Décision du Comité intergouvernemental : 12.COM 11.E.2

Le Comité

  1. Prend note que la Bulgarie a proposé la chitalishte bulgare (centre culturel communautaire), expérience pratique de préservation de la vitalité du patrimoine culturel immatériel (n  00969) pour sélection et promotion par le Comité comme programme, projet ou activité reflétant le mieux les principes et les objectifs de la Convention :

Les chitalishta (centres culturels communautaires) sont uniformément réparties sur l’ensemble du territoire bulgare. Elles sont établies par les communautés elles-mêmes et sont ouvertes à tous, indépendamment de l’âge, du sexe et des opinions politiques ou religieuses. Les premières chitalishta ont été créées en 1856 et ont dès lors été reconnues comme des unités organisationnelles fondamentales de la société bulgare. D’après la Loi sur les chitalishta de 1996, il s’agit d’organisations non gouvernementales auto-réglementées. Conformément à cette loi, elles mènent des activités culturelles et éducatives qui visent à sauvegarder les coutumes et les traditions du peuple bulgare, à garantir l’accès à l’information, à diffuser des connaissances et à familiariser les citoyens avec les valeurs et les avancées de la science, des arts et de la culture. Les chitalishta sont essentielles à la transmission du patrimoine culturel immatériel dans le pays, et les membres âgés jouent un rôle important, en encourageant les jeunes à y participer. Le nombre croissant de chitalishta et de participants à leurs activités, issus de tous les groupes de population et de toutes les tranches d’âge, témoigne de l’efficacité des chitalishta. Afin de faire connaître et de populariser le patrimoine culturel immatériel, les chitalishta organisent des festivals, des célébrations, des rassemblements, des expositions et bien d’autres manifestations. La création de centres locaux chargés de documenter, d’archiver et de transmettre les connaissances et les compétences est un moyen novateur de développer les chitalishta.

  1. Décide que, d’après l’information contenue dans le dossier, le programme répond comme suit aux critères énoncés au paragraphe 7 des Directives opérationnelles concernant la sélection en tant que bonne pratique de sauvegarde :

P.1 :  Bien qu’elles aient été créées au XIXe siècle pour célébrer la culture traditionnelle et les coutumes locales, les chitalishta ont adapté leurs activités actuelles afin d’appliquer des méthodes de sauvegarde pertinentes pour le patrimoine culturel immatériel. Les membres de la communauté, toute génération confondue, partagent des valeurs communes, et mènent des activités sociales et éducatives telles que l’organisation de célébrations culturelles, de festivals et d’expositions, la création de centres locaux de documentation et d’archivage, et la sensibilisation à des éléments spécifiques du patrimoine culturel immatériel.

P.2 :  Si les chitalishta opèrent en tant qu’organisation non gouvernementale, essentiellement aux niveaux local et national, elles sont également en mesure d’intervenir aux niveaux régional et international. Le formulaire mentionne une coopération avec des organismes de pays voisins ainsi qu’avec le centre de catégorie 2 sous les auspices de l’UNESCO basé à Sofia (Centre régional pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel en Europe du Sud-est), de portée régionale.

P.3 :  Les chitalishta sont des structures inclusives et auto-réglementées. Elles sont créées par les communautés et interviennent principalement à l’échelle locale. Leurs objectifs et leurs missions sont, entre autres, de sauvegarder les traditions locales et de satisfaire les besoins culturels par le biais d’activités de sensibilisation et d’éducation, de diffuser les valeurs culturelles qui y sont associées, d’encourager le respect de la diversité culturelle de différentes traditions locales et de participer activement à la coopération internationale. Les activités destinées aux enfants contribuent également aux processus de transmission.

P.4 :  Ces centres bénéficient d’un large soutien des pouvoirs publics, d’organismes et de différents publics dans l’ensemble du pays. Au fil du temps, les chitalishta ont contribué à la sauvegarde et à la transmission du patrimoine culturel immatériel à travers différents programmes éducatifs ainsi qu’à la documentation et à la promotion des traditions locales. Les chitalishta ont comme responsabilités spécifiques de soutenir les détenteurs de traditions et d’actualiser le système national des « Trésors humains vivants ».

P.5 :  De vastes consultations publiques ont précédé la proposition et des documents attestant du consentement de vingt-neuf chitalishta et organisations partenaires sont fournis. La participation de la communauté est à la base de l’organisation et des activités de ces centres communautaires locaux. Les membres de la communauté interviennent volontairement en tant qu’organisateurs, participants (pour transmettre le patrimoine culturel immatériel ou découvrir des traditions vivantes) ou membres du public, souvent dès leur plus jeune âge. Cependant, le dossier ne décrit pas spécifiquement la manière dont les membres de la communauté sont impliqués dans les activités.

P.6 :  Le modèle des chitalishta pourrait être appliqué à différentes situations locales. Leur système et leur structure organisationnelle sont tout à fait adaptables, comme l’ont prouvé leurs nombreux centres avec des programmes et des activités conçus selon les aspirations et l’implication des différentes communautés locales qui les dirigent. Ces centres sont ainsi en mesure de répondre aux besoins de la communauté, tout en restant guidés par la réglementation nationale et en bénéficiant d’un large soutien des pouvoirs publics. Les chitalishta offrent un environnement naturel pour l’éducation informelle et les projets locaux, et se caractérisent par la tolérance à l’égard de différentes traditions culturelles, garantissant ainsi le respect de la diversité culturelle aux niveaux régional, sous-régional et international.

P.7 :  Le dossier montre la détermination des différentes parties prenantes des chitalishta à contribuer à la diffusion de ses pratiques et des enseignements reçus. Les partenariats et la collaboration avec différentes institutions en attestent, par exemple avec le Centre régional pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel en Europe du Sud-est à Sofia, le Musée ethnographique, l’Institut d’ethnologie et d’études du folklore et le Centre national du patrimoine culturel immatériel. Un site Internet dédié a été créé afin de promouvoir le programme.

P.8 :  Dans chaque chitalishte, la commission de contrôle, un organe interne auto-réglementé, réalise une évaluation des activités. Conformément à la législation nationale relative aux chitalishta, l’assemblée générale de chaque centre soumet le programme qu’elle a adopté aux autorités municipales. Elles sont également soumises à des cycles continus de contrôle interne et externe, et chaque chitalishte est tenue de remplir un questionnaire du Ministère de la culture à cet effet.

P.9 :  Les chitalishta ne servent pas uniquement de centres du patrimoine culturel immatériel mais s’intéressent aussi à un grand nombre de sujets et de problèmes locaux. Elles contribuent à coordonner les ressources et les politiques locales et nationales en matière de patrimoine culturel, et collaborent également en continu avec les écoles, ce qui élargit considérablement les possibilités d’associer des méthodes d’enseignement formel et informel.

  1. Sélectionne la chitalishte bulgare (centre culturel communautaire), expérience pratique de préservation de la vitalité du patrimoine culturel immatériel comme programme, projet ou activité reflétant le mieux les principes et objectifs de la Convention ;
  2. Encourage l’État partie à partager, via des plateformes régionales et internationales, son expérience vis-à-vis des programmes et des activités des chitalishta, notamment en ce qui concerne la participation des communautés, en fournissant des exemples de méthodologies et de mesures de sauvegarde spécifiques.

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