Décision du Comité intergouvernemental : 18.COM 8.b.36

Le Comité

  1. Prend note que l’Iraq, l’Algérie, l’Égypte, la Mauritanie, le Maroc, la Palestine, l’Arabie saoudite, le Soudan, la Tunisie et le Yémen ont proposé la candidature des arts, savoir-faire et pratiques associés à la gravure sur métaux (or, argent et cuivre) (n  01951) pour inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité :

La gravure sur métaux (or, argent et cuivre) est une pratique séculaire consistant à façonner des mots, des symboles ou des motifs géométriques, y compris des versets du Coran ou des prières, sur les surfaces d’objets décoratifs, utilitaires, religieux ou cérémoniels. La gravure peut être concave (en creux) ou convexe (en relief) ou mêler différents types de métaux, comme l’or et l’argent. Leur signification et leur fonction sociale et symbolique peuvent varier selon les communautés concernées. Les objets gravés (bijoux ou objets d’intérieur) sont souvent offerts en cadeaux traditionnels de mariage ou utilisés dans des rituels religieux ou dans la pratique médicale alternative. Certains types de métaux sont ainsi connus pour leurs propriétés curatives. La gravure sur métaux se transmet au sein des familles, par l’observation et la pratique, et dans des ateliers organisés dans des centres de formation, des organisations et des universités, entre autres. Des publications, des événements culturels et les réseaux sociaux contribuent à la transmission des connaissances et savoir-faire associés. Pratiquées par la communauté, indépendamment de l’âge et du genre, la gravure sur métaux et l’utilisation des objets gravés expriment l’identité géographique, culturelle et religieuse et le statut socioéconomique des communautés concernées.

  1. Considère que, d’après les informations contenues dans le dossier, la candidature satisfait aux critères suivants pour une inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité :

R.1 :  Cet artisanat décoratif traditionnel est étroitement lié aux pratiques, aux rituels, aux festivités et à l’artisanat traditionnel. Les gravures sont porteuses de significations sociales et symboliques et sont utilisées selon leur caractère : esthétique, utilitaire, religieux ou rituel. Les détenteurs et les praticiens sont des graveurs, des propriétaires d’ateliers et de galeries d’exposition, des experts et des négociants en matières premières. Les connaissances et les savoir-faire liés à la gravure sont transmis aux nouvelles générations de manière informelle, dans le cadre familial, et par le biais de l’éducation formelle. Les organisations de la société civile, telles que les syndicats, jouent également un rôle dans la transmission. L’élément est associé à l’identité culturelle des communautés concernées. Il est possible d’identifier l’appartenance des personnes, leur appartenance religieuse et géographique, leur statut social, à travers les objets métalliques qu’elles utilisent. L’élément est également associé à de nombreux événements sociaux et à des rites de passage. Il offre des possibilités d’emploi et des revenus, et les matériaux sont respectueux de l’environnement, contribuant ainsi à la durabilité de la pratique.

R.2 :  Grâce à l’inscription, au niveau local, les jeunes s’intéresseront davantage à la sauvegarde de leur patrimoine vivant. Au niveau national, les gouvernements seraient encouragés à élaborer une législation et des stratégies à propos du patrimoine culturel immatériel. Au niveau international, les collaborations existantes et nouvelles s’en verront renforcées et étendues. Le dialogue serait renforcé par l’organisation d’activités communes permettant l’échange d’idées, telles que des concours, des séminaires, des forums culturels, des ateliers de formation, des conférences et des festivals. La créativité humaine et le respect de la diversité culturelle seraient également mis en avant, car l’inscription favoriserait l’innovation et l’expression artistique. Grâce à la participation d’un large éventail de praticiens d’horizons différents, l’inscription mettrait également en évidence la diversité culturelle et la manière dont elle enrichit l’élément.

R.3 :  Les mesures de sauvegarde passées et actuelles comprennent la coordination d’expositions et d’ateliers de formation, ainsi que la promotion et les travaux de documentation et de recherche sur l’élément. Les organes gouvernementaux respectifs des États soumissionnaires ont soutenu les mesures de sauvegarde en soutenant les démarches de documentation, d’inventaire et de recherche, en mettant en œuvre des mesures de préservation et de protection, et en menant des activités promotionnelles. Les mesures conjointes proposées comprennent des activités de recherche et de documentation, des actions de sensibilisation et des mesures visant à promouvoir la transmission, la protection et la préservation. Les mesures envisagées par les différents États comprennent une législation nationale, des mesures touristiques, des réductions d’impôts, des prêts à taux réduit, le soutien d’organisations de la société civile et d’ONG, l’organisation d’expositions et le soutien à des projets de collections muséales. Les États apporteront leur soutien par la mise en place, dans tous les États soumissionnaires, de comités spécialisés chargés de suivre et de contribuer à l’application des mesures.

R.4 :  La participation de la communauté au processus de candidature a débuté en Iraq. L’idée d’une candidature multinationale a ensuite été proposée à la Conférence des ministres responsables des affaires culturelles dans le monde arabe. Dix États ont finalement collaboré à l’élaboration du dossier multinational, et quatre réunions de coordination ont été organisées à cette fin. Le consentement libre, préalable et éclairé est fourni par le biais de lettres et dans la vidéo en annexe.

R.5 :  L’élément est répertorié dans les inventaires des États soumissionnaires respectifs. Les détails des inventaires, tels que l’organisation responsable, la date d’inclusion et la fréquence de mise à jour des inventaires dans chacun des pays, sont fournis dans le dossier de candidature. On y retrouve également des informations sur la manière dont les inventaires sont mis à jour avec la participation des communautés. L’Iraq et le Maroc mettent à jour leurs listes d’inventaire tous les deux ans, tandis que l’Égypte, l’Arabie saoudite, le Soudan et la Tunisie le font tous les trois ans. En ce qui concerne l’Algérie, la liste d’inventaire est mise à jour tous les cinq ans. La Mauritanie, la Palestine et le Yémen mettent à jour leurs listes d’inventaire chaque fois qu’il est nécessaire d’ajouter un nouvel élément.

  1. Décide d’inscrire les arts, savoir-faire et pratiques associés à la gravure sur métaux (or, argent et cuivre) sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité ;
  2. Rappelle aux États parties l’importance d’assurer la plus large participation possible des communautés concernées à la planification et à la mise en œuvre des mesures de sauvegarde proposées ;
  3. Rappelle en outre aux États parties qu’il est important de faire référence à la Convention appropriée.

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