Le Comité
- Prend note que la République islamique d’Iran et l’Azerbaïdjan ont proposé la candidature de l’art de fabriquer et de jouer du kamantcheh/kamanche, instrument de musique à cordes frottées (n 01286) pour inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité :
L’art de fabriquer et de jouer du kamantcheh/kamanche (« petit archet »), instrument à cordes frottées, existe depuis plus d’un millénaire. Dans la République islamique d’Iran et en Azerbaïdjan, c’est un élément majeur de la musique classique et traditionnelle et on joue du kamantcheh/kamanche à l’occasion d’un grand nombre de rassemblements sociaux et culturels. Les praticiens contemporains utilisent essentiellement un kamantcheh/kamanche à quatre cordes qui se compose d’un corps et d’un archet en crin de cheval. Les musiciens jouent seuls ou dans un orchestre. Les détenteurs et les praticiens sont des artisans, des artistes amateurs ou professionnels, et des enseignants et des élèves de l’élément. Le kamantcheh/kamanche fait partie intégrante de la culture musicale des deux pays. Si la fabrication des instruments leur confère une source directe de revenus, les artisans perçoivent également cet art comme un élément à part entière du patrimoine culturel immatériel de leur communauté. À travers leur musique, les musiciens font passer une multitude de thèmes, allant de la mythologie au comique, en passant par les thématiques gnostiques. Aujourd’hui, les connaissances sur la pratique musicale et la fabrication du kamantcheh/kamanche se transmettent à la fois dans les familles et dans les établissements musicaux financés par l’État, y compris les écoles de musique. Les connaissances sur l’importance de la musique pour la promotion de l’identité culturelle se transmettent de génération en génération, dans toutes les couches de la société dans les deux pays.
- Décide que, d’après l’information contenue dans le dossier, la candidature satisfait aux critères d’inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité comme suit :
R.1 : L’art de fabriquer et de jouer du kamantcheh/kamanche est pratiqué et transmis à la fois comme une expression de la culture vernaculaire et un art professionnel. L’élément réunit une vaste communauté d’amoureux de la musique du kamantcheh/kamanche et d’auditeurs et continue d’être un marqueur d’appartenance culturelle. Pour de nombreux Iraniens et Azerbaïdjanais expatriés, la musique du kamantcheh/kamanche représente une source d’identité culturelle forte. L’élément respecte pleinement le principe d’égalité des genres dans les deux pays. Les grands maîtres de l’instrument sont inclus dans l’information concernant les détenteurs et les praticiens. Les détenteurs sont des artisans, des artistes amateurs ou professionnels, et des enseignants et des élèves appartenant à différents groupes religieux et ethniques.
R.2 : La candidature décrit un élément unique partagé par plusieurs communautés différentes dont chacune présente ses propres spécificités ethniques, régionales et locales. L’inscription d’un élément qui se compose de diverses formes artistiques (artisanat, chant et musique) permettrait de sensibiliser à la diversité et aux expressions multiples du patrimoine culturel immatériel. L’inscription serait également une première étape vers le renforcement des liens culturels et du dialogue entre artisans et artistes amateurs et professionnels, constamment impliqués dans une pratique conjointe, ainsi qu’entre leurs publics respectifs. En tant que candidature multinationale, l’inscription de l’élément permettrait de favoriser le respect mutuel entre les diverses communautés ethniques et sociales dans les deux pays qui la pratiquent, en encourageant de nouvelles possibilités de coopération transnationale, ayant pour effet une meilleure appréciation du patrimoine culturel immatériel en général.
R.3 : Dans les deux pays, les communautés ont entrepris des efforts variés pour assurer la viabilité de l’élément, notamment les suivants : transmission des méthodes de fabrication et de jeu, notamment dans le cercle familial ; activités d’identification, de recherche et de documentation ; publications, notamment les livres pour enfants, ainsi que la sauvegarde et la sensibilisation à cet art du spectacle dans de nombreuses régions des pays respectifs. La formation des enfants et des détentrices est un aspect qu’il est nécessaire de particulièrement noter. Les deux États parties soumissionnaires prévoient d’appliquer le cadre législatif et institutionnel existant pour garantir la mise en œuvre de ces mesures de sauvegarde. Les pays ont également proposé des fonds spéciaux et les ressources humaines suffisantes pour ce faire. Il a été prévu de mettre au point un comité transfrontalier pour assurer le suivi des effets que produirait l’inscription de l’élément. Les États parties ont également exprimé le souhait d’éviter toute production incontrôlée massive de l’instrument.
R.4 : Le dossier de candidature de l’élément a été réalisé à l’initiative de la communauté, en collaboration avec d’autres acteurs. Dans les deux pays, les communautés détentrices, les détenteurs et les praticiens de l’élément ont activement participé à toutes les étapes du processus de candidature depuis 2012. Les membres de la communauté ont donné leur consentement libre, préalable et éclairé à la candidature conjointe des deux États. Tout au long de la procédure, un travail de coordination a été mené par une organisation non gouvernementale, la Maison iranienne de la musique. Les deux États parties ont également fourni une déclaration claire indiquant l’existence d’un accès illimité à l’élément, à l’exception des droits d’auteur relatifs à la créativité dans l’artisanat et la pratique du kamantcheh/kamanche.
R.5 : Dans la République islamique d’Iran, l’élément a été inclus dans la Liste de l’inventaire national du patrimoine culturel immatériel de la République islamique d’Iran en 2014. Le Bureau des inscriptions, de la préservation et de la revitalisation des patrimoines immatériel et naturel est responsable de l’inventaire, qui est mis à jour tous les ans, ou tous les deux à trois ans. En Azerbaïdjan, l’élément a été inclus en 2013 dans le Registre du patrimoine culturel immatériel d’Azerbaïdjan établi par le Ministère de la culture et du tourisme. Le Registre azerbaïdjanais est supervisé par le Bureau de la documentation et de l’inventaire, qui est composé d’experts du ministère, de l’Académie nationale des sciences, de chercheurs et d’organisations non gouvernementales. Le dossier d’inventaire relatif à l’art de fabriquer et de jouer du kamanche a été mis à jour pour la dernière fois en 2015. Les deux États parties ont démontré l’implication des communautés concernées dans l’établissement des inventaires.
- Inscrit l’art de fabriquer et de jouer du kamantcheh/kamanche, instrument de musique à cordes frottées sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité ;
- Félicite les États parties d’avoir inclus dans les mesures de sauvegarde un comité créé pour assurer le suivi des effets du renforcement de la visibilité à la suite de la candidature.