Le Comité,
- Prend note que le Monténégro a proposé la candidature de la marine de la Boka, organisation maritime traditionnelle (n 01507) pour inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité :
La marine de la Boka, organisation maritime traditionnelle, comprend une série d’activités, de pratiques et de rituels associés à la translation des reliques de Saint Tryphon à Kotor en 809, dans laquelle les marins ont joué un rôle fondamental. La marine de la Boka est le pilier des festivités annuelles dédiées à Saint Tryphon et participe aux célébrations des journées des municipalités de Kotor, Tivat et Herceg Novi. À ces dates, avec des citoyens, des festivités traditionnelles ont lieu dans les rues et sur les places des différentes villes. Le kolo, ronde médiévale, est au cœur des festivités et est accompagné par les orchestres de la ville. Le kolo a 12 figures chargées de symboles spirituels et maritimes. L’adhésion à la marine de la Boka est volontaire et chaque année, lors de la célébration de l’Amirauté, la marine de la Boka choisit un garçon âgé de 7 à 12 ans pour tenir le rôle du Jeune amiral, le plus jeune membre de l’organisation. Ceci constitue un symbole important de renouveau et de durabilité de l’élément. L’uniforme traditionnel, orné d’armes, est un autre aspect fondamental de l’élément.
- Estime que, d’après les informations contenues dans le dossier, la candidature satisfait au critère d’inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité comme suit :
R.5 : La marine de la Boka a été inscrite au Registre des biens culturels du Monténégro (dans la section Biens culturels immatériels) en 2013. L’Administration pour la protection des biens culturels est l’organisme chargé de tenir l’inventaire à jour, notamment les données et la documentation sur les éléments nouveaux ou existants du patrimoine culturel immatériel. L’élément a été répertorié dans le cadre du projet d’inventaire du patrimoine culturel immatériel du Monténégro en 2012, mené par l’Administration pour la protection des biens culturels et le Musée national du Monténégro.
- Estime en outre que les informations contenues dans le dossier ne sont pas suffisantes pour permettre au Comité de déterminer si les critères d’inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité suivants sont satisfaits :
R.1 : Malgré l’indéniable importance de la marine de la Boka, le dossier ne contient pas de description claire de l’élément. De nombreuses activités, pratiques et rituels sont mentionnés mais sans aucune précision sur leur nature, leurs fonctions sociales et leurs significations culturelles. De plus, selon le dossier de candidature, la marine de la Boka est une organisation. Cela crée de la confusion au sujet de la nature même de l’élément, puisqu’il est difficile de voir comment une organisation pourrait devenir un élément du patrimoine culturel immatériel. Enfin, le dossier mentionne les acteurs des modes de transmission sans toutefois décrire lesdits modes. Il ne démontre pas non plus les liens que l’élément entretient avec la communauté.
R.2 : Le dossier ne démontre pas comment l’inscription de la marine de la Boka contribuerait à assurer la visibilité du patrimoine culturel immatériel en général. Il se concentre sur la visibilité et la sensibilisation à l’élément lui-même, mettant en avant les valeurs de la marine de la Boka en lien avec l’identité au niveau local. Il le décrit aussi comme un bon exemple pour d’autres communautés du Monténégro en ce qui concerne la promotion des valeurs culturelles au niveau national. En outre, rien n’indique en quoi l’élément constitue un bon exemple de rassemblement de différentes religions, peuples et cultures, ce qui est indiqué dans le dossier en tant qu’affirmation générale sans justification.
R.3 : Les mesures de sauvegarde proposées sont liées à des activités actuelles et passées. Cependant, la distinction entre elles n’est pas tout à fait claire, ce qui ne permet pas de déterminer quelles activités spécifiques seront entreprises pour sauvegarder l’élément à l’avenir. De plus, en raison de la confusion sur la nature de l’élément, il n’est pas possible d’identifier qui seront les parties prenantes des mesures, ni comment les communautés participeront à ces mesures. Enfin, d’autres aspects liés aux mesures de sauvegarde sont problématiques : un manque de mesures de sauvegarde visant à répondre aux éventuelles menaces mentionnées résultant du tourisme ; un manque d’explications sur les représentations et les activités cérémonielles en tant que mécanismes de protection ; et l’accent mis sur la « préservation » de la tradition et de ses valeurs.
R.4 : Le dossier ne comporte aucune information sur les mécanismes et méthodologies de travail avec les communautés impliquées dans la marine de la Boka. Il mentionne que les membres de la communauté ont été informés des décisions importantes, des réunions, des plans et du contenu du dossier de candidature mais cela n’implique pas qu’ils aient activement participé à sa préparation. En outre, en raison de la description peu claire de l’élément, il n’est pas possible d’identifier les détenteurs de l’élément, ce qui crée une confusion entre les membres de la communauté et les membres de l’organisation.
- Décide de renvoyer la candidature de la marine de la Boka, organisation maritime traditionnelle à l’État partie soumissionnaire et l’invite à resoumettre la candidature au Comité pour examen au cours d’un cycle ultérieur ;
- Encourage l’État partie à mettre à profit les outils de renforcement des capacités proposés par le Secrétariat afin d’améliorer son utilisation des différents mécanismes de la Convention.