Le Comité
- Prend note que les Philippines ont proposé l’École des traditions vivantes (n 01739) en vue de sa sélection et de sa promotion par le Comité en tant que programme, projet ou activité correspondant le mieux aux principes et aux objectifs de la Convention :
En 1995, la Sous-commission des communautés culturelles et des arts traditionnels de la Commission nationale pour la culture et les arts (NCCA), l’agence responsable d’assurer la préservation, la promotion et le développement de la culture et des arts philippins, ont affirmé la nécessité de sauvegarder les connaissances et les pratiques traditionnelles face à la rapide dévaluation culturelle provoquée par les médias, le tourisme, l’éducation formelle et la religion. Cela a ouvert la voie à la création du programme des Écoles des traditions vivantes (ou SLT, de son acronyme en anglais « School of Living Traditions »), dans le cadre duquel des centres de formation informels gérés par la communauté font appel à des praticiens pour qu’ils transmettent aux jeunes générations les connaissances, le patrimoine culturel immatériel, les compétences et les valeurs de leurs communautés. Des anciens, des leaders et d’autres membres des communautés se sont chargés d’identifier les priorités en matière de sauvegarde dans le cadre d’une série de consultations. Au cours de ce processus, la NCCA a fourni une aide au renforcement des capacités, pour la mobilisation des moyens logistiques et des autres ressources nécessaires pour mettre en place des centres de formation. Le programme SLT vise à élaborer, mettre en œuvre et examiner des mesures issues de la communauté afin de sauvegarder les connaissances et les pratiques culturelles traditionnelles fondamentales et de les protéger des effets négatifs de la modernisation. La NCCA a entamé le renforcement du programme SLT en 2015. Ceci englobe la mise en œuvre de programmes de développement communautaire sur cinq ans, spécifiques à chaque site, afin de soutenir la transmission et la viabilité du patrimoine culturel immatériel, en partenariat avec les communautés et les organisations locales.
- Considère que, sur la base des informations contenues dans le dossier, le programme répond comme suit aux critères de sélection, en tant que bonne pratique de sauvegarde, tels qu’énoncés au paragraphe 7 des Directives opérationnelles :
P.1 : L’École des traditions vivantes (SLT) fait intervenir des centres de formation non formelle. Gérés par la communauté, ils font appel à des détenteurs de connaissance et à des praticiens chargés de transmettre les connaissances et les compétences adéquates aux jeunes générations. Chaque programme SLT reçoit le soutien d’une collaboration entre un Conseil des anciens et des leaders et d’une équipe locale de coordination. Leur mission consiste à identifier, inventorier et transmettre des éléments de patrimoine culturel immatériel. Pour ce faire, des techniques empiriques sont utilisées, ainsi que la promotion des éléments par le biais d’expositions, de foires, de conférences et de festivals.
P.2 : Le programme SLT coordonne les efforts de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel au niveau national, sous-régional, régional et international. Le programme est mis en œuvre au niveau national par la Commission nationale pour la culture et les arts, en partenariat et en consultation avec des maîtres culturels, les communautés locales et leurs leaders. Au niveau régional, le programme SLT a collaboré avec différents Centres de catégorie 2 sous l’égide de l’UNESCO, notamment le Centre international de recherche sur le patrimoine culturel immatériel dans la région Asie-Pacifique (IRCI), et le Centre international d’information et de travail en réseau sur le patrimoine culturel immatériel dans la région Asie-Pacifique (ICHCAP).
P.3 : Le programme est parfaitement conforme aux objectifs et aux principes de la Convention de par sa conception et sa mise en œuvre. Certaines écoles formelles ont intégré certains aspects du programme dans le cursus scolaire des peuples autochtones et du système d’apprentissage alternatif, conformément à l’Article 14(a)(ii) de la Convention concernant le développement de programmes spécifiques d’éducation et de formation au sein des communautés et des groupes concernés. Le développement des inventaires avec l’implication totale des maîtres culturels et des détenteurs concernés est conforme à l’Article 12 de la Convention sur les inventaires. De même, le travail du SLT est informé et mis en œuvre par les communautés elles-mêmes, conformément à l’Article 15 de la Convention relatif à la participation des communautés. Les Articles 1, 11, 13 et 14 sont également pris en compte dans tout le programme SLT.
P.4 : Le programme démontre l’efficacité de sa contribution à la viabilité du patrimoine culturel immatériel concerné au travers de six indicateurs, qui sont: i) la transmission de quatre-vingt-quatre éléments dans vingt-huit écoles, ii) la formation de 2100 jeunes, iii) la revitalisation des éléments, iv) l’adhésion des communautés et des partenaires, v) les visites sur site et les travaux de recherche, et vi) la création d’écoles SLT satellites pour permettre une plus grande implication de la communauté.
P.5 : Le programme SLT est une initiative issue de la communauté qui est réalisée en collaboration avec le gouvernement local. Les leaders de la communauté passent des résolutions qui approuvent l’utilisation d’espaces communautaires pour la construction des centres SLT et participent à la formulation d’un plan stratégique sur cinq ans. Ce processus implique les hommes, les femmes et les jeunes, et organise des débats permettant d’identifier les éléments à prioriser dans le programme. Le renforcement des capacités, le suivi, la soumission de rapports et l’évaluation sont réalisés avec la participation active de communautés locales et de praticiens. Le dossier démontre une large participation de la communauté et atteste de son consentement libre, préalable et éclairé de différentes façons selon les différents contextes sociaux.
P.6 : Le programme peut servir de modèle sous-régional et international pour les activités de sauvegarde. Il fait intervenir un processus d’enseignement et d’apprentissage développé et créé par la communauté, qui est orienté par les lois coutumières des communautés concernées. À ce titre, cette approche peut être particulièrement riche en enseignement pour les pays collaborant étroitement avec les populations autochtones. Les modules d’apprentissage sont contextualisés et ne suivent pas un cadre strict, mais sont enseignés et guidés par des maîtres culturels ou des anciens reconnus et respectés dans leurs communautés. La transmission de systèmes et de pratiques de connaissances autochtones par le biais de méthodes non formelles encourage l’apprentissage chez les jeunes générations. Ces modules peuvent aussi être introduits dans les systèmes d’éducation formels. Le programme est une initiative multi-sectorielle et dépend de tout un échantillon d’acteurs, notamment les établissements d’enseignement, les entités gouvernementales, les organismes de la société civile et les communautés elles-mêmes.
P.7 : L’État soumissionnaire considère que les lettres de consentement et le processus de consultation sont des preuves de sa volonté collective de collaborer à la diffusion des bonnes pratiques de sauvegarde. Le dossier explique que les communautés ont déjà participé à des activités de sensibilisation et à la diffusion d’informations sur les mesures de sauvegarde, et qu’elles ont également pris part à des festivals, des conférences et des démonstrations. Les SLT partagent les bonnes pratiques de sauvegarde via la publication de modules et reçoivent le soutien technique et financier de la Commission nationale pour la culture et les arts.
P.8 : La Division chargée du suivi et de l’évaluation des programmes (PMED) de la Commission nationale pour la culture et les arts évalue régulièrement la mise en œuvre des programmes et des activités SLT depuis leur création en 1995. Ce suivi se compose d’une évaluation annuelle, d’enquêtes régulières, de groupe de discussion et d’activités de planification. Sur la base de ces évaluations, le programme SLT a été renforcé en 2015 et actualisé afin de mieux répondre au contexte et aux défis actuels.
P.9 : Le dossier démontre l’aptitude du programme à jouer le rôle de modèle d’activités de sauvegarde et à répondre aux besoins des pays en développement, en particulier ceux où résident des communautés autochtones. Le programme SLT peut être considéré comme un modèle rentable, réactif aux circonstances locales et capable d’aider les pays en développement qui rencontrent des difficultés face aux effets de la mondialisation sur leur patrimoine culturel. Le programme priorise les communautés comme les principaux acteurs et bénéficiaires, et peut servir de modèle pour promouvoir la créativité, le dialogue et un développement durable basé avant tout sur les besoins des communautés.
- Décide de sélectionner l’École des traditions vivantes en tant que programme, projet ou activité correspondant le mieux aux principes et aux objectifs de la Convention ;
- Félicite l’État partie de la bonne préparation de son dossier qui est conforme à l’esprit de la Convention et qui accorde une grande importance au rôle central des communautés, des groupes et des individus, et en particulier du rôle des communautés autochtones dans la sauvegarde de leur patrimoine culturel immatériel.