Le Comité
- Prend note que l’Indonésie a proposé la candidature du pinisi, l’art de la construction navale en Sulawesi du sud (n 01197) pour inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité :
Le pinisi, l’art de la construction navale en Sulawesi du sud, désigne le gréement et les voiles de la célèbre « goélette de Sulawesi ». La construction et le déploiement de ces navires puisent leurs racines dans la tradition millénaire de la navigation et de la construction navale malayo-polynésienne qui a donné naissance à un vaste éventail d’embarcations sophistiquées. Le pinisi est devenu, tant pour le public indonésien que pour le public international, la quintessence de l’art de la construction navale autochtone de l’archipel. Aujourd’hui, les centres de construction navale se trouvent à Tana Beru, à Bira et à Batulicin, où environ 70 pour cent de la population gagne sa vie grâce à la construction navale et à la navigation. La construction navale et la navigation ne constituent pas seulement un pilier pour les communautés sur le plan économique, mais aussi et surtout le centre de leur vie et de leur identité. La coopération mutuelle entre les communautés de charpentiers eux-mêmes et les relations avec les clients renforcent la compréhension mutuelle entre les parties concernées. Les connaissances et les savoir-faire liés à l’élément sont transmis de génération en génération au sein du cercle familial, mais peuvent également être inculqués aux personnes étrangères à ce cercle par la répartition des tâches. Les communautés, les groupes et les individus concernés s’impliquent activement dans les efforts de sauvegarde, par exemple par le biais d’initiatives de commercialisation et par la publication d’ouvrages sur ce thème.
- Décide que, d’après l’information contenue dans le dossier, la candidature satisfait aux critères d’inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité comme suit :
R.1 : Le pinisi, l’art de la construction navale en Sulawesi du sud, est une pratique faisant appel à des concepts cognitifs sophistiqués qui sous-tendent la forme en trois dimensions d’un bateau et ses innombrables composants, ainsi que l’organisation sociale avancée nécessaire à la construction, à l’exploitation et à la navigation des navires de commerce. Les détenteurs et les praticiens de l’élément sont : les Panrita Lopi (« maestros du bateau »), qui surveillent un groupe d’ouvriers (Sawi) et s’occupent de la répartition du travail, les Sawi, un groupe d’ouvriers tels que les contremaîtres, les charpentiers de grade supérieur et les charpentiers débutants, et les Sambalu, les clients des Panrita Lopi. Pour acquérir des connaissances plus pointues, l’apprenti doit faire preuve d’efficacité, d’autonomie et de maturité sur le plan spirituel. L’enseignement est à la fois pratique et religieux, car les composants rituels de la tradition sont également importants. La construction navale est conceptualisée comme une grossesse et une naissance. Aujourd’hui, la goélette pinisi symbolise le savoir et les coutumes. Elle est également devenue la quintessence de la tradition maritime de l’archipel.
R.2 : L’inscription de l’élément sensibiliserait le public à l’importance des systèmes de connaissances autochtones et de la sagesse locale. Elle favoriserait également le respect des systèmes de connaissances traditionnels et de leur pertinence, toujours actuelle, dans la société moderne. En effet, ces systèmes sont souvent considérés, à tort, comme désuets. En outre, elle mettrait en valeur non seulement les connaissances complexes de la construction navale en Sulawesi, mais également la diversité des systèmes de connaissances dans le monde entier. En outre, la reconnaissance de l’art de la construction navale et de la culture maritime favoriserait le respect de la créativité humaine, de la compréhension mutuelle et du dialogue interculturel.
R.3 : Près de 500 personnes sont directement employées dans la construction et l’équipement des navires, contribuant ainsi à la viabilité de l’élément. Les mesures de sauvegarde proposées sont clairement décrites. Elles comprennent des activités d’inventaire et de documentation, notamment l’établissement d’une base de données des centres de construction navale, la gestion des ressources naturelles et l’approvisionnement systématique en matières premières, la préparation des documents pédagogiques pour les programmes scolaires, la promotion de la pratique par l’organisation de compétitions artistiques et de design, l’organisation de festivals annuels, la sensibilisation des visiteurs de la région, et une assistance et des conseils aux entreprises. Les mesures présentées sont claires en ce qui concerne les objectifs, les résultats et les ressources disponibles. Le gouvernement a apporté son soutien à l’établissement de certificats de navigabilité, à des initiatives de replantation d’arbres et à des expéditions avec des navires construits localement. Les défis associés, comme la durabilité environnementale à plus long terme, sont également abordés dans le dossier.
R.4 : Depuis 2014, la préparation du dossier de candidature implique de nombreuses parties prenantes, notamment les communautés de détenteurs, des organisations non gouvernementales, des chercheurs et des universitaires, des institutions gouvernementales aux niveaux central et local, et des personnages publics. Tous ont donné leur consentement libre, préalable et éclairé sous la forme d’accords signés et d’enregistrements vidéo. Certains aspects des rituels de construction navale sont déclarés secrets (par exemple, le mantra utilisé pendant certaines cérémonies et les concepts ésotériques liés au bateau lui-même).
- Décide en outre que, sur la base de l’information fournie par l’État soumissionnaire au Comité au cours de sa présente session concernant la participation des communautés, des groupes et des organisations non gouvernementales concernées à l’établissement de l’inventaire, l’organe chargé de la mise à jour de l’inventaire et la fréquence des mises à jour, le critère d’inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité suivant est satisfait :
R.5 : L’élément a été inclus dans l’inventaire des richesses culturelles d’Indonésie en 2010, avec la participation des communautés, des groupes et des organisations non gouvernementales concernées. L’État soumissionnaire a indiqué l’entité responsable de la tenue et de la mise à jour régulière de l’inventaire.
- Inscrit le pinisi, l’art de la construction navale en Sulawesi du sud sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité;
- Invite l’État partie à prêter attention à l’impact de l’inscription sur la durabilité environnementale, notamment concernant la préservation des matières premières ;
- Invite également l’État partie à renforcer ses efforts pour assurer une transmission des savoir-faire aux jeunes générations qui soit efficace et pratique.