Décision du Comité intergouvernemental : 18.COM 8.b.35

Le Comité

  1. Prend note que l’Iraq a proposé la candidature de l’artisanat et les arts traditionnels de la construction liés au mudhif (n  01950) pour inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité :

Le mudhif est un grand bâtiment arqué fait de roseaux et de papyrus, deux plantes qui poussent naturellement dans les marais du sud de l’Iraq. Ce bâtiment sert de lieu de rassemblement où les membres de la communauté peuvent échanger, régler des différends, partager des expériences, raconter des histoires et pratiquer des activités culturelles et des rituels sociaux tels que les mariages, les circoncisions, les cérémonies religieuses et les célébrations nationales. Le mudhif est également considéré comme un espace de transmission des savoirs traditionnels, des valeurs, des techniques artisanales, des us et des coutumes pour les enfants et les jeunes gens. C’est un lieu d’accueil pour les visiteurs et les invités irakiens et étrangers. Les structures sont construites par des ouvriers qualifiés et encadrées par des cheiks tribaux, mais l’ensemble de la communauté joue un rôle dans la création et l’entretien de l’espace, notamment en collectant les roseaux et en tissant les nattes et les tapis qui servent de matelas à l’intérieur du bâtiment. Les coutumes et techniques artisanales traditionnelles liées à la construction de mudhif sont transmises de manière informelle par la pratique et la participation à des activités culturelles. Cette pratique est également transmise par les histoires et légendes, ainsi que par les publications et les médias. Par ailleurs, certaines ONG organisent des ateliers et des activités pour sensibiliser les communautés concernées à leur importance.

  1. Considère que, d’après les informations contenues dans le dossier, la candidature satisfait aux critères suivants pour une inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité :

R.1 :  Les caractéristiques architecturales des bâtiments du mudhif sont héritées de l’histoire sumérienne, qui fait partie de l’identité des communautés locales aujourd’hui. Un groupe d’ouvriers spécialisés construit le mudhif et les membres de la communauté jouent un rôle dans le cycle de vie de l’élément. Les détenteurs et les praticiens sont des cheikhs tribaux, des artisans et des ustas, les Arabes des marais et des ONG. L’élément contribue à structurer la vie sociale et culturelle et à promouvoir la résolution des conflits au niveau des communautés. Les bâtiments accueillent les rassemblements des communautés, les événements et tiennent lieu d’école informelle pour les enfants. Les connaissances et les savoir-faire liés à l’élément sont transmis des générations plus âgées aux plus jeunes par le biais des médias, de l’éducation, de la documentation historique et de la communauté elle-même. L’élément fait la promotion d’un esprit de solidarité, d’égalité et de respect. Il intègre des concepts traditionnels et, comme les communautés concernées récoltent les matières premières dans les zones aquatiques environnantes, il ne nuit pas au développement durable.

R.2 :  Au niveau local, l’inscription contribuerait au processus de promotion et d’auto-reconnaissance du patrimoine culturel immatériel des communautés, groupes et individus concernés, de susciter un sentiment d’identité et de continuité et de renforcer les liens familiaux. L’inscription intensifierait les efforts nationaux pour assurer la sauvegarde et la durabilité de cet élément dans tous ses aspects. Cela permettrait d’intégrer l’élément dans le plan stratégique de l’État pour atteindre les Objectifs de Développement Durable. L’inscription encouragerait également les détenteurs et les praticiens à partager leurs connaissances de l’élément. Sur le plan international, elle mettrait en évidence la créativité dont l’élément fait preuve. L’inscription favoriserait également le dialogue entre les communautés, les groupes et les individus, en promouvant la coopération, la tolérance, la coexistence, le respect, la paix et la solidarité.

R.3 :  Les mesures de sauvegarde passées et actuelles comprennent la conservation des ressources naturelles, le partage des connaissances et des savoir-faire, l’organisation d’ateliers, de séminaires et de réunions sur les artisanats connexes, et l’inscription des Ahwar du sud de l’Iraq sur la liste du patrimoine mondial en 2016. Les efforts de sauvegarde de l’État comprennent l’élaboration d’une législation sur la protection de l’environnement, l’organisation de voyages, d’ateliers et de réunions, l’octroi de fonds et la coordination d’expositions et de concours. Le dossier énumère seize mesures de sauvegarde, dont des mesures législatives, la création d’un comité et d’un réseau nationaux, des mesures de promotion, la restauration de sites naturels, la recherche sur la conservation de l’environnement et l’inclusion de savoir-faire relatifs à la construction dans les programmes d’enseignement. Les communautés, groupes, individus et organisations concernés ont été impliqués dans la planification des mesures de sauvegarde proposées. Des travailleurs qualifiés participeront à des ateliers pour les jeunes, et certains groupes tribaux, individus et ONG ont exprimé leur volonté de participer à de futurs programmes.

R.4 :  La demande de candidature de l’élément provient des communautés de détenteurs. Plusieurs réunions ont été organisées, auxquelles ont participé différents groupes de communautés et de représentants. En outre, la Direction des Relations Culturelles a formé une équipe chargée de gérer le processus de candidature. L’équipe a organisé plusieurs réunions avec des représentants des communautés concernées, des experts culturels, des institutions et des membres d’ONG, afin de recueillir les consentements libres, préalables et éclairés nécessaires à la soumission de la candidature de cet élément sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité.

R.5 :  L’élément a été inscrit sur la « Liste nationale du patrimoine culturel immatériel de la République d’Iraq » en 2015. La Direction des Relations Culturelles du département PCI est responsable de cet inventaire. L’élément a été identifié et défini avec la participation des détenteurs et de l’équipe du patrimoine culturel immatériel, sous la supervision de la Direction des Relations Culturelles, qui a effectué des voyages dans les marais d’Iraq où l’élément est pratiqué. La liste nationale du patrimoine culturel immatériel sera mise à jour tous les ans ou tous les deux ans avec la coopération et la participation des communautés concernées.

  1. Décide d’inscrire l’artisanat et les arts traditionnels de la construction liés au mudhif sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité ;
  2. Félicite l’État partie pour la durabilité environnementale dans le processus de sauvegarde de l’élément ;
  3. Rappelle à l’État partie qu’il est important de faire référence à la Convention appropriée.

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