Décision du Comité intergouvernemental : 18.COM 8.b.27

Le Comité

  1. Prend note que la Côte d’Ivoire a proposé la candidature des savoir-faire traditionnels liés au tissage du pagne en Côte d’Ivoire (n  01949) pour inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité :

En Côte d’Ivoire, le savoir-faire traditionnel du tissage des pagnes se caractérise par des techniques de tissage et des matières premières spécifiques. Les pagnes tissés par les communautés gouro, baoulé, malinké, sénoufo, koulango, nafana et abron sont confectionnés à partir de fils de coton teintés de différentes couleurs. Ils sont tissés en bandes étroites sur un métier manuel conçu par le tisserand, lesquelles bandes sont ensuite assemblées les unes aux autres pour former un pagne avec différents motifs. Propres à chaque groupe ethnolinguistique, les savoir-faire traditionnels reflètent le contexte socioculturel de chaque communauté. Par exemple, dans les communautés dida, les pagnes sont confectionnés avec des fibres de raphia attachées à un piquet de bois et tissées par croisées à l’aide d’une cuillère. Le pagne obtenu est généralement de couleur beige, mais peut être teinté avec d’autres couleurs : noir, indigo, rouge et jaune. Dans les communautés sénoufo, les femmes tissent le coton écru à la main et les hommes décorent la toile à l’aide de spatules de bois et de peintures naturelles. Les motifs sont inspirés des rituels et des cérémonies religieuses et représentent des éléments de la cosmologie sénoufo et des animaux symboliques, notamment le calao, la panthère et la tortue. Ces tissus sont des symboles culturels généralement utilisés lors de cérémonies traditionnelles : mariages, réjouissances et funérailles.

  1. Considère que, d’après les informations contenues dans le dossier, la candidature satisfait aux critères suivants pour une inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité :

R.1 :  Les détenteurs sont des fabricants de métiers à tisser, des cardeurs, des fileurs, des teinturiers, des tisserands, des brodeurs et des couturiers de tous les genres. Ils sont tous très dépendants les uns des autres et les praticiens forment souvent des entreprises artisanales familiales. La pratique est transmise de manière informelle au sein des familles et des communautés, ainsi que par l’intermédiaire du Musée national du costume de Grand-Bassam et des établissements d’enseignement supérieur et professionnel. Les instituts de recherche universitaires et le Ministère de la Culture participent à la transmission par le biais d’activités scientifiques et de festivals culturels. Les tissus reflètent les réalités socio-culturelles et les identités des communautés des porteurs. Cet élément est compatible avec les principes du développement durable car il favorise l’utilisation de matériaux naturels et constitue une source de revenu importante pour ses praticiens.

R.2 :  À l’échelle locale, l’inscription permettrait d’attirer l’attention du grand public sur l’existence et l’importance de cet artisanat traditionnel. Cela améliorerait également la perception des détenteurs et des praticiens au sein de la communauté. L’inscription permettrait de sensibiliser les communautés concernées et le grand public à l’importance du patrimoine culturel immatériel de la Côte d’Ivoire. Au niveau international, elle permettrait de jeter des ponts culturels au-delà des frontières géographiques et linguistiques, tout en renforçant la coopération culturelle internationale. L’inscription permettrait d’accroître le dialogue et le partage d’expertise entre les différentes communautés, les professionnels du patrimoine et les universitaires pour mener des recherches approfondies et des efforts de sauvegarde et de transmission. Elle favoriserait la créativité au sein des communautés de porteurs et inspirerait les designers, les stylistes et les modélistes.

R.3 :  Les mesures de sauvegarde passées et actuelles des communautés comprennent la mise en valeur de l’élément lors de festivals et d’événements régionaux, nationaux et internationaux, la création de centres d’artisanat spécialisés, l’échange d’expériences et de compétences et la plantation de champs de coton. L’État partie y contribue par des actions réglementaires, institutionnelles et de développement. Les mesures de sauvegarde proposées portent sur la transmission, la recherche et la documentation, l’éducation, la publicité, la promotion, la protection et le suivi de l’inscription de l’élément. L’État partie coordonnera et financera en grande partie les mesures de sauvegarde et les mettra en œuvre en collaboration avec toutes les parties prenantes. La communauté a participé activement à l’élaboration des mesures, qui incluent ses recommandations. Les communautés et groupes concernés seront également impliqués dans la mise en œuvre des mesures par le biais des chefferies, des organisations des communautés et villageoises et des coopératives artisanales.

R.4 :  Des missions d’information et de sensibilisation ont été menées en 2019 et 2020 par l’Office ivoirien du patrimoine culturel, en collaboration avec les Directions régionales de la culture. Les données ont été collectées auprès des praticiens afin de préparer le dossier de candidature. Elles comprenaient des informations sur les modes de pratique et de transmission, les significations, les fonctions, les menaces et les mesures de sauvegarde proposées. Un atelier national de deux jours a été organisé, réunissant les parties prenantes concernées pour approuver le dossier final de candidature. Les lettres de consentement des membres de la communauté, dûment signées, ont été jointes à la candidature. Aucune pratique coutumière n’empêche l’accès à l’élément, mais certains vêtements fabriqués à partir du textile tissé sont réservés à des personnes appartenant à des classes spécifiques.

R.5 :  La Direction du patrimoine culturel et l’Office ivoirien du patrimoine culturel sont chargés de l’inventaire de la liste d’inventaire du patrimoine culturel national, qui inclut le savoir-faire traditionnel du tissage de pagnes en Côte d’Ivoire depuis 2022. Les praticiens, les détenteurs et les communautés ont été impliqués dans le processus d’inventaire depuis 2016, dirigé par un Comité national de coordination. L’inventaire est mis à jour chaque année. De nouveaux éléments sont ajoutés et les données sont mises à jour à la demande des communautés auprès des Directions régionales de la culture.

  1. Décide d’inscrire les savoir-faire traditionnels liés au tissage du pagne en Côte d’Ivoire sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité ;
  2. Encourage l’État partie, lorsqu’il soumettra des dossiers de candidature à l’avenir, à éviter les lettres de consentement standardisées et à s’assurer que le consentement est donné non seulement pour les mesures de sauvegarde, mais aussi pour l’ensemble de la candidature ;
  3. Félicite l’État partie pour un dossier qui peut servir d’exemple d’activité traditionnelle largement pratiquée et compatible avec les principes du développement durable.

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