Décision du Comité intergouvernemental : 19.COM 7.b.45

Le Comité

  1. Prend note que le Kazakhstan a proposé la candidature du betashar, rituel traditionnel de mariage (n 01746) pour inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité :

Au Kazakhstan, le rituel du betashar consiste à dévoiler le visage de la mariée lors de la cérémonie de mariage. Cette tradition trouve son origine à l’époque médiévale, où le marié ne voyait que rarement sa future épouse avant le mariage. Au début de la cérémonie, la mère de la mariée la revêt de la coiffe traditionnelle kazakhe et d’un voile. Elle est ensuite escortée dans le hall, où les invités attendent son arrivée. L’« akyn » (le chanteur et chef de cérémonie) entame le chant nuptial en faisant l’éloge de la famille et des ancêtres du marié. En signe de respect et de salutation, la mariée et ses belles-sœurs s’inclinent devant chaque personne citée. L’« akyn » soulève alors le voile de la mariée pour révéler son visage aux invités. La mère du marié accueille la mariée comme un nouveau membre de la famille, et le marié la prend par la main. Les proches couvrent ensuite les jeunes mariés de bonbons et de pièces de monnaie. Les normes sociales et les connaissances liées au betashar sont transmises de la grand-mère aux petits-enfants. Les « akyns » et les artisans qui créent les vêtements et accessoires de mariage traditionnels transmettent leur savoir dans le cadre d’un apprentissage. Le rituel réunit les nouveaux membres de la famille et les voisins. Il permet également l’échange de connaissances traditionnelles, telles que les chansons folkloriques, tout en renforçant la compréhension mutuelle et le dialogue.

  1. Considère que, d’après les informations contenues dans le dossier, la candidature satisfait aux critères d’inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité comme suit :

R.1 :  Le rituel du betashar est la cérémonie qui consiste à dévoiler le visage de la mariée lors d’une cérémonie de mariage. Les praticiens et les détenteurs de l’élément sont la communauté kazakhe et la mère de la mariée, les mariés et les sœurs aînées du marié jouent des rôles spécifiques. Les connaissances et les compétences associées aux rites du betashar sont transmises de manière informelle au sein des familles, les grands-mères enseignant à leurs petits-enfants. Les femmes les plus âgées enseignent aux filles l’éthique et la sagesse sacrée liées à la cérémonie. Les connaissances des maîtres des cérémonies de mariage sont transmises par le biais d’un apprentissage. Le rituel favorise l’unité entre les familles et leurs voisins. Il favorise également l’échange de connaissances traditionnelles, le respect mutuel des traditions sociales et l’amélioration des relations interpersonnelles au sein des communautés locales.

R.4 :  Des experts et des détenteurs ont été impliqués dans le processus de candidature de l’élément. Ils ont participé à l’évaluation des risques liés aux cérémonies de mariage traditionnelles au Kazakhstan, dans le cadre de laquelle une série de conférences éducatives sur cet élément a été organisée avec la participation d’un groupe d’akyns. Diverses lettres de consentement des communautés ont été soumises, exprimant leur soutien à la candidature de l’élément.

R.5 :  L’élément a été inscrit au Registre national du patrimoine culturel immatériel du Kazakhstan en mars 2013. Cet inventaire est tenu à jour par le Ministère de la culture et des sports. L’inventaire est mis à jour de deux manières : (a) l’inventaire national est révisé dans son ensemble ; et (b) de nouveaux éléments proposés par la Commission nationale pour l’UNESCO et l’Organisation islamique mondiale pour l’éducation, les sciences et la culture sont ajoutés après examen par les responsables et les communautés concernés. La procédure de mise à jour de l’inventaire a été actualisée fin 2023.

  1. Considère en outre que sur la base des informations fournies par l’État partie au Comité à sa présente session, les critères suivants d’inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité sont satisfaits :

R.2 :  La reconnaissance et l’inscription de cet élément, considéré comme l’un des rites traditionnels les plus répandus et les plus régulièrement pratiqués au Kazakhstan, contribueront à accroître la visibilité et la sensibilisation au patrimoine culturel immatériel. Cela contribuera également un dialogue accru avec les praticiens de cet élément. Il promeut l’égalité des genres en intégrant une jeune femme dans une nouvelle famille, en lui accordant des droits et des responsabilités en tant que membre à part entière. Cette inclusion renforce la cohésion sociale au sein des structures familiales et communautaires. Cet élément promeut une éducation de qualité en transmettant les savoir-faire pratiques et les valeurs culturelles des aînés aux jeunes générations. Cela permet de préserver les compétences liées à la vie familiale et au mariage. En outre, il promeut également à la durabilité environnementale en mettant l’accent sur la nécessité de vivre en harmonie entre l’humain et la nature et sur l’utilisation de tissus, de bijoux et d’instruments de musique fabriqués à partir de matériaux organiques.

R.3 :  La candidature décrit les mesures nécessaires de sauvegarde pour garantir la viabilité du betashar. Les communautés, les praticiens et les anciens jouent un rôle actif dans la préservation du betashar, dont les connaissances sont transmises à travers les structures familiales et le système traditionnel de formation maître-apprenti (ustaz-shakirt). Le système éducatif formel intègre le betashar dans les programmes des établissements de formation musicale et artistique, en offrant des bourses et des formations aux étudiants dans le domaine des spectacles traditionnels et l’artisanat. Des festivals nationaux, régionaux et locaux, ainsi que la couverture médiatique, célèbrent le betashar maintenant ainsi sa visibilité. Les détenteurs de l’élément, avec le soutien du comité national du PCI, prennent des mesures pour le sauvegarder en organisant des consultations communautaires et des actions éducatives afin de maintenir son intégrité culturelle.

  1. Décide d’inscrire le betashar, rituel traditionnel de mariage sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité ;
  2. Rappelle à l’État partie de veiller à ce que les informations fournies dans le formulaire de candidature à l’avenir soient alignées sur les documents justificatifs figurant dans le dossier.

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