Décision du Comité intergouvernemental : 16.COM 8.B.38

Le Comité

  1. Prend note que le Sri Lanka a proposé la candidature des savoir-faire traditionnels relatifs à la fabrication de Dumbara Ratā Kalāla (n  01693) pour inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité :

Les Dumbara-ratā kalāla, ou tapis Dumbara, sont des tapis traditionnels fabriqués à la main qui sont utilisés en tant que tentures murales, tapisseries ou housses de coussin. Les tapis sont fabriqués dans deux villages (Kalasirigama et Alokagama) par une communauté appelée kinnara. Du XVe au XIXe siècle, celle-ci fournissait des tapis ornementaux au palais royal dans le cadre du service obligatoire à la couronne ainsi qu’aux élites dirigeantes. Aujourd’hui, les tapis tissés par les artisans sont principalement destinés aux acheteurs locaux et aux touristes. Conçus à partir de fibres de hana, un type de plante, les tapis Dumbara sont ensuite ornés de motifs et de dessins symboliques. Les fibres de la plante sont séparées en pressant les feuilles contre une bûche à l’aide d’un morceau de bois effilé qui permet de racler la pulpe. Elles sont ensuite lavées, séchées au soleil, peignées et teintes à l’aide de teintures traditionnelles végétales, fabriquées à partir de matériaux naturels récoltés dans la vallée de Dumbara. Le tapis est créé à l’aide d’un métier à tisser, tandis que les motifs et dessins sont réalisés à l’aide d’une latte de bois plate et étroite, comportant un trou à une extrémité. Le tisseur insère les brins de fibre dans le trou, puis fait passer la latte dans les fils du métier à tisser pour créer le motif souhaité. Les tapis Dumbara sont un élément traditionnel qui revêt une grande importance culturelle pour les Sri Lankais, et dont la pratique se transmet des parents aux enfants par l’observation et la pratique.

  1. Considère que, d’après les informations contenues dans le dossier, la candidature satisfait aux critères suivants pour une inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité comme suit :

R.1 : La récolte des feuilles d’agave vera et la préparation des fibres pour le tissage et la réalisation des motifs et dessins culturellement symboliques sont pratiquées à la fois par les hommes et par les femmes, dont les rôles spécifiques se chevauchent parfois. L’élément est majoritairement pratiqué au sein des cellules familiales et se transmet des parents aux enfants par l’observation et la pratique. Les connaissances au sujet de l’élément sont également partagées entre les membres des deux villages à l’occasion des réunions familiales, des mariages, des expositions artisanales et des foires. Cette longue tradition constitue une source de fierté pour les praticiens, dont les ancêtres fournissaient autrefois des Dumbara-ratā kalāla au palais royal. La pratique renforce également les liens familiaux et permet aux femmes d’être sur un pied d’égalité avec les hommes dans le processus de fabrication.

R.2 : Au niveau local, l’inscription permettrait de sensibiliser les individus à l’importance de l’élément et de l’artisanat en général, en soulignant notamment leur rôle dans l’économie locale et l’environnement. Elle attirera les jeunes des villages environnants et les formera aux techniques artisanales, tout en encourageant les autorités locales et provinciales à soutenir les projets des communautés susceptibles de contribuer à la visibilité de l’élément. Au niveau national, l’inscription accorderait à l’élément une place centrale lors de l’exposition artisanale nationale et de la cérémonie de remise des prix présidentiels du Conseil national de l’artisanat (NCC), et mettrait en valeur l’artisanat traditionnel dans son ensemble. Au niveau international, l’inscription permettrait de promouvoir une utilisation durable des ressources naturelles ainsi que l’égalité des sexes dans le cadre de la fabrication. L’inscription améliorerait également le dialogue entre les communautés vivant dans la région tout en promouvant le respect de la diversité culturelle en incitant les individus à apprécier les symboles bouddhistes ou hindous de l’élément.

R.3 : La viabilité de l’élément a été assurée par les efforts déployés par les aînés, qui ont transmis la tradition et formé les jeunes par le biais du Conseil national de l’artisanat. De son côté, l’État a pris des mesures pour acheter le Dumbara-ratā kalāla à un prix plus élevé afin d’assurer sa viabilité financière pour la communauté, et a coordonné des programmes de formation pour cultiver le hana sur des friches et des terrains publics afin d’assurer un approvisionnement suffisant. Les mesures de sauvegarde proposées se traduisent par un vaste appareil étatique visant à gérer le patrimoine culturel immatériel, promouvoir la transmission de l’élément, intégrer la connaissance de l’élément dans le programme scolaire et protéger les connaissances traditionnelles et les expressions culturelles. Les communautés ont participé à l’élaboration des mesures de sauvegarde.

R.4 : Le dossier démontre une large participation de la communauté dans le processus de candidature. Il exprime leurs préoccupations au regard de la sauvegarde de l’élément et de son rôle dans leurs moyens de subsistance durables. Le dossier atteste du consentement libre, préalable et éclairé des communautés. Les restrictions historiques qui pourraient interdire la transmission de l’élément en dehors de la communauté ont été minimisées grâce aux mariages mixtes, ce qui a facilité la pérennité de la transmission et permis aux familles de tirer des avantages économiques de l’élément.

R.5:   L’élément figure sur l’inventaire national du patrimoine culturel immatériel et relève de la compétence du Conseil national des bibliothèques et services de documentation (NLDSB). Il a été inscrit en janvier 2020 et une mise à jour est effectuée tous les quatre ans. La collecte d’informations a débuté en 2015 avec l’identification de l’élément et s’est poursuivie jusqu’en 2020, date à laquelle il a été inscrit dans l’inventaire national. Dans le cadre du processus de mise à jour du dossier, les agents culturels et de développement préparent et gèrent des questionnaires portant sur les domaines des différents éléments.

  1. Décide d’inscrire les savoir-faire traditionnels relatifs à la fabrication de Dumbara Ratā Kalāla sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité ;
  2. Félicite l’État partie d’avoir présenté un dossier de candidature qui témoigne d’une forte sensibilisation aux liens entre le patrimoine culturel immatériel et le développement durable, ainsi que pour ses efforts en faveur du bien-être et de la prospérité de la communauté par le biais de mesures de sécurité sociale telles que des assurances maladie et pensions d’invalidité ;
  3. Encourage l’État partie à rester attentif au risque potentiel de commercialisation excessive de l’élément et à s’assurer que les mesures de sauvegarde répondent de manière adéquate à ces risques.

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