Le Comité
- Prend note que Cuba a proposé la candidature de la rumba à Cuba, mélange festif de musiques et de danses et toutes les pratiques associées (no 01185) pour inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité :
La musique et les mouvements de la rumba à Cuba sont principalement associés à la culture africaine, mais comportent également des éléments de la culture antillaise et du flamenco espagnol. La rumba à Cuba a pris son essor dans les quartiers marginalisés de plusieurs villes de Cuba telles que La Havane et Matanzas, près d’autres ports et dans les bidonvilles, et est devenue particulièrement populaire dans les zones rurales où vivaient les communautés d’esclaves africains. Connaissant une expansion d’ouest en est sur le territoire, la rumba a constitué un symbole majeur pour une couche marginalisée de la société cubaine et pour l’identité cubaine ; elle permet d’exprimer l’estime de soi et la résistance et contribue au rayonnement social en enrichissant la vie des communautés qui la pratiquent. La rumba se décline sous des formes de communication verbales et non verbales : chants, gestes, frappement de mains, danse et langage corporel spécifique. Les instruments, qu’il s’agisse de percussions ou de simples ustensiles utilisés à la maison ou au travail, font partie intégrante de la pratique. Une atmosphère festive s’installe lorsque les interprètes, qui suivent des codes culturels précis, commencent à interagir avec le public. Les danses et les chants évoquent un sentiment de grâce, de sensualité et de joie qui vise à rapprocher les individus, indépendamment de leur milieu social et économique, de leur sexe ou de leur origine ethnique. La pratique de la rumba à Cuba a été transmise par le biais de l’imitation au fil des générations, au sein des familles et entre voisins.
- Décide que, d’après les informations contenues dans le dossier, la candidature satisfait aux critères suivants :
R.1 : Le dossier décrit la rumba à Cuba comme un style de musique et de danse expressif qui se décline sous des formes de communication verbales (chants et sons vocaux) et non verbales (gestes et langage corporel). La rumba est actuellement pratiquée au sein des cercles familiaux, entre voisins, dans les communautés et dans le cadre d’événements festifs ou religieux dans l’ensemble du pays. Elle allie tradition et contemporanéité et procure un sentiment d’estime de soi et d’appartenance à ses détenteurs, et notamment aux « rumberos » et à leurs pairs. Elle réunit aussi des individus de tout sexe et de toute classe sociale, origine géographique ou croyance religieuse, ce qui renforce la cohésion sociale et le respect mutuel et favorise les relations harmonieuses entre les individus et les communautés. La rumba est transmise oralement et recréée au fil des générations par le biais de l’imitation ou de formations ;
R.2 : L’État soumissionnaire explique que l’inscription encouragerait le dialogue en favorisant les interactions entre les communautés concernées aux niveaux local et national. Étant donné que la rumba à Cuba comporte des éléments aux racines diverses (africaines, espagnoles à travers le flamenco, et afro-antillaises), son inscription contribuerait à promouvoir le respect de la diversité culturelle et de la créativité humaine. Elle permettrait également d’accroître la visibilité des éléments des cultures traditionnelles populaires d’Amérique latine développés par les couches marginalisées de la société et favoriserait la reconnaissance du rôle de la population africaine dans l’identité culturelle de l’Amérique ;
R.3 : La viabilité de l’élément a été assurée dans le cadre d’événements religieux et festifs organisés par les familles, entre voisins, dans les écoles, ainsi que par l’État soumissionnaire. Le dossier propose différentes mesures de sauvegarde qui incluent la formation des praticiens, la collecte d’informations, des échanges entre les universitaires et les détenteurs et des travaux de recherche. Il explique également comment l’État soumissionnaire soutiendra ses efforts de sauvegarde et leur suivi ;
R.4 : Le dossier rend bien compte de la participation de divers acteurs (communautés et groupes de rumberos, praticiens, organisations non gouvernementales, experts, mais aussi autorités locales et nationales et associations internationales) au processus de candidature. Leur consentement libre, préalable et éclairé à la candidature est exprimé par des déclarations présentées sous forme visuelle et écrite. L’État soumissionnaire confirme qu’aucune pratique coutumière ne restreint l’accès à l’élément ;
R.5 : La rumba a été incluse en 2012 dans le système d’inventaire automatisé du Conseil national pour le patrimoine culturel et est enregistrée dans l’Inventaire des festivités populaires qui a été lancé en 2006. La compilation et la révision des données nécessaires à l’inventaire ont été effectuées avec la participation et le consentement des communautés concernées.
- Inscrit la rumba à Cuba, mélange festif de musiques et de danses et toutes les pratiques associées sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité ;
- Encourage l’État soumissionnaire à assurer la plus large participation possible des communautés concernées à la mise en œuvre des mesures de sauvegarde, tout en veillant à ce que ces mesures soient concrètes et appropriées pour la viabilité de l’élément ;
- Rappelle à l’État soumissionnaire qu’il est important, dans le cadre de la promotion de l’élément aux niveaux national et international, d’éviter d’utiliser des expressions inappropriées telles que « patrimoine mondial » et « chef-d’œuvre ».