Décision du Comité intergouvernemental : 19.COM 7.b.23

Le Comité

  1. Prend note que la Belgique et la France ont proposé la candidature de la culture foraine (n 02108) pour inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité :

Chaque année, de février à novembre, la communauté des forains se déplace en suivant un itinéraire déterminé, revenant chaque année aux mêmes endroits. Accueillis par les autorités locales, ils installent leurs attractions dans un espace public, où ils restent d’une journée à plusieurs semaines. Les attractions comprennent des stands de nourriture avec des confiseries et friteries, des jeux d’adresse et de hasard et des manèges traditionnels et modernes tels que des carrousels, grandes roues et montagnes russes. Pendant la saison, ils vivent comme une communauté familiale dans des mobil-homes installées sur le champ de foire. La communauté des forains gère les attractions et divertit les participants, qui viennent profiter des manèges et des gourmandises proposées à la vente ou se promener dans les rues animées. Une fois la foire terminée, les forains démontent leurs attractions et se rendent dans la ville suivante. Datant des foires médiévales, la culture foraine est un mode de vie encore très présent aujourd’hui en France, en Belgique et dans toute l’Europe. Les parents et grands-parents sont impliqués dans l’éducation et la transmission des connaissances et des traditions aux enfants, qui participent aux tâches dès leur plus jeune âge. Les attractions, qui font partie intégrante du patrimoine forain, sont conservées, restaurées et utilisées par la même famille depuis plusieurs générations. Le mode de vie itinérant repose sur une forte solidarité entre les membres de la communauté et au-delà.

  1. Considère que, d’après les informations contenues dans le dossier, la candidature satisfait aux critères d’inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité comme suit :

R.1 :  La culture foraine est un mode de vie itinérant qui implique la transmission des connaissances et des traditions de génération en génération au sein du cercle familial. C’est un élément fédérateur pour des milliers de personnes et la fête foraine constitue un événement important, qui permet de se retrouver en famille et entre amis. Les principaux détenteurs et praticiens de l’élément est la communauté foraine. Les connaissances et compétences sont transmises de génération en génération au sein des familles, les enfants participant activement dès leur plus jeune âge, apprenant l’art de gérer des attractions, entretenir des équipements et maintenir les traditions de leurs prédécesseurs. À plus grande échelle, la communauté des forains est organisée en syndicats internationaux et nationaux. Outre la transmission orale des connaissances et des savoir-faire, les attractions, qui font partie intégrante du patrimoine forain, sont également conservées, restaurées et utilisées par la même famille depuis plusieurs générations. L’élément rassemble les familles et contribue à maintenir une culture commune. En tant qu’activité de loisir, il permet également aux visiteurs de partager des expériences intergénérationnelles.

R.2 :  L’élément contribue à un dialogue respectueux ainsi qu’à la visibilité et à la sensibilisation à la diversité et au développement durable. Il promeut la paix et la cohésion sociale en créant un espace où divers groupes et communautés peuvent se rencontrer. L’élément contribue également à maintenir le mode de vie nomade des communautés de forains en Europe tout en offrant des possibilités d’emploi aux travailleurs saisonniers, stimulant ainsi l’économie locale. En outre, l’élément favorise la durabilité environnementale en encourageant le recyclage et la rénovation des ressources. Il s’agit également de s’adapter aux techniques modernes de durabilité dans le transport, l’entretien et la préservation des attractions.

R.3 :  Le dossier de candidature énumère plusieurs mesures au niveau multinational pour renforcer la coordination entre les communautés foraines et les autorités publiques. Le dossier comprend également des mesures de sauvegarde visant à soutenir l’éducation des enfants de la communauté foraine, notamment par la mise en place d’une stratégie éducative visant à fournir une base commune de connaissances, de compétences et de culture. Les États parties ont également inclus des mesures concernant la documentation, la recherche et la sensibilisation. Les représentants de la communauté ont formulé les mesures de sauvegarde proposées avec le soutien d’experts, d’ONG et de chercheurs de différents domaines. L’implication de la communauté dans la mise en œuvre des mesures de sauvegarde est mise en avant.

R.4 :  La communauté des forains a été consultée et informée tout au long du processus de candidature. En mai 2019, un comité de pilotage multinational a été créé pour superviser l’exercice de candidature et le coordonner au niveau multinational. Le comité s’est réuni régulièrement et a soumis à nouveau la candidature après avoir pris en compte les recommandations de l’Organe d’évaluation dans le dossier initial en 2022. Des réunions mensuelles entre les membres de la communauté ont eu lieu en Belgique et en France la communication est assurée par des rapports publiés dans les journaux forains, par les syndicats représentatifs et par les réseaux sociaux. Diverses lettres de consentement ont été soumises par des membres de la communauté, des associations, des professionnels de la culture et des amateurs.

R.5 :  L’élément a été inclus dans plusieurs inventaires en Belgique depuis 2014, ainsi que dans l’Inventaire national du patrimoine culturel immatériel en France depuis 2017. Les rapports périodiques des deux États soumissionnaires présentés en 2021 contiennent des informations sur la mise à jour et la périodicité des inventaires avec la participation des communautés.

  1. Décide d’inscrire la culture foraine sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité ;
  2. Félicite les États parties d’avoir produit une vidéo de bonne qualité qui présente de manière détaillée le contexte historique et contemporain de l’élément et qui fait entendre les voix des communautés ;
  3. Félicite en outre les États parties d’avoir soumis un dossier amélioré prenant en considération les recommandations de l’Organe d’évaluation en 2022.

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