Décision du Comité intergouvernemental : 19.COM 7.b.19

Le Comité

  1. Prend note que l’Albanie a proposé la candidature de la pratique de la danse k’cimi de Tropojë (n 01881) pour inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité :

En Albanie, la danse k’cimi est une danse populaire et festive exécutée lors de rassemblements spontanés ou de cérémonies traditionnelles telles que les mariages, les anniversaires, les initiations et les fêtes de village. Généralement accompagné de tambours, le k’cimi est joué par des hommes, femmes et enfants de tous âges, généralement en couple, les partenaires changeant en fonction de l’occasion et du choix des danseurs. Les gens dansent face à face, sans se toucher. Ils font des mouvements de pâmoison, levant et baissant les bras tandis qu’ils se déplacent l’un autour de l’autre. Selon l’occasion, certains danseurs peuvent porter des vêtements traditionnels. Pendant la danse, les femmes peuvent également agiter un mouchoir de poche, traditionnellement de couleur rouge. La danse k’cimi est traditionnellement pratiquée par les habitants de Tropojë et est associée aux célébrations printanières, aux paysages montagneux et au vol des aigles, symbole de force et d’identité collective. Elle est toutefois pratiquée aujourd’hui tout au long de l’année, y compris par des personnes originaires d’autres régions d’Albanie. Des groupes de danse interprètent également cette danse à l’occasion de festivals. Le k’cimi est transmis par l’observation et la participation à des événements sociaux et cérémoniels. Lors des fêtes de famille en particulier, les anciens montrent et enseignent la danse aux enfants et aux jeunes. La danse évoque un sentiment d’identité et d’appartenance communes tout en promouvant la cohésion sociale, la liberté d’expression et la tolérance.

  1. Considère que, d’après les informations contenues dans le dossier, la candidature satisfait aux critères d’inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité comme suit :

R.1 :  Les praticiens et les détenteurs de l’élément sont principalement les habitants de Tropojë et ceux qui ont émigré dans d’autres parties de l’Albanie. Il n’y a pas de rôles spécifiques liés au genre associés à la danse, et celle-ci est très inclusive et adaptative par nature. L7e k’cimi est transmis par l’observation et la participation lors d’occasions sociales et cérémonielles, formelles ou informelles. Lors des fêtes de famille en particulier, les anciens montrent et enseignent la danse aux enfants et aux jeunes. Les cours dispensés par les ONG et les associations contribuent également à la transmission de l’élément chez les jeunes. L’élément relie les communautés à leur environnement d’origine, ses mouvements étant symboliques et associés aux célébrations printanières, aux paysages montagneux et au vol des aigles, symbole de force et d’identité collective. La danse k’cimi permet la liberté d’expression et les membres de la communauté la qualifient souvent de « contagieuse ». Cette liberté d’expression encourage la tolérance, attire les jeunes et permet à l’élément de rivaliser avec d’autres activités de loisirs.

R.2 :  L’inscription permettra de promouvoir les pratiques du patrimoine vivant auprès des jeunes qui ont tendance à se désintéresser des traditions locales, en particulier dans les zones rurales moins peuplées. Elle contribuera à une meilleure appréciation du dynamisme créatif de la danse folklorique et de sa capacité à intégrer des influences tout en conservant ses fonctions sociales. La danse contribue à la cohésion sociale en unifiant les personnes et les communautés, en renforçant l’identité culturelle et en promouvant un sentiment d’appartenance dans des contextes en constante évolution. Le k’cimi contribue également à l’égalité des genres en encourageant – pour les femmes en particulier – à exprimer leurs talents créatifs.

R.3 :  Le k’cimi est en grande partie sauvegardée par une transmission pratique lors de célébrations fréquentes autour des événements du cycle de vie tels que les naissances, les anniversaires, les mariages, les fêtes traditionnelles et les rassemblements sociaux informels. Diverses mesures de sauvegarde sont en place pour garantir la viabilité de l’élément. Il s’agit notamment de l’intégration dans les programmes scolaires et éducatifs, ainsi que dans les programmes de l’ École nationale de danse et de l’Université des arts de Tirana. D’autres mesures comprennent la participation des détenteurs et des praticiens à des festivals et séminaires locaux et régionaux, des activités de documentation pour l’inventaire national en collaboration avec les communautés concernées, et la création d’un Secrétariat pour le patrimoine culturel immatériel au sein du Centre national des activités traditionnelles.

R.4 :  Le dossier de candidature a été initié par des membres de la communauté de l’Association of K’cimi i Tropojës (AKT) lors d’un séminaire multipartite qui s’est tenu en 2016 à Tropojë. La planification et les préparatifs ont évolué progressivement, avec la coopération de praticiens et d’autres détenteurs et grâce à une série de visites sur le terrain et de consultations de la communauté menées en 2017, 2018 et 2021. L’AKT a rassemblé de la documentation sur l’élément de participation de la communauté et s’est engagée avec les membres de la communauté dans de petites réunions de groupe informelles.

R.5 :  L’élément a été inscrit au Registre national des biens culturels en juin 2018. L’inventaire est géré et mis à jour par l’Institut national pour l’enregistrement du patrimoine culturel. L’État partie a également mis en œuvre un projet intitulé « La réalisation, avec la participation des communautés, d’un inventaire du PCI en Albanie en vue de le sauvegarder et le transmettre aux générations futures » entre 2020 et 2022, avec le soutien du mécanisme d’assistance internationale de la Convention.

  1. Décide d’inscrire la pratique de la danse k’cimi de Tropojë sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité.

Top