Décision du Comité intergouvernemental : 19.COM 7.b.31

Le Comité

  1. Prend note que la Côte d’Ivoire a proposé la candidature des savoir-faire liés à la fabrication de l’attiéké en Côte d’Ivoire (n 02086) pour inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité :

L’attiéké est un plat à base de tubercules de manioc cuits à la vapeur. Produit par les peuples lagunaires de Côte d’Ivoire, ce plat implique la culture et la récolte des tubercules de manioc, leur broyage et leur mélange avec du manioc fermenté pour préparer la semoule, et la cuisson à la vapeur de la semoule pour préparer le plat. Après la cuisson, l’attiéké est retiré du feu et mis à refroidir dans un récipient. Il est ensuite conditionné et distribué dans des paniers garnis de feuilles de manioc. L’attiéké est traditionnellement produit par les femmes pour la consommation domestique. Les femmes préparent, cuisinent, conservent et vendent l’attiéké, tandis que les hommes cultivent, récoltent, transportent et broient le manioc. Les connaissances et les compétences sont transmises oralement et par l’observation au sein des familles. L’attiéké est un plat accessible et abordable qui est devenu un incontournable des repas familiaux, mais aussi des restaurants et des cérémonies. Les connaissances et compétences liées jouent un rôle important dans la vie sociale des communautés. La maîtrise de la fabrication de l’attiéké garantit l’autonomie financière et l’intégration sociale des femmes et jeunes filles. Partie intégrante de l’identité culturelle de la Côte d’Ivoire, sa production confère aux jeunes filles un statut social important sans empiéter sur leur scolarité.

  1. Considère que, d’après les informations contenues dans le dossier, la candidature satisfait aux critères d’inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité comme suit comme suit :

R.1 :  L’attiéké est un plat ressemblant à un couscous, préparé à partir de tubercules de manioc cuits à la vapeur et produit par les peuples lagunaires de Côte d’Ivoire. Les producteurs sont traditionnellement des femmes, tandis que les hommes participent à la culture, à la récolte, au transport et au broyage du manioc. La transmission des connaissances et des compétences liées à l’élément se fait de manière informelle par les générations plus âgées aux plus jeunes par le biais de l’observation au sein des familles ou des communautés. L’attiéké est utilisé lors de différents événements et célébrations et joue un rôle important dans le renforcement de l’identité culturelle et dans la vie sociale des communautés. L’attiéké est un aliment de base lors des inaugurations, des mariages, des baptêmes et des cérémonies funéraires. Il est devenu une partie intégrante de l’identité culturelle de la Côte d’Ivoire et constitue un repas accessible et abordable pour tous.

R.2 :  L’élément contribue à la sécurité alimentaire, représentant environ 5 % des dépenses alimentaires et 20,5 % des calories dans l’apport alimentaire de nombreuses populations ivoiriennes. L’attiéké contribue à la lutte contre la faim, car il est facilement accessible et abordable pour tous. La transmission de cet élément de mère en fille contribue à l’éducation sociale et familiale des jeunes filles. C’est au cours de ce processus d’apprentissage que les mères enseignent à leurs filles ce qu’est la féminité, le mariage et leur communauté. Les hommes et les femmes sont impliqués dans la chaîne de production de l’attiéké, permettant aux femmes de contribuer au revenu familial. L’élément contribue ainsi à l’autonomisation financière des femmes et au bien-être de la famille et de la communauté. Cet élément permet également de rapprocher les communautés et de promouvoir la diversité culturelle.

R.3 :  Des efforts pour sauvegarder et promouvoir les compétences liées à la production d’attiéké sont entrepris par les communautés, les organisations de la société civile et l’État. Les mesures de sauvegarde sont prises par les membres des familles et des communautés concernées. Des unités modernes de production d’attiéké ont été mises en place, des coopératives ont été créées avec l’appui d’ONG et de partenaires techniques et financiers, et certaines communautés ont construit des ateliers de transmission, de production à grande échelle et de vente d’attiéké. Le gouvernement a lancé plusieurs actions, notamment des efforts de réglementation, l’adoption de lois, l’établissement d’unités de production semi-industrielles et la création de variétés de manioc améliorées. Des universités ont publié des documents de recherche et des articles sur l’élément dans des revues scientifiques. D’autres mesures comprennent des efforts de promotion et la coordination d’événements culturels tels que des festivals alimentaires et des foires commerciales agricoles. L’implication des communautés dans la planification des mesures de sauvegarde est détaillée dans la section R.4.

R.4 :  Au cours de séances de travail publiques, les communautés concernées ont participé à l’identification des détenteurs, des praticiens, des caractéristiques, des composants et des traditions liés à l’élément. Elles ont également fourni les informations nécessaires sur la pratique, les méthodes de transmission, les significations culturelles et les fonctions sociales de l’élément. Les communautés ont en outre identifié les menaces qui pèsent sur la viabilité de l’élément et suggéré des mesures de sauvegarde. Elles ont accepté volontiers de mettre en œuvre les aspects des mesures de sauvegarde qui relèvent de leur compétence.

R.5 :  L’élément a été inclus dans l’Inventaire du patrimoine culturel immatériel. Cet inventaire est géré par le Ministère de la culture et de la francophonie à travers ses agences techniques. Les éléments figurant sur la liste de l’inventaire national du patrimoine culturel immatériel sont compilés et mis à jour chaque année sur la base d’études de terrain et de propositions émanant des détenteurs, des praticiens, des communautés concernées et des ONG. Le rapport périodique 2023 fournit des informations sur le processus d’inventaire et la fréquence de mise à jour.

  1. Décide d’inscrire les savoir-faire liés à la fabrication de l’attiéké en Côte d’Ivoire sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité ;
  2. Encourage l’État partie à prêter attention au risque potentiel de commercialisation excessive de l’élément et à s’assurer que tous les efforts de commercialisation et les conséquences possibles involontaires sont contrôlés et bien gérés après l’inscription de l’élément ;
  3. Rappelle à l’État partie, lorsqu’il soumettra des dossiers de candidature à l’avenir, d’éviter les lettres de consentement standardisées et de garantir le consentement libre, préalable et éclairé des communautés concernées.

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