceptibles d’être évalués sur ces résultats. Le projet est, en outre, adapté aux besoins particuliers des pays en développement dans le sens où ils partagent des conditions similaires à celles décrites dans le projet.

Résumé de Recommandation

Le Groupe de travail recommande que ce projet soit sélectionné et promu par le Comité comme reflétant le mieux les principes et objectifs de la Convention.

 

 


Indonésie
Éducation et formation au patrimoine culturel du batik indonésien à destination des étudiants des écoles élémentaires, secondaires, supérieures, professionnelles et polytechniques en collaboration avec le Musée du Batik de Pekalongan

Résumé

Le Batik indonésien est un tissu traditionnel fait à la main et qui ne déteint pas, riche en valeurs culturelles immatérielles, transmis de génération en génération depuis le début du dix-neuvième siècle à Java et ailleurs. La communauté qui fabrique le batik a noté que l’intérêt de la jeune génération pour le batik déclinait et a ressenti le besoin d’augmenter les efforts pour transmettre le patrimoine culturel lié au batik pour garantir sa sauvegarde. Ainsi, l’objectif principal du programme est de sensibiliser et apprécier le patrimoine culturel du batik indonésien, y compris son histoire, ses valeurs culturelles et ses savoir-faire traditionnels parmi la jeune génération. La loi n  20 de 2003 permet d’inclure la culture du batik dans des programmes scolaires en tant que « contenu local » dans des régions ayant le patrimoine culturel du batik, telles que la ville de Pekalongan. Le Musée du Batik a initié le programme en 2005, en étroite coopération avec les autorités éducatives de la ville et il continue à s’étendre au district de Pekalongan et des districts voisins de Batang, Pemalang et Tegal. Ce programme, dont l’efficacité a été démontrée par des évaluations, constitue un effort en vue de (a) sauvegarder le patrimoine culturel immatériel en assurant sa transmission à la génération suivante, (b) assurer le respect pour le patrimoine culturel immatériel en donnant au Batik indonésien une place respectable comme contenu local dans les programmes scolaires des divers niveaux de l’éducation formelle, à commencer par les écoles élémentaires, secondaires, supérieures, professionnelles et polytechniques et (c) sensibiliser à l’importance du patrimoine culturel immatériel au niveau local, national et, avec optimisme, international.

Avis sur les mérites de la proposition

Ayant examiné la proposition de l’Indonésie (numéro de référence du dossier : 00318), le groupe de travail est d’avis que le projet porte bien sur la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel avec une attention particulière sur la transmission et la diffusion des connaissances, la promotion et le renforcement de la culture traditionnelle dans le domaine de l’éducation. Le programme promeut la coordination des efforts au niveau national en se concentrant sur la ville de Pekalongan et ses environs. Il reflète les objectifs principaux de la Convention en renforçant la transmission trans-générationnelle de l’artisanat traditionnel. L’effectivité du programme visant à accroitre la sensibilisation et l’appréciation du Batik indonésien comme patrimoine culturel est démontré dans la documentation fournie. En s’appuyant sur le cadre juridique indonésien qui prévoit l’inclusion du contenu local dans les programmes scolaires, le programme contribue à susciter l’intérêt auprès des jeunes et les encourage à devenir des praticiens du patrimoine culturel immatériel. Il ressort de « l’Attestation de la participation et de l’accord de la Communauté» que cette dernière est pleinement impliquée, notamment par la participation des maitres, professeurs et élèves.    

Le programme représente un bon exemple d’activités de sauvegarde d’une région géographique inscrit dans un cadre national, qui peut servir de modèle pour d’autres programmes similaires. Il constitue un exemple sur la manière d’assurer la viabilité des éléments du patrimoine culturel local par leur inclusion dans l’éducation formelle et non-formelle, en étroite coopération avec un musée local. La volonté des participants (l’État partie, les autorités et les institutions locales, ainsi que la communauté locale) de coopérer à la diffusion de leur pratique est clairement établie dans « l’Attestation de la participation et de l’accord de la Communauté». Les résultats et les produits du programme sont mesurables sur la base des données quantitatives mentionnées dans la proposition. L’angle d’approche du programme est adapté aux pays en développement, particulièrement ceux d’Asie ; l’enseignement de la technique du batik traditionnel est non seulement une source de fierté pour les jeunes générations, mais constitue également un outil de renforcement économique.

Résumé de Recommandation

Numéro de référence de dossier (00306)

Le Groupe de travail recommande que ce projet soit sélectionné et promu par le Comité comme reflétant le mieux les principes et objectifs de la Convention.

 

 


Espagne
Centre pour la culture traditionnelle – musée-école du projet pédagogique de Pusol

Résumé

Ce projet éducatif novateur a deux buts principaux : promouvoir une éducation basée sur des valeurs en intégrant le patrimoine culturel et naturel local dans le programme scolaire et contribuer à la préservation du patrimoine d’Elche à travers l’éducation, la formation, l’action directe et la sensibilisation dans la communauté éducative. Mis en œuvre à l’école publique rurale à enseignant unique de Pusol (Elche, l’Espagne) en 1968, le projet a intégré avec succès le patrimoine dans l’éducation formelle. Guidés par des enseignants et des collaborateurs externes, les enfants explorent, dans une atmosphère de jeu, le riche patrimoine d’Elche au contact des détenteurs des traditions et contribuent ainsi directement à sa sauvegarde. Les enfants recueillent des données sur le terrain, font de la muséographie et enseignent le patrimoine les uns aux autres ainsi qu’aux visiteurs, en l’étudiant et en l’explorant par eux-mêmes. Le projet a déjà formé presque 500 écoliers et a abouti à un musée scolaire avec plus de 61 000 entrées d’inventaire et 770 fichiers oraux, préservant ainsi le patrimoine de la vie de tous les jours et promouvant la cartographie culturelle des ressources du patrimoine local. Entre 1968 et le milieu des années 1980, le projet est resté dans les frontières de la zone rurale de Pusol, où l’école se situe. Mais comme la connaissance des valeurs du projet et des réalisations s’est diffusée, la portée opérationnelle du projet est devenue plus grande, impliquant tout d’abord les zones rurales restantes de la campagne d’Elche (au milieu des années 1980) et plus tard la ville d’Elche (dans les années 1990). Le projet est hautement estimé par la communauté rurale locale, la population d’Elche et des experts en éducation et en culture pour sa nature démocratique, intégratrice et participative pionnière et peut servir de modèle démontrant la faisabilité d’une sauvegarde du patrimoine du bas vers le haut.

Avis sur les mérites de la proposition

Ayant examiné la proposition de l’Espagne, (dossier numéro 00306), le groupe de travail est d’avis que le projet porte bien sur la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel dans le cadre du patrimoine culturel en général à travers l’éducation formelle et non-formelle.   Le projet contribue à renforcer la coordination des efforts en faveur de la sauvegarde du patrimoine culturel   immatériel au niveau local et a le potentiel d’étendre sa portée au niveau sous-régional. Il reflète les principes et les objectifs de la Convention en couvrant différents domaines du patrimoine culturel immatériel. L’effectivité du projet en matière de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel dans une petite communauté d’Espagne, possédant une richesse culturelle locale importante, est démontrée par quatre décennies d’expérience et de croissance régulière. La participation de la communauté et des individus est bien démontrée dans la documentation soumise qui comprend les signatures des ONG locales, des musées, des professeurs, des élèves et de leur famille.

Le projet est un bon exemple de recherche à long terme de documentation, de diffusion et de revitalisation du savoir traditionnel local en vue du renforcement de l’identité locale et de la prise de conscience de l’importance de la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel. Il peut en outre servir de modèle de coopération locale avec tous les acteurs participant (écoles, musées et ONG) et a l’intention d’étendre sa portée au niveau de la coopération régionale. Comme démontré dans la documentation, les parties concernés souhaitent coopérer à la diffusion de ces pratiques créatives et innovantes. Les résultats du projet sont avérés par le nombre croissant d’objets dans la collection du patrimoine culturel immatériel du musée-école ainsi que par la documentation des activités de sauvegarde qui ont été menées pendant ces quarante dernières années.   Par sa nature facilement transposable dans les systèmes éducatifs, le projet peut être considéré comme un exemple pour les pays en développement.

Résumé de Recommandation

Le Groupe de travail recommande que ce projet soit sélectionné et promu par le Comité comme reflétant le mieux les principes et objectifs de la Convention.

Top