Décision du Comité intergouvernemental : 8.COM 7.c.1

Le Comité

  1. Prend note que le Pakistan a demandé une assistance internationale d’un montant de 90 590 dollars des États-Unis pour la sauvegarde de la danse et du chant du bouquetin au Pakistan (n  00554) :

La danse et le chant du bouquetin représentent une scène de chasse au cours de laquelle de jeunes hommes portant un costume de léopard des neiges font mine de chasser d’autres hommes déguisés en bouquetins, tandis que les villageois s’approchent en jouant du tambour et en agitant de gros bâtons pour sauver leur bétail. Pour les habitants de la vallée de l’Hushey, dans la région montagneuse de Ghanche au Baltistan, ces festivités sont l’occasion de rappeler l’importance de la protection de l’écosystème dont dépendent leurs communautés. Initié par l’Institut national du patrimoine populaire et traditionnel (Lok Virsa), le projet a pour objectif de revitaliser la pratique et sa transmission aux jeunes générations, principalement en créant un environnement institutionnel et économique à même de les régir et de les perpétuer tout en fournissant une source de revenus à leurs interprètes. Les principales activités comprennent la formation de jeunes artistes et de jeunes sans emplois, et la formation professionnelle d’artistes plus reconnus. Une fois formés de manière professionnelle, les jeunes artistes se produiraient progressivement sur les scènes régionales et nationales. Un centre de ressources serait également mis sur pied pour stocker les enregistrements audiovisuels des spectacles de danse et de chant du bouquetin, et exposer une collection d’objets associés comme les vêtements et les instruments de musique. Des études seraient également réalisées sur les origines socioculturelles de cet art du spectacle ainsi que sur son potentiel commercial.

  1. Décide que, d’après l’information contenue dans le dossier, la demande répond aux critères d’octroi d’assistance internationale définis dans les paragraphes 10 et 12 des Directives opérationnelles comme suit :

A.1 :  En l’absence d’une identification satisfaisante de la communauté concernée et d’explications concernant la représentativité des organisations locales chargées de la mise en œuvre du projet proposé, la participation la plus large possible des membres de la communauté à la préparation de la demande et à la conception des activités proposées n’est pas démontrée ; la relation des praticiens à leur propre patrimoine culturel immatériel et l’attention portée à leurs propres modes de transmission sont négligées en faveur de l’enseignement formel par des professionnels extérieurs à la communauté ;

A.2 :  Du fait du manque de détails concernant les activités prévues, d’imprécisions dans les unités et les coûts unitaires, le montant demandé ne peut pas être considéré comme approprié ; le budget n’est pas présenté de façon cohérente et ne reflète pas la totalité des activités proposées ;

A.3 :  La description des activités proposées n’est pas suffisante et les informations fournies ne permettent pas de mesurer comment le projet d’institutionnalisation de la danse et du chant du bouquetin pourrait effectivement contribuer à sauvegarder sa pratique et ses modes traditionnels de transmission ; la faisabilité des activités proposées est sujette à caution du fait de l’absence d’implication de la communauté dans leur élaboration ainsi que des incohérences entre les activités décrites et celles qui figurent au budget ;

A.4 :  Dans la mesure où elle s’appuie essentiellement sur la transformation de la danse en une forme spectaculaire professionnelle, la demande ne démontre pas que les activités proposées assureront sa sauvegarde au sens de la Convention ; au contraire, elle soulève des questions qui méritent d’être prises en considération quant aux risques de commercialisation, de décontextualisation et de déformation de sa signification ;

A.5 :  L’État partie et un certain nombre d’organisations non-gouvernementales, d’agences de développement et d’autorités locales partagent les coûts des activités proposées ;

A.6 :  Si des effets sur le renforcement des capacités peuvent être déduits, ils ne sont pas clairement démontrés ; la demande n’explique pas comment la création de groupes artistiques ou l’établissement d’un centre de ressources dont les coûts de construction et de fonctionnement ne figurent pas au budget développeront la capacité des praticiens à sauvegarder leur patrimoine culturel immatériel de manière efficace ; en outre, la demande ne démontre pas comment la documentation proposée à travers des enregistrements audiovisuels contribuera à renforcer la transmission de la danse et du chant et à en assurer la viabilité ;

A.7 :  L’État partie a reçu en 2011 une aide financière du Fonds-en-dépôt UNESCO/Norvège destinée à soutenir un projet intitulé « Une cartographie des biens culturels de la province frontalière du Nord-Ouest » ; les tâches prévues par les contrats ont été menées à bien par l’institution chargée de la mise en œuvre du projet qui fait l’objet de la demande d’assistance (l’Institut national du patrimoine populaire et traditionnel, Lok Virsa), et conformément au règlement de l’UNESCO, le projet a été correctement exécuté ;

10(a) : Malgré la dimension locale du projet, la demande implique une coopération avec des organisations non gouvernementales internationales ;

10(b) : La demande dépend de la coopération d’un nombre important de partenaires financiers et techniques, ce qui augmente sa faisabilité et implique un éventuel soutien à l’avenir ;

  1. Décide de ne pas approuver la demande et invite l’État partie à soumettre une demande révisée qui réponde de manière plus complète aux critères de sélection et aux considérations qui figurent dans la présente décision ;
  2. Prend acte de l’engagement de l’État partie en faveur de la revitalisation d’un élément du patrimoine culturel immatériel dans une région particulièrement éloignée et isolée de son territoire ;
  3. Salue la volonté manifestée par l’État partie de mobiliser un nombre important de partenaires locaux, nationaux et internationaux au profit d’un programme de sauvegarde destiné à maintenir des pratiques de patrimoine culturel immatériel et à leur transmission aux générations futures ;
  4. Invite l’État partie à fournir une description plus complète et détaillée de l’élément à sauvegarder, en décrivant ses fonctions et ses significations sociales et culturelles, et en définissant pour le projet des objectifs proportionnels à son étendue ;
  5. Encourage l’État partie à s’assurer de la participation la plus large possible des communautés concernées dans la préparation de la demande ainsi que dans l’élaboration et la mise en œuvre de chacune des activités pour laquelle une assistance est demandée ;
  6. Encourage en outre l’État partie à garantir une cohérence et une conformité rigoureuses entre les activités proposées, leur calendrier et les coûts estimés, en fournissant notamment des informations claires et détaillées ;
  7. Invite en outre l’État partie à réfléchir, dans l’esprit des Directives opérationnelles pour la mise en œuvre de la Convention, aux impacts possibles de l’institutionnalisation et de la professionnalisation de cette pratique.

Top