Le Comité
- Prend note que la République bolivarienne du Venezuela a présenté la candidature du carnaval d’El Callao, représentation festive d’une mémoire et d’une identité culturelle (no 01198) pour inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité :
Le carnaval d’El Callao, pratiqué dans des communautés de la République bolivarienne du Venezuela, est associé aux célébrations d’émancipation (Cannes Brulées) qui se déroulent dans les îles francophones des Caraïbes. De janvier à mars, cette pratique traditionnelle réunit jusqu’à 3 000 personnes qui défilent dans les rues de la ville déguisées en personnages historiques ou imaginaires, accompagnées de musique calypso, de concerts et de danses. Les parades sont menées par les Madamas (piliers de l’identité callaoense et représentant les demoiselles antillaises qui communiquent les valeurs, elles dansent et sont vêtues de robes colorées), les Medio-Pintos (jeunes qui amusent le public en badigeonnant de suie les personnes qui refusent de donner une pièce), les Mineros (mineurs) et les Diablos (personnes qui portent des masques, dansent et brandissent un fouet pour faire régner l’ordre). D’autres enfants et adultes déguisés y participent. Le carnaval met en avant l’histoire des Callaoenses et leur diversité, en célébrant leur héritage afro-antillais et les influences d’autres communautés ; il renforce leur identité culturelle, favorise l’unité et encourage les jeunes générations à découvrir leur patrimoine. La transmission intergénérationnelle de cette pratique se fait essentiellement dans les familles et les écoles dirigées par des détenteurs de la tradition, où les enfants acquièrent le savoir-faire nécessaire pour participer au carnaval, soit par la composition de mélodies ou la pratique d’un instrument, soit par le chant et la danse ou encore la confection de masques.
- Décide que, d’après les informations contenues dans le dossier, la candidature satisfait aux critères suivants :
R.1 : L’État soumissionnaire a décrit l’élément et son importance pour la mémoire locale, ainsi que le sentiment d’appartenance et d’identité des communautés concernées, en soulignant leur héritage afro-antillais. Le carnaval rassemble une grande variété de membres de la communauté qui préparent les célébrations et y participent avec des rôles spécifiques. Les mécanismes de transmission sont essentiellement informels, puisqu’elle s’effectue au sein des familles et des communautés, en plus d’écoles créées par les détenteurs de cette tradition. Plusieurs aspects associés à l’élément (la musique calypso, le patois, la gastronomie callaoense et les festivités publiques) favorisent l’harmonie et le divertissement collectif, tout en respectant la diversité d’autres individus, groupes et communautés. Aucun aspect de l’élément n’est contraire aux instruments existants relatifs aux droits de l’homme et il permet à tous de participer, indépendamment du genre, de l’âge et de l’origine sociale ;
R.2 : Le dossier indique que l’inscription de cet élément contribuerait à la sensibilisation et à la visibilité de l’importance du patrimoine culturel immatériel en général, du fait qu’il symbolise l’histoire vivante, mêlant tradition, innovation, ainsi qu’une variété de manifestations festives de ce type en Amérique latine, en Europe et dans d’autres parties du monde. Le carnaval d’El Callao est issu du mélange de différentes cultures ; il encourage ainsi la compréhension et le dialogue, le dépassement des différences et la poursuite d’objectifs communs. La musique calypso permet et encourage l’innovation. La fabrication d’instruments de musique à partir d’objets recyclés offre un bon exemple d’innovation et de promotion du développement durable ;
R.3 : Le dossier décrit les efforts de la communauté pour sauvegarder l’élément, à savoir des activités de recherche et de communication, l’organisation de festivals, des expositions photographiques, une sensibilisation dans les écoles et des tentatives de professeurs de revitaliser la langue locale. Des instituts nationaux ont soutenu ces initiatives par la législation et par la réhabilitation d’une église utilisée pendant les festivités. Les détenteurs ont élaboré des mesures de sauvegarde pour l’avenir et se placent au premier plan de leur mise en œuvre, avec le soutien de l’État. Ces mesures concernent la transmission des connaissances, la promotion et l’évaluation du patrimoine, ainsi que la durabilité économique de l’élément en tant que ressource touristique. Les mesures qui visent à éviter la commercialisation excessive des festivités à travers le tourisme sont importantes si l’on veut éviter de créer des manifestations de masse, comme c’est le cas de nombreux carnavals et manifestations similaires dans le monde ;
R.4 : Le dossier de candidature décrit bien le rôle central des communautés concernées (détenteurs et praticiens, organes administratifs locaux, régionaux et nationaux, industrie du tourisme) dans le lancement et la gestion du processus de candidature. Le dossier indique que ces communautés ont donné leur consentement et contient des preuves qui en attestent. La communauté a exprimé le souhait de ne pas divulguer certains aspects de l’élément, ce qui a été respecté.
R.5 : Le carnaval d’El Callao a été inscrit sur le registre vénézuélien du patrimoine culturel, préparé par l’Institut du patrimoine culturel entre 2004 et 2010, et des preuves en sont fournies. De la même façon, l’État soumissionnaire a démontré la séquence des dates dans laquelle s’est maintenue l’actualisation de l’inventaire avec une ample participation de la communauté et à travers des processus juridiques stricts.
- Inscrit le carnaval d’El Callao, représentation festive d’une mémoire et d’une identité culturelle sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité.
- Remercie la délégation de la République bolivarienne du Venezuela des éclaircissements apportés au Comité sur les informations contenues dans le dossier à propos du critère R.5.