Le Comité
- Prend note que Maurice a proposé la candidature du séga tambour de Rodrigues (n 01257) pour inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité :
Le séga tambour de Rodrigues est l’interprétation dynamique et rythmique d’une musique, de chants et de danses, qui puisent leurs origines dans les communautés d´esclaves. Le tambour, percussion principale, est frappé énergiquement, tandis que le triyang est frappé latéralement, et le bwat et les mayos sont frappés de la main. Le séga tambour est interprété sur toute l’île Rodrigues, dans les foyers et dans la rue, dans le cadre de cérémonies formelles et informelles. Les principaux détenteurs sont la communauté de l’île Rodrigues, ainsi que la diaspora rodriguaise de l’île Maurice et des autres régions du monde. Cet art est ouvert à tous, indépendamment de l’âge, du genre et du statut des individus. Par ses origines liées à la rébellion et à la résistance, le séga tambour facilite la résolution des conflits, favorise la socialisation et consolide les liens. Le gouvernement le reconnaît comme symbole de l’histoire de la communauté rodriguaise. La sauvegarde du séga tambour est le fruit des efforts de nombreux groupes nés depuis les années 1970. Il existe désormais une ONG dédiée à l’élément. Les centres communautaires accueillent des compétitions et des répétitions. L’élément est également pratiqué dans les établissements de tourisme, constituant ainsi une source de revenus pour ses interprètes. Les aînés transmettent aux jeunes les connaissances et les savoir-faire relatifs à sa pratique par le biais de l’imitation et de l’observation. Les jeunes acquièrent les savoir-faire en matière de fabrication des instruments par l’apprentissage auprès d’artisans expérimentés.
- Décide que, d’après l’information contenue dans le dossier, la candidature satisfait aux critères d’inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité comme suit :
R.1 : Le séga tambour est l’interprétation exaltante et rythmique d’une musique, de chants et de danses, ainsi que d’expressions issues du théâtre. Il est pratiqué dans des contextes formels et informels, dans les foyers, dans les quartiers, dans la rue et dans les établissements de tourisme. Les membres de la communauté rodriguaise sont les détenteurs de l’élément. La langue dans laquelle il est pratiqué est le créole rodriguais. Grâce à un objectif commun, la célébration d’une identité commune, l’élément rapproche les participants, toutes classes et tous statuts sociaux confondus. Les aînés des communautés se chargent d’enseigner la tradition locale aux autres. La famille est au cœur de la transmission orale de l’élément. Chaque village de l’île compte au moins un groupe d’interprètes, qui en assure ainsi la continuité. La résolution des conflits dans la communauté est l’une des fonctions essentielles du séga tambour, de même que la socialisation, sa pratique rassemblant les habitants et permettant de partager informations et actualité. Le séga tambour favorise également la durabilité environnementale en encourageant l’utilisation d’objets recyclés pour la fabrication des instruments.
R.2 : En tant que mécanisme efficace et viable de résolution des conflits, le séga tambour pourrait susciter une attention considérable grâce à une approche créative, qui souligne l’importance du patrimoine vivant pour la cohésion sociale. L’inscription de l’élément encouragerait également le dialogue, au sein des différentes communautés, concernant la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel. En outre, son inscription donnerait lieu à des interactions et des échanges entre arts du spectacle et artistes de cultures et d’origines distinctes. Elle permettrait d’accroître la participation aux compétitions et festivals nationaux et internationaux, et d’élargir les communautés d’interprètes à l’échelle internationale, contribuant ainsi au dialogue interculturel.
R.3 : Par le biais d’une politique culturelle étendue, le gouvernement de Maurice collabore étroitement avec les membres de la communauté rodriguaise, indépendamment de leur âge et de leur genre, et avec leur pleine participation. Le dossier indique que le séga tambour fait partie d’une « économie créative » et qu’il contribue à faire vivre les artisans et les artistes. Plusieurs institutions et organisations des communautés, comme le Groupement des artistes rodriguais, la Commission des arts et de la culture, le Ministère des arts et de la culture, le Ministère de l’éducation, le Fonds national du patrimoine (FPN) et l’assemblée régionale Rodrigues ont déployé des efforts pour sauvegarder l’élément. Les mesures proposées incluent : recherche, documentation et archivage ; établissement d’associations nationales et participation à des festivals. Le dossier présente également un certain nombre d’efforts de sauvegarde passés et en cours, dont l’interprétation du séga tambour à l’occasion d’événements officiels et au sein des familles, avec la transmission en cours de l’élément des aînés aux jeunes ; l’intégration du séga tambour dans les programmes scolaires et dans l’enseignement supérieur; et l’encouragement des familles, des groupes et des individus à exécuter le séga tambour de façon informelle en tant que pratique des communautés. Les écoles et les centres des communautés proposent des espaces aux praticiens. Les médias nationaux contribuent également largement à sa promotion. Très complètes, les mesures de sauvegarde proposées tiennent également compte des défis à relever, du fait notamment de la visibilité accrue suscitée par l’inscription de l’élément, ainsi que des éventuelles conséquences négatives telles que la commercialisation excessive.
R.4 : Les représentants de la communauté du séga tambour, notamment les praticiens, les détenteurs des connaissances, les groupes (tels que les organisations non gouvernementales, les organes gouvernementaux spécifiques et le Conseil mauricien des musées), les individus, les fabricants d’instruments, les danseurs, les chanteurs, les musiciens, les autres artistes, les hommes et les femmes, les représentants des jeunes et le grand public ont participé pleinement à toutes les étapes du processus de candidature dans le cadre de divers ateliers organisés depuis 2010. Le dossier comporte un grand nombre de lettres personnalisées et d’enregistrements vidéo exprimant le consentement libre, préalable et éclairé des parties prenantes à la candidature. Il n’existe pas de pratiques coutumières en matière d’accès à l’élément.
R.5 : Le séga tambour de Rodrigues a été inclus dans l’inventaire national du patrimoine culturel immatériel de la République de Maurice en 2011. Il figure également sur le registre officiel approuvé en 2013. Les représentants des praticiens, des artistes, des fabricants d’instruments et des organisations des communautés ont participé à l’identification de l’élément et à la réalisation et la révision de l’entrée de l’inventaire. L’inventaire est régulièrement mis à jour par le FPN.
- Inscrit le séga tambour de Rodrigues sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité ;
- Félicite l’État partie pour l’approche axée sur les communautés de sa méthodologie dans la préparation de la candidature ;
- Félicite également l’État partie pour les mesures de sauvegarde destinées à surveiller les impacts possibles de l’accroissement de la visibilité et de la commercialisation excessive de l’élément.