Décision du Comité intergouvernemental : 18.COM 8.b.8

Le Comité

  1. Prend note que la Suisse a proposé la candidature de la saison d’alpage (n  01966) en vue de son inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité :

En Suisse, la saison d’alpage désigne la période allant de mai à octobre, au cours de laquelle des bovins, des moutons et des chèvres sont conduits dans des pâturages d’altitude pour profiter du fourrage supplémentaire. Pendant cette période, les agriculteurs alpins, tous genres confondus, s’occupent des animaux, entretiennent les pâturages, les clôtures et les bâtiments, transforment le lait en fromage et autres produits et accueillent les visiteurs. Cette pratique séculaire contribue à la préservation des paysages naturels et crée des liens économiques et sociaux entre les populations locales et les agriculteurs alpins. Elle a donné naissance aux connaissances et aux compétences nécessaires à l’entretien des sites, ainsi qu’à toute une série de pratiques sociales et religieuses telles que les rites, les prières et les bénédictions, les vêtements traditionnels, les concours de bétail et les festivités locales. Les connaissances, les compétences et les coutumes de la saison d’alpage, y compris l’agriculture et la fabrication du fromage, se transmettent souvent de manière informelle, au sein des familles et de leurs employés saisonniers ou entre les membres des sociétés et des coopératives d’alpage. La transmission est également assurée par les centres de formation régionaux, les événements culturels et le tourisme. La saison d’alpage est une expérience socioculturelle commune qui unit les agriculteurs, les villageois et l’ensemble de la population. Il s’agit d’un facteur d’identification fort qui figure en bonne place dans la littérature, la musique et les arts visuels et du spectacle suisses.

  1. Considère que, d’après les informations contenues dans le dossier, la candidature satisfait aux critères suivants pour une inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité :

R.1 :  Les détenteurs sont les agriculteurs alpins et leurs familles, les travailleurs saisonniers, les bénévoles, les propriétaires fonciers, les locataires, les coopératives, les entreprises et les sociétés, les organisations à but non lucratif, les autorités locales, les communautés, les consommateurs de produits connexes et les visiteurs. Les connaissances se transmettent de manière informelle, au sein des familles et auprès de leurs employés saisonniers. Elles se transmettent également par le biais des sociétés et coopératives alpines, des centres régionaux de formation professionnelle et de conseil, des formations agricoles, des démonstrations, des événements et des activités muséales qui combinent la diffusion culturelle, l’éducation et le tourisme respectueux. Bien que les fonctions sociales et les significations culturelles de l’élément soient parfois idéalisées, il s’agit d’une expérience socioculturelle partagée qui unit les agriculteurs, les familles, les villageois et l’ensemble de la population. La saison d’alpage contribue à la durabilité écologique, économique et sociale et s’efforce de continuer à renforcer ses contributions dans ces domaines afin d’assurer sa viabilité.

R.2 :  Des années d’expérience et de savoir-faire sont mises à profit pendant la saison d’alpage. Les pratiques sont dynamiques et en constante évolution, ce qui garantit leur durabilité et leur résilience. L’inscription de l’élément et des pratiques agricoles, culturelles et traditionnelles qui lui sont associées favoriserait le partage des connaissances entre les communautés ayant un patrimoine vivant similaire. Elle soulignerait l’importance de la capacité des détenteurs à s’adapter et à évoluer pour préserver leur patrimoine vivant. L’inscription enrichirait encore la relation avec les sites de montagne inscrits au patrimoine mondial et montrerait comment l’élément contribue à la conservation d’un paysage culturel ancestral. Elle permettrait également de mieux comprendre le rôle du patrimoine vivant dans la sauvegarde de la biodiversité et des paysages.

R.3 :  Les mesures de sauvegarde passées et actuelles comprennent des activités liées à la transmission, à la promotion, à la sensibilisation, à l’infrastructure et à la protection. L’État partie soutient la formation, le conseil et la recherche ainsi que les mesures structurelles et juridiques relatives à la politique et au financement. Les mesures de sauvegarde prévues comprennent la fédération et l’organisation au niveau national, la formation et la transmission, les activités de sensibilisation, la diffusion culturelle, la recherche et la documentation. L’État partie s’est engagé à sauvegarder l’élément par la coordination, le financement de l’éducation, de la culture et de la recherche, entre autres, et à soutenir la révision des programmes d’études et les campagnes de sensibilisation du public. Les communautés concernées ont été impliquées dans la planification des mesures en participant à des questionnaires, à un groupe de rédaction de la proposition d’inscription et à des ateliers. Elles seront également mobilisées dans la mise en œuvre des mesures.

R.4 :  Depuis 2013, la saison d’alpage figure sur une liste indicative de la Confédération suisse en vue d’une inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité, avec l’approbation des représentants des communautés. Une session d’information sur les procédures d’inscription a été organisée au début de l’année 2015. En 2020, l’Office fédéral de la culture a commencé à préparer la candidature, en identifiant l’ensemble des communautés, groupes et représentants concernés et en les invitant à une réunion de lancement. Un groupe de rédaction s’est réuni quatorze fois pour préparer la candidature. Les communautés ont également répondu à un questionnaire visant à recueillir des informations sur leurs attentes, leurs propositions et leurs idées. Un atelier en ligne a été organisé portant sur la candidature et les mesures de sauvegarde. Lorsque la rédaction a été finalisée, une réunion a été organisée avec plusieurs représentants de la communauté pour approuver le dossier de candidature. Soixante-dix-neuf lettres de consentement accompagnent le dossier de candidature, attestant du consentement libre, préalable et éclairé d’un large éventail de personnes et d’organisations.

R.5 :  Depuis 2012, l’élément figure sur la liste des traditions vivantes de Suisse. Cette liste est mise à jour tous les cinq ans ou à la demande des communautés concernées. Le musée gruérien a veillé à l’identification et à la définition de l’élément, en collaboration avec les communautés, les groupes et les individus concernés. L’élément a ensuite été proposé à l’Office fédéral de la culture pour être inclus dans l’inventaire national. Les mises à jour concernaient l’élargissement du champ d’application de l’élément et l’enrichissement de la description

  1. Décide d’inscrire la saison d’alpage sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité ;
  2. Félicite l’État partie pour un dossier bien préparé, comprenant une vidéo de bonne qualité qui fournit une présentation visuelle détaillée des pratiques culturelles associées à l’élément.

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