Le Comité
- Prend note que le Bangladesh a proposé la candidature de l’art traditionnel du tissage de shital pati de Sylhet (n 01112) pour inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité :
Le shital pati correspond à l’art traditionnel de la fabrication à la main d’une natte, par le tissage de bandes d’un jonc local appelé « murta ». Cette natte est utilisée par les habitants du Bangladesh comme tapis pour s’asseoir, dessus-de-lit ou tapis de prière. Les principaux détenteurs et praticiens sont les tisserands, qui vivent pour la plupart dans les villages de basse altitude de la division de Sylhet, au Bangladesh, bien qu’il existe également des noyaux de tisserands de shital pati dans d’autres régions du pays. Hommes et femmes participent à la cueillette et à la transformation du murta. En revanche, un plus grand nombre de femmes participent à l’activité de tissage. L’artisanat est une source de revenus essentielle et un important marqueur identitaire ; en tant qu’artisanat principalement familial, l’élément permet de renforcer les liens familiaux et de créer un environnement social harmonieux. La maîtrise de la technique de tissage confère un certain prestige social et la pratique donne des moyens d’agir aux communautés défavorisées, et notamment aux femmes. Le gouvernement contribue à faire connaître l’élément à travers des salons de l’artisanat locaux et nationaux, et les communautés détentrices s’organisent de plus en plus en coopératives pour assurer l’efficacité de la sauvegarde et de la transmission de leur artisanat et en garantir la rentabilité. Les efforts de sauvegarde incluent la participation directe des communautés concernées et la pratique est principalement transmise de génération en génération au sein des familles d’artisans.
- Décide que, d’après l’information contenue dans le dossier, la candidature satisfait aux critères d’inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité comme suit :
R.1 : Le tissage des nattes est un élément du patrimoine culturel immatériel pratiqué par plusieurs communautés du Bangladesh, principalement établies au nord-est du pays. Les nattes sont ornées de motifs qui représentent notamment des symboles naturels et religieux. La tradition du tissage de shital pati se transmet de façon informelle au sein des familles élargies d’artisans, qui assurent ainsi la continuité de cet artisanat de génération en génération. L’élément possède en outre une valeur fortement reconnaissable pour les communautés concernées. Cet artisanat est entièrement compatible avec les principes de la biodiversité et du développement durable.
R.2 : L’inscription de l’élément permettrait de souligner le rôle des connaissances traditionnelles et de l’artisanat dans la société contemporaine. Elle favoriserait aussi les échanges de pratiques et de produits entre différentes communautés ethniques et religieuses, ainsi que le dialogue intergénérationnel au sein des communautés de praticiens, car elle inciterait les enfants à pratiquer les arts traditionnels de leurs ancêtres et à perpétuer les traditions familiales. La conception et les motifs de shital pati ont influencé de nombreux autres types de nattes et de dessus-de-lit, ce qui démontre son impact sur la créativité humaine.
R.3 : Les mesures de sauvegarde décrites incluent des activités de recherche, d’inventaire, de documentation, de promotion et de sensibilisation, ainsi qu’un suivi de l’impact qu’aurait l’inscription de l’élément. Le déclin du système de castes a particulièrement renforcé l’artisanat. La communauté a assuré la continuité et la transmission de la pratique en diversifiant les produits et les modèles ; les nattes traditionnelles ont fait l’objet d’une recréation pour s’adapter aux différents usages et goûts d’un plus grand nombre de communautés et marchés. Le Ministère de l’aménagement du territoire a autorisé la communauté à cultiver le murta sur des terres appartenant à l’État sans payer d’impôts ou de bail et examine actuellement une proposition de distribution à long terme de terres appartenant à l’État aux tisserands de shital pati. La communauté a également utilisé le système bancaire officiel et commencé à bénéficier de petits prêts de la part de banques commerciales publiques. En outre, pratiquement toutes les régions productrices de shital pati ont bénéficié du projet d’expansion du réseau routier du gouvernement, désireux de relier les pôles de croissance ruraux pour assurer la viabilité de l’élément.
R.4 : La préparation de la candidature a été organisée par le Ministère de la culture et a impliqué la participation la plus large possible des communautés concernées ainsi que d’experts et d’organisations non gouvernementales. Des responsables culturels au niveau des districts ont servi de médiateurs entre le gouvernement et les communautés. Les communautés et groupes concernés ainsi que les représentants de diverses organisations non gouvernementales et du gouvernement local ont envoyé des lettres témoignant de leur consentement libre, préalable et éclairé. Aucune pratique coutumière ne limite l’accès au tissage de shital pati.
R.5 : En 2007, à la demande du Ministère des affaires culturelles du Bangladesh, le shital pati a été inclus dans la section consacrée aux traditions vivantes de l’inventaire contenu dans le onzième volume d’une enquête conduite par la Société asiatique du Bangladesh. L’élément a été inclus dans cet inventaire qui est actualisé en permanence. Le Comité national chargé du patrimoine culturel immatériel est responsable de la tenue et de la mise à jour de l’inventaire du patrimoine culturel immatériel.
- Inscrit l’art traditionnel du tissage de shital pati de Sylhet sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité ;
- Encourage l’État partie à suivre les impacts de la visibilité accrue de l’élément et à atténuer tout effet négatif découlant de sa commercialisation.