Le Comité
- Prend note que l’Angola a proposé la candidature des Sona, dessins et figures géométriques sur le sable (n 01994) en vue de son inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité :
Les sona sont des dessins et figures géométriques tracés dans le sable. Pratiqués par les Lunda Cokwe et les peuples voisins de l’est de l’Angola, il s’agit d’une forme d’expression qui cherche à transmettre des croyances, des pensées et des émotions, ainsi que la relation entre les êtres humains et la nature. Sur un sol mouillé et recouvert de sable, les praticiens marquent des points de référence à l’aide de l’index et de l’auriculaire, puis tracent des lignes autour de ces points. Les figures et les dessins sont considérés comme un moyen de transmettre des histoires, des connaissances et la mémoire collective aux nouvelles générations. On pratique aussi les sona en tant qu’art décoratif. Les sona se transmettent lors des rites d’initiation des jeunes qui se préparent à assumer des fonctions sociales. Pour les praticiens, les sona sont un moyen de promouvoir l’identité culturelle, de créer et de consolider la mémoire collective et de renforcer le sentiment d’appartenance. C’est aussi l’occasion de préserver les connaissances autochtones et de les transmettre aux enfants et aux jeunes. Au cours des dernières décennies, les établissements d’enseignement ont commencé à utiliser les sona pour enseigner et faire progresser les connaissances en mathématiques, en ethnomathématiques et en anthropologie, entre autres. L’utilisation des sona par des instituts éducatifs et des artistes a permis de réinventer et diffuser cet art, ainsi que de renforcer les connaissances et les compétences à propos du dessin des sona sous différentes perspectives.
- Considère que, d’après les informations contenues dans le dossier, la candidature satisfait aux critères suivants pour une inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité :
R.1 : Les détenteurs et les praticiens sont le peuple Lunda Cokwe et les « akwa Kuta Sona », les experts qui ont inventé, développé et incarné les sona, et qui sont chargés de transmettre les connaissances et les savoir-faire aux jeunes générations. D’autres détenteurs et praticiens de l’élément sont des artistes qui pratiquent les sona en tant qu’art décoratif, et des universitaires qui utilisent les sona en mathématiques. La forme originale des sona est perçue comme étant en voie d’extinction, mais son utilisation par des artistes et des universitaires a permis de réinventer, d’élargir et de renforcer l’élément.
En tant que moyen d’expression des relations humaines, les sona favorisent l’identité culturelle et préservent la mémoire collective des communautés. Dans le monde universitaire, il s’agit d’un outil pédagogique apportant d’importantes contributions aux mathématiques et à l’anthropologie.
R.2 : Au niveau local, l’inscription contribuerait à accroître la visibilité et la sensibilisation à l’importance du patrimoine culturel immatériel angolais. Elle permettrait également de mieux faire connaître le patrimoine culturel immatériel en général. Au niveau national, elle permettrait également de mieux faire connaître le patrimoine vivant et les mesures de sauvegarde. Au niveau international, l’inscription mettrait en avant et célébrerait l’identité culturelle angolaise, en renforçant l’importance des ethnomathématiques tout en attirant l’attention sur d’autres connaissances et pratiques traditionnelles qui ont contribué au développement humain. L’inscription favorisera le dialogue par le biais de programmes universitaires, de projets, de cours et d’événements, et offrira des possibilités d’échange entre les communautés et les groupes en Angola, en Afrique et dans le monde.
R.3 : L’Université Lueji A’Konde, l’Institut national du patrimoine culturel et le Musée régional de Dundo ont mis en œuvre des mesures de sauvegarde passées et actuelles. Les activités comprennent des cours, des conférences, des ateliers, des services publics et des événements scientifiques. L’État s’est impliqué en déclarant les sona comme patrimoine culturel national et en élaborant des plans de sauvegarde pour empêcher leur disparition. Les mesures de sauvegarde proposées couvrent un large éventail d’activités, allant de la transmission des sona par des maîtres praticiens à leur intégration dans les programmes d’enseignement, en passant par le renforcement des capacités pour la mise en œuvre de la Convention de 2003, la soumission d’une demande d’assistance internationale à l’UNESCO, la révision de la législation, l’enrichissement des collections des musées et l’organisation de conférences et d’événements. Les ministères de la culture et du tourisme, de l’éducation et de l’administration territoriale contribueront à la formulation de politiques, fourniront des ressources humaines et créeront des infrastructures d’accueil. Les communautés de praticiens des sona ont été impliquées dans le processus de candidature lors de visites sur le terrain, au cours desquelles elles ont été informées des travaux en cours pour l’inscription des sona au patrimoine culturel immatériel de l’humanité. Des groupes de travail ont également été créés pour garantir la participation des chefs traditionnels à la mise en œuvre des plans de sauvegarde.
R.4 : Les communautés ont participé au processus de candidature, en se familiarisant avec l’approche de l’inventaire élaboré avec la participation de la communauté et en participant à des programmes de formation sur certains aspects de la Convention de 2003. Les membres de la communauté ont joué le rôle d’interprètes, facilitant la communication avec les visiteurs. Ils ont accordé des entretiens, signé des formulaires de consentement, rempli des formulaires d’inventaire, réalisé des recueils bibliographiques et organisé des photographies et des vidéos pendant le travail sur le terrain. La communauté universitaire a participé par le biais de cours, de conférences, de séminaires, d’ateliers, de débats et d’excursions. Outre les praticiens, les communautés, les individus, les universitaires et les institutions concernés, la candidature a bénéficié de la participation active du roi de Lunda Cokwe, Mwatchissengue Wa-Tembo. Tous ont fourni des informations et une documentation pertinentes et ont discuté des questions liées aux sona. Un grand nombre de membres de la communauté, tous genres confondus et très variés, ont donné leur consentement libre, préalable et éclairé. Bien qu’il existe certaines restrictions pour accéder à l’élément dans les phases les plus avancées des rites d’initiation, les sona sont accessibles au public lors de démonstrations et de compétitions.
R.5 : L’élément est inscrit à l’inventaire national du patrimoine culturel immatériel depuis 2021. L’Institut national du patrimoine culturel est responsable de l’inventaire. L’Institut national du patrimoine culturel et l’École pédagogique de Lunda-Norte ont contribué à l’identification et à la définition de l’élément, par le biais d’une consultation bibliographique et de contacts avec les communautés locales, les praticiens, les groupes et les personnes intéressées, y compris les universitaires, les chercheurs scientifiques et les dirigeants. L’inventaire est mis à jour chaque mois et de nouveaux éléments y sont régulièrement ajoutés.
- Décide d’inscrire les Sona, dessins et figures géométriques sur le sable sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité ;
- Félicite l’État partie pour cette première inscription ;
- Rappelle à l’État partie de veiller à ce que les communautés concernées soient au centre de tous les efforts de sauvegarde ;
- Encourage l’État partie, lorsqu’il soumettra des dossiers de candidature à l’avenir, à souligner les rôles spécifiques en fonction du genre, les moyens de transmission et les fonctions sociales concernant l’élément proposé.