Décision du Comité intergouvernemental : 15.COM 8.a.2

Le Comité
  1. Prend note que la Géorgie a proposé la candidature de la culture du blé en Géorgie, culture et utilisation d’espèces endémiques et de variétés locales de blé en Géorgie (n  01595) pour inscription sur la Liste du patrimoine culturel immatériel nécessitant une sauvegarde urgente :
« La culture du blé, la culture et l’utilisation d’espèces endémiques et de variétés locales de blé en Géorgie » regroupe de nombreuses traditions associées à la culture et à l’utilisation du blé. Le blé joue un rôle majeur dans la vie des Géorgiens : c’est un aliment quotidien, ainsi qu’une composante essentielle de rituels, de traitements médicaux et d’autres pratiques sociales. Il existe une variété d’outils et d’équipements traditionnels associés à la culture du blé, et plusieurs traditions dans les domaines de la boulangerie et de la pâtisserie sont associées à chaque région de Géorgie. Même si les technologies du vingtième siècle ont profondément bouleversé la culture du blé en Géorgie, les pains traditionnels, tels que le shoti et le dedas, fabriqués dans les boulangeries artisanales rencontrent toujours un grand succès. De nombreuses traditions sont perpétuées dans les communautés et les familles, comme la bénédiction du premier sillon ou le partage des semences et du levain. Des grains de blé sont encore utilisés dans les rituels associés à la naissance, au mariage et à la mort. En dépit d’efforts concertés pour sauvegarder cette tradition, elle est menacée par plusieurs facteurs dont les réformes agricoles, l’industrialisation, l’importation de blé à haut rendement en provenance de zones voisines et la crise socio-économique postsoviétique. Ainsi, les traditions, les croyances, les connaissances, le folklore et le vocabulaire ont commencé à disparaître, et rares sont les sélectionneurs de blé qui continuent d’œuvrer pour la conservation des espèces endémiques et des variétés locales. Seule une espèce endémique sur cinq est encore cultivée, en petites quantités.
  1. Estime que, d’après les informations contenues dans le dossier, la candidature satisfait aux critères d’inscription sur la Liste du patrimoine culturel immatériel nécessitant une sauvegarde urgente comme suit :

U.4 :  La participation au processus de préparation de la candidature de détenteurs et d’associations, groupes et agriculteurs concernés a été assurée par leur initiative et leur intérêt. Les premières discussions sur la sauvegarde de l’élément ont débuté en 2016 à l’initiative de l’Agence de la logistique et des services pour l’agriculture et de l’Association des producteurs de blé de Géorgie. Un groupe de travail conjoint a été mis en place pour préparer la documentation nécessaire à la candidature de l’élément, assurer la coordination et faciliter la communication entre tous les individus et groupes intéressés. Les détenteurs de l’élément ont défini les principaux risques et problèmes liés à la culture et à l’utilisation de blé traditionnel. Les lettres de consentement ont été recueillies auprès d’agriculteurs, de boulangers, d’associations, de chercheurs, d’organisations non gouvernementales et de sociétés privées provenant de différentes régions, grâce aux efforts coordonnés de l’Association des producteurs de blé de Géorgie et de l’Agence nationale pour la préservation du patrimoine culturel de Géorgie.

U.5 :  En mars 2018, l’élément « La culture du blé » a été inscrit dans l’Inventaire national (Registre) du patrimoine culturel immatériel de Géorgie par l’Agence nationale pour la préservation du patrimoine culturel de Géorgie. L’Association des producteurs de blé de Géorgie et l’Agence de la logistique et des services pour l’agriculture ont consulté des détenteurs de l’élément, des producteurs de blé, des communautés, des chercheurs et des organisations non gouvernementales.

  1. Estime en outre que les informations contenues dans le dossier ne sont pas suffisantes pour déterminer si les critères d’inscription sur la Liste du patrimoine culturel immatériel nécessitant une sauvegarde urgente suivants sont satisfaits :

U.1 :  Le dossier de candidature retrace les origines des espèces endémiques de blé en Géorgie, jusqu’à nos jours. Il rappelle également le rôle du blé dans la société géorgienne, de sa production à sa consommation. La communauté des détenteurs est identifiée. Toutefois, la description fournie ne permet pas de définir clairement « la culture du blé en Géorgie, culture et utilisation d’espèces endémiques et de variétés locales de blé en Géorgie » comme un élément du patrimoine culturel immatériel. Cette description porte surtout sur des aspects historiques et agronomiques, l’importance accordée aux aspects culturels des pratiques des détenteurs contemporains étant mineure. Les informations données ne suffisent pas pour expliquer pleinement la relation entre la diversité des espèces de blé et les expressions des connaissances et pratiques concernant la nature et l’univers.

U.2 : La culture des espèces endémiques de blé est clairement tombée dans l’oubli pendant une grande partie du vingtième siècle, en raison des différents bouleversements politiques et économiques vécus par la population géorgienne. Toutefois, depuis les années 1990, plusieurs institutions publiques et privées ont commencé à promouvoir la collecte et la culture des espèces de blé en question, ainsi que les recherches dans ce domaine. C’est sans aucun doute une évolution récente, mais elle semble principalement s’exprimer en termes économiques. Le dossier indique explicitement que la revitalisation de ces semences doit principalement reposer sur l’élaboration par les autorités nationales de politiques agricoles appropriées. Néanmoins, il présente les connaissances des détenteurs, relatives à la culture du blé et aux pratiques culturelles associées (traditions, croyances, connaissances, folklore et vocabulaire), comme un phénomène accessoire. Telles qu’elles figurent dans le dossier de candidature, elles ne sont pas un facteur essentiel justifiant la sauvegarde urgente de l’élément.

U.3 :  L’État partie a clairement mis en lumière les actions menées depuis les années 1990 pour favoriser la revitalisation de la culture des espèces endogènes de blé en Géorgie. Dans le même ordre d’idées, le plan de sauvegarde proposé porte surtout sur la préservation et la restauration des espèces endémiques en tant que cultures céréalières, et insiste davantage sur les aspects biologiques et économiques que sur la sauvegarde de la « culture du blé géorgien » comme un élément du patrimoine culturel immatériel. Le dossier ne comprend pas suffisamment d’informations sur les mesures concrètes visant à sauvegarder l’élément.

  1. Décide de renvoyer la candidature de la culture du blé en Géorgie, culture et utilisation d’espèces endémiques et de variétés locales de blé en Géorgie à l’État partie soumissionnaire et l’invite à resoumettre la candidature révisée au Comité pour examen au cours d’un cycle ultérieur ;

  2. Invite en outre l’État partie à renforcer la participation d’organisations locales représentant différentes zones rurales, en dehors de celles qui se trouvent à Tbilissi ;

  3. Rappelle à l’État partie que la mise à jour est un aspect important du processus d’élaboration des inventaires et l’invite également à apporter, dans le cas où il souhaite resoumettre une candidature lors d’un cycle suivant, des informations détaillées sur la mise en œuvre de la Convention au niveau national, sur la périodicité de la mise à jour de l’Inventaire national (Registre) du patrimoine culturel immatériel de Géorgie, conformément à l’article 12.1 de la Convention.

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