Décision du Comité intergouvernemental : 18.COM 8.b.2

Le Comité

  1. Prend note que le Nigeria a proposé la candidature du festival de Sango, Oyo, (n  01974) en vue de son inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité :

Au Nigeria, le festival Sango d’Oyo, marque chaque année le début de la nouvelle année traditionnelle Yoruba, en août. Il s’agit d’un culte ancestral qui se déroule à Sango, au Nigeria, près de l’ancien temple Koso. Ce festival de dix jours est fortement lié aux institutions sociales, religieuses, culturelles et politiques de l’État d’Oyo. Il est organisé en commémoration de Tella-Oko, le troisième alaafin (roi) de l’empire d’Oyo. Il serait l’incarnation du mythique Sango, la divinité yoruba du tonnerre et de la foudre. Au début du festival, la veille du Nouvel An yoruba en août, les adeptes de Sango partagent et mangent des ignames nouvelles grillées et de l’huile de palme. Les personnes de tous les genres tressent leurs cheveux et s’habillent en rouge, portant des perles blanches et rouges autour du cou et des poignets. Le festival comprend différents rites et des chants, des contes, des tambours et des danses. Les enfants acquièrent les connaissances et les compétences correspondantes en observant et en imitant les aînés et en assistant au culte du samedi dans les temples dédiés à Sango. L’artisanat et les rites magiques associés au festival de Sango sont toutefois transmis par apprentissage. Le festival unit la communauté d’Oyo, qui voit dans cette pratique l’expression d’une identité partagée et d’une cohésion sociale, ainsi qu’un moyen de renouer avec leur ancêtre, Sango.

  1. Considère que, d’après les informations contenues dans le dossier, la candidature satisfait aux critères suivants pour une inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité :

R.1 :  Le festival Sango d’Oyo est vécu et célébré par le peuple Yoruba. Il s’agit d’une célébration de dix jours qui marque le début de la nouvelle année traditionnelle yoruba. Elle comprend le culte des ancêtres, en commémoration de Tella-Oko, ainsi qu’une série de rites, de danses, de chants, de rythmes au tambour et de démonstrations magiques. Le festival est lié aux institutions sociales, religieuses, culturelles et politiques. Il est également apprécié pour sa capacité à endiguer la criminalité et à promouvoir la justice. Bien que le festival concerne l’ensemble de la communauté yoruba, certains praticiens jouent des rôles spécifiques (roi et reine, chefs religieux, fidèles et joueurs de tambour). Les jeunes acquièrent des compétences pour pratiquer la divination, interpréter les chants religieux, les chants traditionnels, les contes et les danses auprès des anciens, par transmission informelle et en participant aux événements. Le festival joue un rôle unificateur dans la communauté d’Oyo ; il est considéré comme un moyen d’exprimer la convivialité et comme une occasion de développer l’interaction socioculturelle et de se reconnecter spirituellement avec les ancêtres.

R.2 :  L’inscription de l’élément encouragerait et soutiendrait la communauté locale dans la mise en œuvre d’initiatives de sauvegarde de son patrimoine immatériel. Il encouragerait les synergies et les partenariats entre les individus, les groupes et les communautés qui travaillent à la sauvegarde et à la promotion de l’élément au niveau national. Il offrirait également la possibilité d’une participation internationale au festival. Le dossier de candidature met en valeur les expressions artistiques, les danses, la musique, les costumes, les chants et les louanges caractéristiques du festival, illustrant son dynamisme et sa diversité culturelle en constante évolution.

R.3 :  Les mesures de sauvegarde passées et actuelles portent sur la transmission, l’éducation, l’identification, la recherche et la documentation (par le biais d’inventaires basées sur les communautés), la préservation et la protection (y compris des sanctuaires et des temples), la promotion et la mise en valeur. L’État s’engage à poursuivre son soutien financier, politique et administratif en faveur de cet élément. Les mesures de sauvegarde proposées concernent la commercialisation excessive, la décontextualisation et la surexploitation. Elles comprennent la recherche et l’identification des ressources culturelles liées au festival, le renforcement des capacités pour transmettre les compétences nécessaires, la préservation et la documentation des objets et des sites concernés, la recherche scientifique et les échanges universitaires, la collaboration et la protection, la planification et l’évaluation des mesures de sauvegarde, ainsi que les activités de diffusion et de promotion (par le biais de bases de données et d’un site Internet, par exemple). La participation de la communauté à la planification et à la mise en œuvre des mesures de sauvegarde a commencé par l’atelier d’inventaire élaboré avec la participation de la communauté et a été suivie de travaux sur le terrain, d’ateliers et de plus de quinze réunions.

R.4 :  Le dossier établit la participation de la communauté au processus de candidature et explique comment la structure de consentement a été maintenue au sein de la communauté. Pour ce faire, il fallait s’adresser à l’alaafin d’Oyo, en sa qualité de première figure d’autorité, puis aux fidèles de Sango. Les lettres de consentement libre, préalable et éclairé se rapportent directement à la candidature et tiennent compte des différents acteurs de l’élément. Le dossier démontre également que le respect des pratiques coutumières régissant l’accès à des espaces particuliers associés à l’élément sera maintenu. Certains aspects du festival, notamment en ce qui concerne deux sanctuaires, doivent rester secrets et accessibles aux initiés uniquement. Le public continuera à être éduqué et informé de la nécessité de respecter ces pratiques coutumières.

R.5 :  L’élément est répertorié dans « l’Inventaire des ressources culturelles du Nigeria » depuis 2017. L’inventaire est tenu à jour par le département des relations culturelles internationales du Ministère fédéral de l’information et de la culture de la République fédérale du Nigeria. Depuis 2016, l’élément fait également partie de « l’Inventaire du patrimoine culturel immatériel d’Oyo », qui est tenu par le département de la culture de l’administration de l’alaafin d’Oyo. Les membres de la communauté ont participé aux activités d’inventaire. L’inventaire des ressources culturelles du Nigeria est mis à jour et révisé tous les trimestres après tout engagement culturel au sein des communautés.

  1. Décide d’inscrire le festival de Sango, Oyo sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité ;
  2. Félicite l’État partie d’avoir joué un rôle positif dans la mise en relation de l’élément avec les institutions sociales, culturelles et religieuses du pays ;
  3. Félicite en outre l’État partie pour la soumission d’un dossier amélioré suite à la décision du Comité de renvoyer le dossier en 2021.

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